18-09-2014 13:33 - B’il a dit… : Les rires de la lutte contre la gabegie…

B’il a dit… : Les rires de la lutte contre la gabegie…

RMI Biladi - B’il a dit et redit des tas de choses. B’il dira et redira des tas d’autres choses. Le gouvernement vient de faire sa rentrée avec un projet de décret portant création du comité de suivi de la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Lutte contre la Corruption.

La lutte contre la corruption et la gabegie est un thème cher à Mohamed Ould Abdel Aziz. Cher, aussi, à certains de ses collaborateurs. Depuis son arrivée au pouvoir, il n’a cessé de remuer cette question de long en large.

Il l’a tournée, retournée, détournée dans tous les sens. Une inspection générale s’y emploie. Une cour des comptes s’en chargeait déjà. Des inspections départementales, au niveau de chaque entité ministérielle suit la question et veille normalement sur chaque dépense.

Et, aujourd’hui, là voilà, une nouvelle structure inscrite dans un cadre stratégique. Six ans de lutte contre la gabegie. Pour arriver à quoi ? Pour avoir quel bilan ? Un milliard et poussière remboursé au trésor public. Des hommes derrière les grilles de la police économique. Et le président n’est toujours pas satisfait.

Il ne manque pas, à plus d’un rendez-vous ministériel, d’accuser quelques commis de l’Etat de leur attachement obsessionnel à la gabegie. Il y a six ans, cela faisait peur aux ministres. Il y a six ans cela faisait joie au sein d’une bonne partie de l’opinion. Aujourd’hui, elle ne fait ni peur aux ministres, ni joie au sein d’une quelconque opinion.

C’est un peu comme faisaient dire Les guignols de l’Info de la chaîne française Canal + , attribuant à François Mitterrand une réplique à Jacques Chirac, l’interrogeant sur l’époque de la cohabitation : Franchement, disait Chirac, je n’étais pas un bon premier ministre ?

Et Mitterrand de répondre dans son sens de rhétorique légendaire : ‘’ Tu n’étais ni bon, ni mauvais, tu étais ridicule.’’ Ridicule c’est le mot que se partage, ici, tout le monde ou presque, en Mauritanie, à propos de la politique de la lutte contre la gabegie engagée, dit-on, par Mohamed Ould Abdel Aziz.
Il y a bien sûr ceux qui ne la trouvent pas ridicule, du tout. Il y a six à sept bonshommes publics, para-public et parents tout court du premier citoyen du pays. Ridicule, ce n’est pas le mot, pour ceux-là. Ils la trouvent risible. Tout simplement. Qu’importe, qu’elle fasse peur ou joie, ou rien du tout.

Les bonshommes en rient chaque jour, chaque instant, à toutes les heures de la journée et de la soirée. Partout et ailleurs. En brousse, très loin dans l’Inchiri, les rires commencent dès l’aube et continuent jusqu’ l’avènement de Morphée.

Le premier lutteur de la République contre la gabegie ouvre le bal du rire et on nourrit le spectacle, instant après instant, de toutes les anecdotes de la belle blague qu’on appelle lutte contre la gabegie. Les Casinos de Marrakech et de Las-Palmas rivalisent en témoin de ces histoires de rires sur la lutte contre la gabegie déclarée dans une République qui porte le nom de Mauritanie.

Les rires suivent un peu les traces de ces quelques bonshommes. Dans tous les secteurs. Les secteurs, qui font brasser l’argent. On se répartit les rôles pour rire. A chacun son secteur. C’est cela la vraie Mauritanie. Celle qui compte pour Ould Abdel Aziz.

Celle qui détient les vrais comptes de la boutique. On veille aux grains. Il y a un monsieur Mines. Un monsieur Pétrole. Un monsieur Pêche. Un monsieur Transport. Un monsieur foncier. Autant de secteur rentable, autant de monsieur para-parent-public. Et les rires se font tout aussi foncièrement fonciers, qu’ils se font bonne et mauvaise mine, toute minière.

Et dans toutes les couleurs du rire jaune au rire bleu pétrole. Riant de leurs rires transportés par les vagues de l’euphorie de la marée haute et basse, pêchant dans les eaux troubles et sereines. Et autant d’autres rires sectoriels. Autant de rentes apparentes, et parentes. Les salons nouckhottois jasent.

On ne sait pas pourquoi ? Et pourquoi, maintenant ? Ceux qui juraient de la sincérité d’Ould Abdel Aziz dans sa lutte déclarée contre la gabegie, ne jurent même plus aujourd’hui du contraire aujourd’hui. Puisque le contraire de la chose voudrait bien dire un laisser-aller. Et ce n’est pas le cas.

Il n’y a pas de laisser-aller dans la gestion publique. Les budgets du fonctionnement sont minorés au misérabilisme. Le peu qu’il en reste est observé à la loupe présidentielle à travers le système Rachad. Il y a juste un laissez-passer. Nos bonshommes rieurs et riants. Les mots que se répètent les nouakchottois aujourd’hui sont très forts. Très graves. ‘’ Il y a quatre ans, j’y croyais.

Aujourd’hui, je sais que Mohamed Ould Abdel Aziz ne s’intéresse qu’à amasser et piller le pays’’
, murmure cet inconditionné, jadis, bien sûr, de la rectification. On sort de la réserve quelquefois, ce sont des proches, des ministres même, qui commencent à faire des révélations par-ci et par-là. ‘’ Trop, c’est trop ! lance un haut fonctionnaire. La dernière sortie d’Ely Ould Mohamed Vall a un peu donné du courage à la perplexité de certains.

Elle a même donné des mots. Un aphorisme maure revenu sur la langue de l’ancien patron de la première transition se passe de bouche à oreille : ‘’ Un voleur téméraire.’’
La témérité, ici, est toute relative, tout de même, puisqu’on détient les rênes de la justice et de tout un pays. C’est vrai, qu’il y a l’aspect morale, la bienséance de la chose, quand on s’évertue, par exemple, à donner des leçons dont a le plus besoin. Mais, la morale, c’est une autre affaire.

B‘...



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