21-09-2014 19:45 - Toile de fond. Chronique. : De l’autorité du chef.

Toile de fond. Chronique. : De l’autorité du chef.

« Nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le chemin de la nuit ». Khalil Gibran. Le énième gouvernement que le Président Mohamed Ould Abdel Aziz vient de mettre en place représente un véritable tournant. Au-delà du nombre, et d’un quota fort représentatif à la gente féminine, cet attelage est révélateur d’une déliquescence de l’autorité du chef face à des mauritaniens plus préoccupés par leur quotidien difficile et leur avenir incertain.

Si une certaine récurrence s’observe dans la défiance de l’autorité et de la parole du chef de l’Etat par certains de ces anciens collaborateurs (ou devanciers à l’image du cousin « ennemi » Ely), elles s’inscrivent dans le désordre « normalisé » des maux politiques de majorité actuelle avec des manifestations antirépublicaines orchestrées par des dirigeants en disgrâce ayant perdu leurs portefeuilles, comme l’a si bien analysé Ibrahima Moctar Sarr, le leader de L’AJD/MR, dans un site de la place.

Avec l’attelage du cabinet du tout nouveau venu P.M, on a pu noter des attitudes frisant l’insurrection rien que pour exiger du président qu’il le retaille, les a-t-il écouté ?

Les soucis du chef sont ailleurs, le pays est au bord du précipice avec une mutation des mœurs qui tisse sa toile d’araignée partout et sa manière de faire à elle seule traduit les difficultés et l’emprise dans lesquelles se débat le chef qui a eu à encourager un clientélisme de très mauvais aloi par des nominations qui visiblement le font céder à tous les chantages et pressions exercés sur lui.

Sa posture de chef de la nation qui entame un deuxième mandat gagné haut la main en fait-elle un maillon faible devant la conjoncture populaire actuelle ? Si c’est le cas, cela est dangereux car de ce manque de poigne, à celui de la banalisation, viendra forcément celle de la contestation de l’autorité de l’Etat.

En y ajoutant un contexte des plus ténébreux, cette faiblesse de l’autorité du chef est une boite de pandore. Et c’est tout le contraire du résultat escompté qui pourrait sortir des alchimies concoctées par le pouvoir. En cédant trop régulièrement à des cadors politiques, le pouvoir indique la voie à tous les corps sociaux.

Une société qui commence à comprendre que la sieste est finie et que ce n’est que par la contestation, la surenchère et les menaces qu’elle va obtenir satisfaction.

Cela fini toujours par conduire à des accidents politiques impromptus et majeurs à la dimension de la rancœur longtemps gardée. Le feu couve sous la cendre et c’est visible face au long règne sans partage d’une élite sur les autres, de jeunes loups aux dents longues font sortir leurs crocs et s’affrontent pour se faire entendre.

C’est l’ère de la surenchère et de la contestation sur tous les maux du pays, un pouvoir surtout vernaculaire n’y survit jamais. Un compte à rebours commence toujours ainsi.

C’est à Aziz de saisir la balle au bond, face à son staff incapable de trouver les réponses aux préoccupations des populations mauritaniennes, en appelant tout le monde à la table de négociation pour des assises nationales « vérité et réconciliation » comme l’a fait Nelson Mandela avec les onze ethnies de son pays l’Afrique du Sud.

Il entrera à jamais dans l’histoire s’il faisait de cette action d’envergure, un des jalons de son agenda politique de combat pour une Mauritanie en plein désarrois qui est à la hauteur de la gravité de la situation et de la profondeur de la crise sociale dans laquelle elle est plongée. Son autorité de chef lui confère cet arbitrage pour une sortie futur par la grande porte.

ADN

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