20-10-2014 17:33 - Lutte contre la gabegie : L’arme de décaissement massif

Lutte contre la gabegie : L’arme de décaissement massif

L'Authentique - L’impression des observateurs, tels qu’exprimés ces deniers temps, est que la lutte contre la gabegie si fortement galvanisée par le régime actuel depuis son arrivée au pouvoir en 2009, ressemble fort bien à un appel à l’orgie financière, dont seule une classe de privilégiés aurait cependant droit.

La sape à ciel ouvert toucherait ainsi tous les secteurs, poussant certains cercles non conviés au festin à se faire piéger, puis présentés comme boucs- émissaires d’une lutte dont ils seraient des cobayes désignés.

La Passionaria du RFD (Rassemblement des forces démocratiques), principal parti de l’opposition, Mouna Mint Deye, vient de déclarer dans sa page Facebook que « le règne du régime actuel est dominé par la corruption et le vol de l’argent public », précisant que c’est cette nature du régime et son comportement qui ont conduit le pays dans la situation actuelle de faillite, largement traduite dans les faits par la déliquescence de l’appareil d’Etat.

Et de considérer que toute sanction infligée aujourd’hui à un responsable public au nom de la lutte contre la gabegie n’est en réalité qu’un sordide règlement de compte. Et de se demander si « dans ce vaste pays, quelqu’un serait plus corrompu que le Grand Patron, aurait transféré plus d’argent, gaspillé autant que lui les ressources nationales ? »

Et de poursuivre ses interrogations en se demandant si « le peuple mauritanien a autant souffert de la faim comme aujourd’hui sous ce régime, si la situation sociale a jamais connu une si grande dégradation, si une telle discrimination dans le droit de bouffer l’argent public a existé autant qu’il l’est actuellement, et finalement si un tel désinvolture à s’ériger en héritier d’un Etat non légué par ses ascendants s’est affirmée avec autant de méprise dans l’histoire du pays ? ».

Gabegie dans le secteur des pêches

La dénonciation de Mouna Mint Deye, face à ce qu’elle considère être le règne absolu de la gabegie en Mauritanie reprenait en écho la déclaration publiée par son parti, le RFD, sur la détérioration du secteur de la pêche, « cordon ombilical de l’économie nationale et pourvoyeur de milliers d’emplois » selon la note. Selon le RFD, la crise qui secoue le secteur halieutique s’accentue et s’aggrave chaque jour davantage, notamment depuis l’arrivée du pouvoir actuel.

Sont cités pêle-mêle, le déficit des captures, le manque de performance, la mévente des produits faute de preneurs. Une situation qui, selon le communiqué, à plongé la ville de Nouadhibou, capitale économique de la Mauritanie dans un marasme économique sans précédent. Les recettes annuelles de la SMCP (Société mauritanienne de commercialisation du poisson) qui détient le monopole de la vente des produits pêchés en Mauritanie, sont prises comme référence par le RFD pour illustrer son constat.

Le communiqué publié à cet effet de souligner que le chiffre d’affaires de la SMCP est passé de 345 Millions de dollars U.S en 2012 à 247 Millions de dollars U.S au 31 décembre 2013, soit une baisse brutale de 28,5%. « Pourtant, précise la note, les quantités, toutes espèces confondues, ont progressé de 20% par rapport à 2012, dopées essentiellement par la pêche d’une espèce méconnue, dénommée « Sabre », exportés exclusivement vers le marché chinois ».

Est accusée la société chinoise Poly-Hongdong qui, selon le communiqué « jouit de toutes les facilités et des passe-droits gracieusement accordés par le régime ». Elle exercerait ainsi « une concurrence déloyale sur la plage de Nouadhibou en abusant de sa position privilégiée pour s’accaparer des meilleurs produits à des prix hors portée des opérateurs nationaux qui doivent s’acquitter des taxes et redevances de 7% en vigueur ».

Pour le RFD, il s’agit d’une véritable dérive sur laquelle il a interpellé les autorités, mais que ces derniers font fi et continuent de protéger les intérêts chinois au détriment de leurs propres opérateurs économiques. Aujourd’hui, selon le principal parti de l’opposition, la société Poly-Hongdong n’a exécuté le moindre de ses engagements contenus dans la convention de 25 ans qui la lie à la Mauritanie, ni usine de transformation, ni chantier de construction de pirogues, ni recrutement des 2.300 travailleurs prévus.

Pire, le gouvernement aurait abrogé le Code de la pêche pour le tailler à la mesure de la société chinoise et permettre à ses bateaux d’accéder à la zone réservée aux artisanaux. Pour enfoncer le clou, 5 licences supplémentaires auraient été accordées à la société chinoise pour la pêche de fonds, alors que selon le RFD, « ces précieux documents ne doivent être délivrés qu’après l’exécution complète du projet ».

Et de se demander ce qui se cache réellement derrière cette sombre connivence avec Poly-Hongdong et que gagnerait un gouvernement sensé lutter contre la gabegie et qui offre des cadeaux à une société étrangère dont les activités n’ont aucune retombée sur la vie des populations.

Les observateurs de se demander ainsi les raisons obscures qui se cacheraient derrière le laxisme de l’Etat mauritanien vis-à-vis des Chinois et son exigence de rigueur avec les Européens. Et de rappeler l’échec récent des pourparlers de Bruxelles entre la Mauritanie et l’Union européenne pour le renouvellement des accords de pêche.

Les Européens soumis à des batteries de restriction par la Mauritanie pour l’accès à ses ressources, auraient entre autres dénoncé les redevances importantes réclamées par la partie mauritanienne, mais surtout, ils ont exigé le rapport synthétique de mise en œuvre de l’appui sectoriel, ce fameux fonds d’appui au développement de la pêche en Mauritanie, que les autorités locales voudraient gérer dans l’opacité sans droit de regard extérieur.

La diplomatie gangrénée

Jusque-là épargnée par les scandales financiers, la diplomatie mauritanienne est aujourd’hui dans l’œil du cyclone avec la destitution de l’ambassadeur de la Mauritanie aux Emirats Arabes Unis, qui a été sommé de rentrer dans les 48 heures. Cette mesure disciplinaire forte ferait suite au rapport de l’IGE (Inspection générale d’Etat) qui aurait relevé plusieurs malversations financières dans les comptes de l’ambassade.

Le comptable a été relevé de ses fonctions et ce serait à partir de ses aveux, que l’ambassadeur aurait été emporté. Avant lui, l’ambassadeur de la Mauritanie en Italie a été frappé de la même mesure de destitution, tout comme l’ambassadeur à Genève. Il serait question ces jours-ci d’une décision similaire qui pourrait emporter l’ambassadeur de la Mauritanie à Doha, au Qatar.

Toutes ces mesures fortes qui ont emporté autant de diplomates mauritaniens à l’étranger seraient survenus suite à des Rapports établis par l’IGE auprès de ces chancelleries. Ce qui pourrait ainsi conforter les partisans du pouvoir dans la détermination du régime actuel à poursuivre sa lutte contre la gabegie, contrairement aux arguments de ceux qui l’accusent d’utiliser cette arme comme slogan populiste.

Projet de l’aéroport international ou le contrexemple

Cependant, les observateurs estiment que chaque fois que des sanctions exemplaires sont prises contre certains fonctionnaires dans le cadre de la lutte contre la gabegie, le laxisme des pouvoirs publics dans d’autres forfaitures vient secouer les convictions.

Ce serait le cas du projet de construction du futur aéroport international de Nouakchott. Certains accusent ainsi l’opérateur chargé de la construction de dol fiscal. Il profiterait de l’exonération douanière sur l’importation des matériaux destinés à l’aéroport, pour faire passer d’autres matériels destinés à ses propres sociétés, tels que le ciment. Ce serait la bagatelle de 15 Milliards d’UM que la Douane perdrait ainsi.

Aujourd’hui, la concurrence qui se fait déloyalement coiffée au poteau par une mégapole présente dans plusieurs secteurs de l’économie, demande une enquête approfondie sur les commandes opérées par l’opérateur afin de dissocier les commandes destinées au Projet de l’aéroport et celles qui ont atterri dans ses autres sociétés.

JOB



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