Mauriweb - La Baie de l’Etoile à Nouadhibou était encore, le 29 octobre 2014, au centre d’un atelier à l’Institut Mauritanien des Recherches océanographiques et des pêches. Une occasion pour faire le point de quatre ans de concertation autour de ses enjeux socio-économiques et environnementaux. Le point d’orgue entre les différents acteurs : perpétuer les efforts de sauvegarde de la Baie de toute agression.

Le statut et l’avenir de la Baie de l’Etoile (BE) traversent une étape cruciale avec le transfert de responsabilité de gestion de cet espace vital pour la ville de Nouadhibou à l’Autorité de la Zone franche qui a hérité des prérogatives des administrations jusqu’ici concernées par le suivi et l’aménagement de la BE (ministères de l’Environnement et celui des pêches).

Et en raison de sa vulnérabilité, l’équilibre biologique de la Baie de l’Etoile tient presque à un cheveu. Raison pour laquelle les pouvoirs publics avaient mis sur place une commission d’orientation et de suivi de la directive d’aménagement du littoral (Cosdal) en 2010.

Cosdal : mission accomplie

La mise en place de la Cosdal en 2010 consistait à «encadrer, faciliter, orienter et suivre le processus de gestion» de la BE. Une mission à laquelle la Cosdal, regroupant une vingtaine de membre de divers horizons (administration, scientifiques, société civile et élus), s’est attelée depuis quatre ans maintenant.

Le constat dégagé est que le travail effectué par la Cosdal, jusqu’ici placée sous l’autorité du wali de la région, suscite un engouement parmi tous ses acteurs. Une concertation accompagnée d’ailleurs depuis son amorce en 2010 par plusieurs bailleurs de fonds dont notamment la Mava, l’Uicn ou encore la Fiba en vue de réduire les risques des pressions multiformes sur la BE.

C’est donc à cet effet que les différents acteurs, Administration, Recherche scientifique, société civile et parlementaires se sont retrouvés mercredi dans les locaux de l’Institut Mauritanien des Recherches Océanographiques et Pêches.

Objectif faire le point de quatre ans d’efforts en termes de collectes d’informations, de campagne de sensibilisation et d’intégration à l’éducation environnementale de la nécessité de préserver la Baie de l’Etoile dont le plan d’aménagement et de gestion comme une aire marine protégée à usages multiples est encore en cours de validité.

Plusieurs communications ont été faites lors de cet atelier marqué par une convergence de vue des acteurs sur l’importance de la BE et de sa protection. Or, sur les quatre ans écoulés, le constat donné lors d’une réunion de la Cosdal en prélude audit atelier que la pression humaine a été considérablement réduite.

A ce stade, il faut rendre à l’Administration notamment au wali hommage pour avoir su, tout au moins, maintenir le statu quo en s’opposant à de nouvelles constructions et même à des réhabilitations des cabanons de plaisance sur cet espace sensible. L’objectif initial était pour la Cosdal depuis 2010 d’aider à concilier les usages (préservation, éco-tourisme et productivité économique) du site de la BE.

Le succès d’une approche participative

L’appropriation par tous les acteurs des enjeux socio-économiques et environnementaux de la BE et la concertation soutenue à travers la participation et le partage d’informations sur la BE sont probablement parmi les raisons du succès de la préservation des équilibres fragiles de la BE.

Le travail des hercheurs scientifiques doublé de la force coercitive de l’Administration et la contribution par la sensibilisation par les Organisations Non Gouvernementales ont très certainement influé sur la tendance à la préservation du site de la BE.

Les avis scientifiques ont notamment éclairé sur les actions en perspective pour le maintien en équilibre de cette zone d’une biodiversité remarquable. Sur la BE transitent ou vivent , en effet, 58 espèces de poissons, 75 espèces de benthos; 40 espèces d’oiseaux d’eau.

Sur les avantages éco-biologiques de la BE les avis sont scientifiques sont aujourd’hui tranchés. Si la BE parait « relativement épargnée de dégradations importantes » selon les études de l’Institut mauritanien des recherches océanographiques et des pêches (Imrop), celui-ci craint en revanche le développement « rapide des activités dans et à proximité » de la BE ainsi que les fortes pressions relatives « aux activités de la pêche, du tourisme et de l’urbanisation sans oublier l’élevage de bivalves et des dromadaires ».

L’Imrop estime qu’il urge aujourd’hui de prendre des décisions (zonage et statut de la BE). Pour lui, les risques principaux de pollution sont liés à « l’ extension urbaine, développements éventuels à l’ouest et au nord de la baie, et une possible connectivité avec la sebkha Bountiya au sud modifiant profondément l’hydrologie de la baie notamment par une fermeture de son embouchure ».
A ce propos, on note également la mouvance des sables charriés par les vents qui se déposent dans cette embouchure. Ce défi naturel concerne le rétrécissement annuel de l’embouchure de la lagune de 5 mètres par an. Mais il y a aussi les menaces sur la rivière à spartines (herbiers marins).

Si aujourd’hui, tous les acteurs militent pour l’avènement d’un statut privilégié à la BE en cours d’adoption, ils restent tout de même vigilants quant à la forte pression sur la rivière à spartines. Ces dernières occupent près de trois quarts de la superficie de la « rivière » et environ un quart de celle de la Baie elle-même et jouent évidemment un rôle important dans la vie et la richesse de la BE.

L’appropriation par tous les acteurs des défis de sauvegarde de la BE reste donc un atout important pour son avenir. Seulement, si la Cosdal va probablement se muer en structure dont l’avis est consultatif eu égard au rôle de gestion attendu de la Zone franche de Nouadhibou (ZFN), qui a officiellement pris le témoin des autorités locales, il faut espérer que la ZFN continue sur la lancée de mobilisation autour des enjeux du site.

JD

Nettoyage de la Baie...une action citoyenne!

L’une des fortes pression sur la BE est matérialisée par l’extension urbaine à ses alentours. Tous les déchets insolubles transportés par les vents défigurent la BE. Malgré les enseignes visibles sur les principales entrées de la BE, le constat est amer. Des déchets domestiques et plastiques non biodégradables envahissent la Baie sur plusieurs fronts.

C’est donc forts de ce constat que les participants à l’atelier ont décidé dans l’après-midi de la rencontre Bilan sur la BE de retrousser leurs manches et contribuer à la collecte ponctuelle de ces déchets dans une action citoyenne.