30-12-2014 09:54 - La réelection du président Ould Abdel Aziz, évènement de 2014 en Mauritanie

APA - L’année 2014 en Mauritanie a été particulièrement marquée par l’organisation de l’élection présidentielle qui a vu la reconduction de Mohamed Ould Abdel Aziz pour un second mandat de 5 ans.Le président sortant a raflé 81,89% des voix au premier tour du scrutin qui a eu lieu le 21 juin devant quatre autres candidats.
Il s’agit de Boidiel Ould Houmeid et Ibrahima Moctar Sarr, présidents de deux petits partis politiques, en plus de deux indépendants : le leader antiesclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid et l’ancienne commise de l’administration Lalla Mariem Mint Moulaye Idriss.
Ces candidats malheureux ont respectivement obtenu les scores de 4,50%, 4,44%, 8,67% et 0,49%, un résultat qui fait nettement sortir du lot Ould Abeid, président de l’Initiative pour la résurgence de l’abolitionnisme (IRA).
Quant au taux de participation, il a été de 56,46%, chiffre jugé suffisamment élevé par le gouvernement pour défendre la crédibilité de l’élection, boycottée par la quasi-totalité de l’opposition.
En effet, le Forum national pour la démocratie et l’unité en Mauritanie (FNDU) qui regroupe une dizaine de partis politiques et nombre d’organisations de la société civile et de personnalités indépendantes avait fait savoir son boycott catégorique de cette échéance.
Pour lui, le processus électoral a été conduit de manière unilatérale depuis la préparation du fichier électoral jusqu’aux opérations de vote en passant par les modalités de dépà ´t des candidatures et les campagnes électorales.
Le FNDU compte notamment en son sein la Coordination de l’opposition démocratique (COD), une entité d’une dizaine de formations politiques dont le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) d’Ahmed Ould Daddah et les islamistes du parti Tawassoul.
La COD avait auparavant boycotté les élections législatives et municipales de novembre et décembre 2013 à l’exception des islamistes qui y avaient remporté la seconde place derrière le parti au pouvoir, l’Union pour la République (UPR).
Ce qui n’avait pas empêché une participation de plus de 75% au premier tour et 72% au second tour, selon les chiffres de la Commission électorale nationale et indépendante (CENI) qui a supervisé les deux processus électoraux.
Pour la présidentielle, Tawassoul est revenu dans son giron en suivant le mot d’ordre du boycott lancé par le FNDU.
Réagissant aux résultats proclamés, les candidats malheureux ne se sont pas fait prier pour critiquer le déroulement de l’opération, même si leur ton a été fortement disproportionné.
Ainsi, le directoire de campagne du chef de l’IRA a dénoncé « l’utilisation des moyens et symboles de l’Etat au profit du candidat Ould Abdel Aziz », « la complicité » de la CENI et la «manipulation du fichier électoral ».
De son cà ´té, Ould Houmeid a accusé le président sortant de contribuer à raviver le discours ethnique tout en le félicitant pour sa victoire.
Pour le FNDU, la présidentielle « n’a pas réglé la crise politique » alors que la Mauritanie «reste gouvernée par un régime totalitaire dont la nature n’a pas changé ».
Dans un communiqué commentant les résultats, le Forum a parlé d’un « putsch électoral apparent », d’un « bourrage des urnes » et d’un score « digne des régimes totalitaires ».
Et d’ajouter que le nouveau mandat de Ould Abdel Aziz « ne repose sur aucune base démocratique ni légale », considérant que « l’alternance pacifique au pouvoir par le biais des urnes » sous l’actuel régime « relève de la pure utopie ».
Même son de cloche si ce n’est plus virulent chez Ely Ould Mohamed Vall, ancien président de la transition de 2005 – 2007 en Mauritanie, pour qui cette élection présidentielle consacrera , «la poursuite de la rébellion militaire personnelle commencée en 2008 »ajoutant qu’il «ne reste plus de solution politique possible » dans le pays.
« Il ne reste comme solution que la confrontation avec le régime », a mis en garde Ould Mohamed Vall, par ailleurs membre du FNDU.
Quant au camp vainqueur, il a plutà ´t opté pour l’apaisement. En dépit de ce plébiscite, Ould Abdel Aziz «restera président de tous les Mauritaniens et garant de leurs droits, y compris l’égalité devant la loi et l’accès aux services de l’Etat », a déclaré le directeur de campagne Sidi Ould Salem dans une conférence de presse.