27-03-2015 07:00 - Ould Abdel Aziz à l’Est : Un voyage aux objectifs flous

Ould Abdel Aziz à l’Est : Un voyage aux objectifs flous

Le Calame - Le président Mohamed Ould Abdel Aziz effectue une visite de dix jours dans les wilayas des Hodhs oriental et occidental, du 16 au 26 Mars. Un marathon de près de trois mille kilomètres, à travers les capitales régionales, les chefs-lieux de moughataa et, même, quelques localités de niveau administratif inférieur mais de certaine importance, au plan « stratégique et économique ».

Ce voyage, qui renvoie au souvenir d’une tradition républicaine très prisée, sous le magistère de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, intervient, en 2015, dans un contexte politique particulier dont la toile de fond est offerte par les préparatifs, laborieux, d’un dialogue pouvoir/opposition, suite à un appel lancé, par le chef de l’Etat, dans la cité de Chinguetti le 4 Janvier dernier, à l’occasion de l’ouverture du cinquième Festival des villes anciennes.

Sur le plan économique, la visite du Président dans le Grand Est ponctue une période dominée par la longue grève de plusieurs milliers de travailleurs de la Société Nationale Minière (SNIM) dont l’Etat détient 70 % du capital.

La plus importante entreprise publique du pays, plongée dans une tourmente inextricable, du fait de l’imprévoyance de nos décideurs, lors des années de vaches grasses où le prix de la tonne du minerai de fer plafonnait.

Une situation également imputable à l’arrogance d’une direction qui, non seulement, bafoue ses engagements mais refuse, de surcroît, d’expliquer les raisons de sa volteface, en fermant la porte des négociations, selon les centrales syndicales soutenant l’action des mineurs de Zouérate, désormais renforcés par les convoyeurs de Nouadhibou.

Mais au-delà de cette donne conjoncturelle, l’ombre d’un élément structurel, avec la perspective d’une longue période de soudure imputable à un hivernage catastrophe, a aussi plané sur la visite. Pourtant, la réalité politique et économique ainsi exposée ne semble pas épuiser toutes les dimensions d’un voyage dont les objectifs restent encore « flous », dans la tête des observateurs et de nombreux mauritaniens.

La tribu en vedette

Le chef de l’Etat est arrivé, à Néma, le lundi 16 Mars, un peu après 10 heures. Il a été accueilli par toute la crème de la République, notamment plusieurs membres du gouvernement, les autorités régionales, les élus, le président de l’Union Pour la République (UPR, principal parti de la majorité) et une impressionnante brochette de membres de la classe politique qui avaient tous élu, temporairement, domicile dans la capitale du Hodh oriental pour exprimer leur « fidélité » au chef.

La soirée précédant l’arrivée du chef de l’Etat avait été marquée par une série de défilés à coloration tribale : interminables cortèges de véhicules, à pied et par tout autres moyens de locomotion. Forte mobilisation des tribus, les unes et les autres rivalisant d’ardeur, sur fond de cris de femmes, d’enfants et de communicateurs traditionnels. Illustration parfaite d’une société mauritanienne encore largement déterminée par la répartition et les clivages traditionnels.

Après le folklore nocturne, la première journée déroule ses séquences au pas de charge. Visite des chantiers de la route Néma/Bassiknou, pour constater l’état d’avancement des travaux ; détour sur les installations du projet d’approvisionnement en eau potable des villes de l’Est à partir de la nappe de Dhar ; visite du site, en cours de réalisation, du complexe de production de lait ; hôpital, Centre de Formation Professionnelle et lycée.

La journée inaugurale finit par une réunion avec les cadres. Rencontre au cours de laquelle le Président évoque, brièvement, sa volonté de dialoguer avec l’opposition… mais pour constater, aussitôt, que les « autres », à savoir le Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU) – un collectif composé de partis politiques, organisations de la société civile, centrales syndicales et personnalités indépendantes – reste encore embourbé dans des contradictions, obstacles à un consensus interne (son propre dialogue).

Autant dire que ceux qui attendaient un appel historique, à partir du Hodh Chargui, sont restés sur leur faim. Rien à se mettre sous la dent, à part les supplications de quelques troubadours invitant le Président à initier des réformes constitutionnelles promises, avec « approbation de 100 % ».

La suite suit la même veine, avec visite de projets de développement et infrastructures achevées, dans toutes les autres localités dont les noms s’alignent comme des grains de chapelet : Oualata, N’Beïkat Lahwach, Vassala, Bassiknou, Adel Begrou, Bousteilla, Djigueny, Timbedra, Aïoun El Atrouss (capitale du Hodh oriental). A l’Est rien de nouveau, donc… Alors, peut-être, à l’Ouest ?

AS



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Commentaires (1)

  • Gorkovitch (H) 27/03/2015 12:40 X

    Dix jours dans les Hodhs, pourquoi faire???? Sinon pour radicaliser les positions du MNLA et autres azawadiens face au gouvernement malien. Nous oublions souvent que les deux Hodhs et une partie de l'Assaba faisaient parties du Soudan français (actuel Mali). Ce n'est pas étonnant si notre pays est devenu le terreau du terrorisme dans la sous-région. Attendons-voir!