20-05-2015 09:12 - L’affaire du sénateur de R’Kiz
Abou Cissé -
Cette affaire relative à une agression dont fut victime le sénateur de R’Kiz (Région du Trarza) a connu un nouveau rebondissement le Mercredi 6 Mai dernier devant la Cour d’Appel de Nouakchott. En 2014, il avait fait la UNE de l’actualité nationale.
Trois jeunes soupçonnés d’être les auteurs de l’agression ont été écroués à la prison de Dar Naïm. Ils seront relâchés un mois plus tard en liberté provisoire. Mercredi 24 Mars 2015, ils ont été jugés en Appel.
Comme pièces à conviction, la police avait présenté trois bâtons, brandis comme pièces à convictions. Seulement, la plaidoirie des avocats, Me Moussa Diagana et Me Souleymane Sy allaient éclairer la cour sur l’affaire.
Me Diagana qui s’exprimait en français sera interrompu par le Président de la Cour qui lui demanda de parler en arabe. Il déclara ne pas maîtriser la langue. Remous dans le public et des voix s’élèvent: «On ne doit pas obliger un avocat ou une autre personne à parler dans une langue qu’il ne connaît pas. Nous sommes des Francophones et non des Arabophones», dit l’un des gens. La police intervient et le calmie revint.
Il fut autorisé à poursuivre son plaidoyer en Français tandis qu’un de ses confrères s’occupa de la traduction. Me Diagana demanda l’acquittement de ses clients, car selon lui, leur procès a connu beaucoup d’incohérences et d’affabulations sans aucune preuve de culpabilité.
Il demanda d’ailleurs à la Cour pourquoi le Sénateur n’a assisté à aucune étape de la procédure judiciaire et qu’il n’était même pas présent lors de l’audience devant la Cour Criminelle en Décembre 2014. Pourtant, dit l’avocat, le Sénateur en personne avait déclaré au Commissariat de Tevragh-Zeine 2 lors de la garde-à -vue des trois garçons lorsqu’il fut invité à l’identification, que ses agresseurs ne figuraient pas parmi les personnes qui lui ont été présentées.
Et les trois garçons étaient effectivement parmi ces personnes. Me Sy développa lui aussi un plaidoyer en français. Après le réquisitoire du Substitut du Procureur de la République et la plaidoirie des avocats, l’audience a été reportée au 6 Mai 2015. Dans le texte du verdict lu par le Président le jour-J, les trois jeunes ont été acquittés pour manque de preuve contre eux. Joie dans le public. La mère de Mohamed Lamine Dicko tombe, évanouie de joie. Les avocats félicitèrent l’impartialité de la Cour et virent dans ce verdict l’image rehaussée de la Justice de l’Empire Islamique des Sables (Mauritanie) et de l’Etat et surtout «le Président de l’Empire Islamique des Sables, le guide Mohamed Ould Abdel Aziz », selon Me Diagana.
Après les dernières formalités de sortie, Ahmed Lam, Mohamed Lamine Dicko et Ahmed N’gaïdé retrouvèrent la lumière de la liberté, accueillis aux portes de la prison de Dar Naïm par une foule de parents, d’amis et de sympathisants. Pour plus d’information sur cette histoire triste, cliquez sur cette page Cridem du 15 /12/ 2014, intitulée «Affaire du Sénateur de R’Kiz : Les condamnés se disent victimes d’une fausse inculpation».
Abou Cissé