04-11-2015 06:30 - L'éloignement du lycée d'Alnif cause l'abandon scolaire des filles

L'éloignement du lycée d'Alnif cause l'abandon scolaire des filles

DuneVoices - Dans les bourgades des banlieues d'Alnif, situé à environ 110 km de la ville de Tanghir, les parents sont obligés de faire quitter l'école à leurs filles, une fois que celles-ci ont réussi le passage du niveau préparatoire vers le niveau secondaire qualifiant.

La longue distance qui sépare leur lieu d'habitation du lycée Mohamed VI, unique établissement d’une région surpeuplée, le fait que les élèves filles n’aient pas droit à la bourse d'internat, ainsi que l'absence de transports scolaires sont autant de raisons qui font planer sur ces élèves le spectre de l'abandon scolaire.

Car il est à noter que de nombreuses élèves filles venant des agglomérations de Taamaret, Azkour, Tawaghza, Ayet Zekan et Amekan sont privées de la possibilité d'être admises à l'internat, bien qu'elles habitent à des centaines de kilomètres de l'établissement central.

Cela est ressenti par les parents comme une injuste discrimination qui, tout en privant leurs filles de ce service scolaire, en fait bénéficier d'autres qui logent pourtant à quelques dix kilomètres, voire moins parfois. Fatma Bassou (40 ans) est la maman d'une élève inscrite en première partie du bac au cycle secondaire qualifiant du lycée Mohamed VI à Alnif.

La dame, que nous avons jointe au téléphone, dit qu'elle sera obligée de faire quitter l'école à sa fille au cours de l'année courante si jamais on lui refusait la bourse d'internat comme ce fut le cas l'année dernière. Elle affirme qu'elle ne pourra pas assurer le loyer et les dépenses quotidiennes onéreuses qui, l'année dernière, l'avaient exténuée.

Fatma, qui vient de la bourgade d'Amkan (35 km environ du lycée), ajoute également qu'au début de l'année scolaire en cours, elle s'était rendue à la délégation de l'enseignement de Tanghir en compagnie d'autres parents d'élèves pour se renseigner sur les raisons qui font que leurs enfants soient privées de la bourse d'internat.

« Nous avons été surpris qu’on nous dise que la délégation n'avait pas reçu les dossiers des demandes de bourses alors qu'en même temps le directeur du lycée assure qu'il les avait envoyés dès qu'il les a reçus ».

Et pendant que, faute de moyens, Fatma pense faire quitter l’école à sa fille, Youssef Ahmed qui est un acteur associatif de la région pense que, compte tenu de la grande surcharge du lycée d’Alnif avec ses 1400 élèves, la meilleure solution à ce problème consisterait à faire construire de nouveaux établissements scolaires dans les bourgades d’Azkour, Massissi et Hessiya.

Il précise par ailleurs que les parents des élèves lésées par cette injustice avaient déjà appelé les autorités de tutelle à fournir un logement scolaire pour leurs filles afin qu’elles ne soient plus contraintes à quitter l’école, en vain.

Ahmed précise encore que la plupart des familles préfèrent que ce soit aux filles d’abandonner l’école par crainte de ce qui risque de leur advenir au cas où la bourse leur était refusée, contrairement aux garçons qui, eux, ont plus de chance de terminer, avec ou sans bourse, leur parcours scolaire.

Pour sa part, Ben Arirou Aziz, étudiant-chercheur et membre d’une association, insiste sur le problème de la surcharge de l’établissement en question. Il affirme que le surpeuplement est dû à l’admission de quotas doubles d’élèves venant des multiples bourgades voisines du centre d’Alnif. Cela nécessite donc, selon lui, la construction d’un nouveau lycée qui allègerait la pression exercée sur le plus grand établissement de la région.

Déplorant que nombre d’élèves filles soient obligées de quitter les bancs de l’école à cause de la distance séparant leurs lieux d’habitation du lycée, de l’absence de transport scolaire, des coûts élevés des loyers et de la nourriture, devenus ces dernières années inaccessibles aux parents, Ben Arirou rejette la responsabilité de chaque abandon scolaire sur les autorités de tutelle qui traînent à trouver les solutions adéquates.

Le seul moyen de sauver les jeunes filles des banlieues rurales d’Alnif du danger de l’abandon scolaire demeure la construction de nouveaux lycées dans la région, sans quoi elles ne sauraient poursuivre leur cursus scolaire, étant données les difficultés matérielles et psychologiques qui pèsent sur les élèves issues de familles pauvres.



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 1
Lus : 2407

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (1)

  • cccom (H) 04/11/2015 09:10 X

    Dunevoices: Pouvez-vous coordonner un moment avec les Bourgades d'Alnif? Ce drame est général dans tous les pays sous développés. Une solution parentale a été trouvée dans les Oasis de Mauritanie. Aussi, je Propose aux Parents d’éléves d’Alnif de collecter un billet d’avion pour la jeune Leyla (fille de ma fille) pour leur communiquer gratuitement le modéle de son Projet Leyla pour la Promotion Scolaire des Filles Rurales (PLPSFR), victimes de l’éloignement des Etablissements secondaires . Ce modéle a pour originalité d’appliquer le sytéme éducatif novateur parental Oughoul el Ouahatt (www.cerveaux-oasis.mr) qui assure l’admission du brevet en une année pour réaliser un cursus secondaire en 3 ans en moyenne dans leurs bourgades. Leyla, ancienne éléve du Sytéme Oughoul El ouahatt qui avait réussi son Brevet en une année (au lieu de 4 ans) et son Bac à l’âge de 15ans vient de lancer parallèlement à ses études à l’Université des technologies et de Medecine de Nouakchott un Projet Pilote à Maaden El Ervane de jeunes Filles de Maaden qui ont connus les mêmes problémes d’éloignements des Etablissements publics soulevés par l’article. Eu égard au jeune âge de Leyla (16 ans), je me proposerais de l’accompagner pour réaliser des jumelages de communes et de lycées dans les régles de l’art. Les filles des Bourgades pourront étudier cette année 2015- 2016, chez elles et raccourcir leurs cursus secondaires. Cheikhany_ouldsidina@yahoo.fr Maire de Maaden El Ervane tel +222 44155715