14-11-2015 13:12 - Faits divers : Le gang de la terreur

Faits divers : Le gang de la terreur

Le Calame - Une bande de trois jeunes hommes sans grand antécédents judiciaires a passé presque deux mois à terroriser les populations de Nouakchott, de jour comme de nuit, sans que les autorités ne se soucient de mettre fin à ce cauchemar.

Le gang utilisait une voiture non immatriculée, aux verres fumés, et se déplaçait sans contrainte. Bilan : une cinquantaine de victimes dont certaines grièvement blessées, voire mutilées. Si le destin n’avait pas voulu que ces bandits s’en prennent à une parente d’un haut responsable, cette tragédie n’aurait eu de cesse.

15 Septembre, vers treize heures, un ressortissant du Guidimakha sort du siège de la Banque centrale de Mauritanie. Il porte un sac contenant quatre millions d’ouguiyas et se dirige vers son véhicule garé sur le second trottoir, sans se douter qu’on l’observe, d’une Toyota Avensis sans plaques et aux vitres teintées de noir.

Avant qu’il n’ait atteint sa voiture, l’autre démarre en trombe, passe en le frôlant, tandis qu’une main en jaillit, pour saisir son sac. Il s’y agrippe fortement, la voiture le traîne sur une bonne vingtaine de mètres avant qu’il ne tombe, en sang, sous les yeux des passants ahuris. La Toyota brûle le feu rouge, vire et disparaît.

Deux jours plus tard, vers 23 heures, un vendeur de cartes de recharge guette les clients à un carrefour de Tevragh Zeïna. La Toyota Avensis s’arrête et le vendeur en approche, sac en bandoulière.

En une fraction de seconde, une main sortie du véhicule s’empare du sac et la voiture reprend sa course, traînant le pauvre vendeur agrippé à sa modeste recette du jour. Au bout de cent mètres environ, il lâche prise, jambe gravement fracturée.

Quelques jours plus tard, une femme marche, non loin du carrefour Bana blanc. La voilà à son tour interceptée, selon le même scénario. Moins attachée à son sac, elle s’en tire, pleurant à chaudes larmes, avec de légères blessures.

Au début du mois d’Octobre, c‘est une étudiante mauritanienne native d’Irak qui fait les frais de la même mésaventure. Elle y perd tous ses documents d’état-civil et ses diplômes. Blessée et saignante, elle sera évacuée d’urgence à l’hôpital. Violent rappel des souffrances vécues sur les rives du Tigre et de l’Euphrate...

Des dizaines d’autres victimes de ces malfaiteurs sans scrupules ont, elles aussi, porté plainte, sans que les autorités n’y accordent la moindre importance. Mais le Destin veille, heureusement. Vers la fin du mois d’Octobre, la belle-sœur d’un ministre de souveraineté sort d’une boutique de Tevragh Zeïna, vers vingt-deux heures. Même scénario.

La jeune femme tombe évanouie et blessée. Son sac contenant bijoux en or, deux téléphones portables et de l’argent disparait. Mais, cette fois, un ordre « d’en haut » est donné à la police, dès le lendemain, pour mettre un terme à ces exactions, soudainement devenues inacceptables.

La première enquête trébuche

La direction générale de la Sûreté de Nouakchott-ouest convoque les neuf commissaires de police de sa zone et leur intime l’ordre d’agir pour arrêter les coupables dans les plus brefs délais. Branlebas immédiat de combat.

Les trois commissariats de Tevragh Zeïna, ceux du Ksar et de Sebkha lancent tous leurs limiers aux trousses de la fameuse bande. Cinq jours passent, sans résultats, et les quelques récidiviste raflés sont relâchés. Le DG de la Sûreté de Nouakchott-ouest appelle alors le commissaire Mohamed Baba ould Ahmed Youra, commissaire spécial de la police judiciaire et lui confie l’enquête.

La BRB entre dans la danse

Le brigadier-chef Didi ould Moubarak, alias commissaire Kester, mobilise ses meilleurs hommes et entame la délicate enquête. Les policiers interpellent, tout d’abord, tous ceux qui ont des antécédents en vol à l’arraché. Chou blanc : aucun d’entre eux n’a de lien avec cette affaire.

Les enquêteurs en déduisent que cela doit être l’œuvre de jeunes délinquants qui veulent devenir, à court terme, des professionnels de la tire. Une piste les conduit à un premier suspect… qui les guide vers un second… qui leur donne des informations sur un élément moteur de la bande.

On arrête celui-ci. Bingo ! Il donne le nom de l’agence où a été louée la Toyota Avensis, à 13 000 UM la journée. L’agence va alors communiquer le nom du locataire : Kane Yahya. C’est le cerveau de la bande ! La traque se précise…

L’arrestation de la bande

Bientôt, les enquêteurs connaissent tout du lascar et de ceux qu’il fréquente. Il ne manque plus, à Didi et ses hommes, qu’à organiser les filatures, jusqu’au moment où les quatre bandits seront tous réunis.

Lundi 2 Novembre, l’info tombe : ils viennent d’arriver au marché GSM « Nokta Sakhina » et tentent d’y écouler un lot de téléphones portables, d’IPAD et de clefs Internet. Soigneusement cernés, ils n’opposent aucune résistance et les voilà embarqués au CSPJ. On y découvrira, notamment, qu’un élément du Groupement spécial de la sécurité routière, « Misgharou » en jargon populaire, fait partie de la bande.

Après quelques jours de garde à vue où ils reconnaissent la plupart des délits qu’on leur impute, ils sont déférés au parquet de la wilaya. Mais pourquoi le procureur a-t-il accordé la liberté sous contrôle judiciaire, à Yahya Kane et à l’agent du GSSR qui leur facilitait les déplacements, en recommandant leur véhicule auprès des postes de contrôle tenus par ses collègues, pourtant très vigilants, d’habitude, ne laissant passer aucun véhicule non identifiable et/ou aux verres fumés ? L’opinion publique s’étonne. Espérons que ces bandits en liberté n’en profiteront pas pour former une nouvelle bande...

Mosy




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