01-12-2015 12:33 - Quinzaine de la Femme : L’AFCF en campagne de sensibilisation et de conscientisation

Quinzaine de la Femme : L’AFCF en campagne de sensibilisation et de conscientisation

Journal Tahalil - Dans le cadre de la commémoration de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre dernier, l’Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF) a lancé depuis ce jour, une campagne de sensibilisation et de conscientisation des femmes par rapport à leurs droits.

Face à la situation alarmante des femmes, l’AFCF, fidèle à ses principes, a encore pris le bâton du pèlerin pour sillonner les quartiers de Nouakchott notamment ceux de la banlieue pour demander aux femmes de se lever comme un seul homme et dire non aux violences et à la discrimination à l’égard des femmes.

C’est à partir du centre d’Arafat pour l’accueil des victimes et des violences situé au poteau 3 et relevant de l’AFCF que la campagne a été lancée depuis le 25 novembre dernier sous la houlette d’Aminetou Mint Ely, présidente de cette association en présence de plusieurs femmes issues d’Ong différentes et autres invités de marque.

Sous les slogans : « Le trafic des êtres humains est un crime contre l’humanité » ou encore « Jusqu’à quand la femme restera victime du poids des coutumes et traditions désuètes », les femmes membres de l’Afcf ont mis l’accent sur les formes de violences que subissent les femmes dans les foyers, dans la rue et les milieux socio-professionnels.

D’abord, il y a eu une présentation de la situation des violences conjugales en Mauritanie pour mettre en exergue la problématique de la femme victime des violences du genre. Ensuite, les invités ont eu droit à une visite du centre avec expositions de photos montrant quelques exemples de violences conjugales en Mauritanie.

Les violences conjugales brisent l’avenir des enfants

Beaucoup d’enfants issus des foyers instables sont souvent traumatisés allant jusqu’à la déperdition par l’effet négatif qu’engendre cette situation d’instabilité conjugale. Selon Aminetou Mint Ely, « plus il y a des victimes au sein des couples, plus les enfants deviennent violents et perturbateurs».

Cette situation n’épargne personne en Mauritanie. A en croire la présidente de l’Afcf, « les violences conjugales sont en croissance par rapport aux années passées et touchent toutes les communautés nationales et toutes les classes sociales» notamment celles vivant dans les banlieues.

Les enfants issus de ces milieux perdent le plus souvent tout espoir de vie et fréquentent parfois l’école buissonnière. «La recrudescence des viols met également en danger la vie des enfants, perturbe la scolarisation des filles et crée une psychose au sein des populations en encourageant le discours obscurantiste qui veut que les filles restent à la maison », soutient Aminetou.

Quant à leurs mamans victimes, elles perdent confiance et tout espoir de vie conjugale, restent traumatisées, agressives et sensibles. En outre, elles vivent une peur qui les accompagne dans toute leur vie. Face à cette situation, l’Afcf, à travers cette campagne de sensibilisation de porte à porte et des conférences débats, vise à briser le silence des victimes et dénoncer les violences sous toutes leurs formes.

Le traumatisme des parents

Face à la recrudescence des viols et des violences, les populations pauvres ont peur d’envoyer leurs enfants à l’école au risque de les voir s’exposer au meurtre, au viol, au kidnapping et à la séquestration sexuelle. C’est ce qui motive les parents à garder leurs filles à la maison pour sauver leur honneur.

Car, dans la société mauritanienne, une fille agressée sexuellement est un déshonneur pour la famille. Elle est stigmatisée et perd tout espoir de vie conjugale. Cela engendre en outre une autre forme de violence concernant le mariage précoce.

C’est pourquoi, «pour éviter cela, dit Aminetou, les parents procèdent à ce genre de mariage précoce sans savoir que cela agit sur la vie morale de la fille et son physique parce que son organisme est encore fragile pour supporter les grossesses qui peuvent provoquer sa mort …». La traite des personnes aussi …

L’autre forme de violence que dénonce l’Afcf, c’est la traite des jeunes filles dont celle organisée entre la Mauritanie et l’Arabie Saoudite et dans d’autres pays et qui a fini de défrayer la chronique de ces derniers mois.

Pour Amintou Mint Ely, cette traite qui se fait sous la barbe de l’Etat mauritanien, expose les victimes dans une situation incertaine. « Ces femmes sont battues, violées et maltraitées de la manière la plus atroce dans les familles d’accueil » souligne Mint Ely. «Des milliers de femmes sont dans cette situation et des bureaux de recrutement continuent leur sale besogne » poursuit-elle.

Pourtant, à en croire notre interlocutrice, «certaines femmes portent plainte sans succès. Car aucune action judiciaire n’est engagée par les pouvoirs publics contre les auteurs » dixit Aminetou Mint Ely qui a évoqué le cas de deux femmes mauritaniennes jetées depuis un mois en prison en Egypte par un responsable saoudien.

Et jusqu’à présent, « rien n’a encore été fait pour les sauver ». En outre, certaines filles domestiques mineures sont souvent battues, maltraitées, séquestrées et parfois violées par leurs employeurs ou accusées de vol après accumulation de plusieurs mois sans salaires sans aucune forme de justice, révèle la présidente de l’Afcf.

Les raisons d’une impunité continue

Le manque de législation claire criminalisant les violences faites aux femmes, du aussi au non accès à la justice et à l’aide judiciaire dont elles ont besoin, sont autant des griefs auxquels fait face la femme mauritanienne.

Il s’y ajoute «la pauvreté des ménages, la crise économique, le chômage, la discrimination dans l’emploi … qui sont souvent à l’origine de cette violence aux dimensions multiples que nous vivons en Mauritanie » regrette Aminetou.

C’est la raison pour laquelle, la commémoration cette année, de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre, a été organisée sous le slogan national : « Ensemble contre les violences à l’égard des femmes » mais également, les femmes se sont engagées dans cette campagne mondiale dont le slogan : « De la paix à la maison à la paix dans le monde » pour briser le silence en cas de violence et interpeller les décideurs étatiques à bouger face à la situation.

I.Badiane



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