04-02-2016 07:00 - Cherté de la vie : Les explications alambiquées du porte-parole du gouvernement

Cherté de la vie : Les explications alambiquées du porte-parole du gouvernement

L'Eveil Hebdo - Interrogé sur la situation économique du pays, notamment sur la cherté de la vie et sur le refus des autorités de faire baisser le prix des hydrocarbures, le Ministre des Relations avec le Parlement et la Société Civile, porte-parole du gouvernement a, une fois de plus, sorti des explications dont nos responsables ont le secret.

Il a d’abord indiqué - sans rire - que la baisse du prix du carburant profiterait seulement aux «riches» qui possèdent des voitures !

Le Ministre a également rappelé la fameuse rengaine selon laquelle "notre pays a subventionné pendant plusieurs années le prix des hydrocarbures à la pompe à raison de 85 ouguiyas le litre et qu'il continue de soutenir jusqu'à présent le gaz butane à concurrence de 7 milliards ouguiyas par an, en plus du soutien apporté au prix des denrées alimentaires de première nécessité pour les familles pauvres à travers le programme Emel".

Sincèrement, concernant les déclarations du ministre, on ne sait pas si on doit en rire ou en pleurer. Comment un responsable d’un tel niveau peut-il sortir une telle aberration pour tenter de justifier l’injustifiable ? Les «riches» qui possèdent des voitures et qui seraient les seuls à profiter d’une éventuelle baisse du prix du carburant !

En dehors du fait que c’est là une stigmatisation manifeste d’une partie de la population, avec laquelle le ministre semble avoir des problèmes, il s’agit purement et simplement d’une véritable ânerie. Les petits propriétaires de taxis «tout droit» qui passent leurs journées à faire des navettes entre la plage des pêcheurs et la ville pour tenter de nourrir leurs familles font-ils partie des «riches» ? En tout cas, on ne peut pas dire qu’ils soient indifférents à une baisse du prix du carburant. Les éleveurs des Hodh qui louent des camions pour acheminer leur bétail jusqu’à Nouakchott, eux aussi ne seraient-ils pas concernés par le coût des hydrocarbures ?

Le programme «Emel», l’arbre qui cache la forêt !

Le Ministre souligne en outre le "soutien apporté au prix des denrées alimentaires de première nécessité pour les familles pauvres à travers le programme Emel". Là également on est en droit de se demander quel est le degré de sérieux du porte-parole du gouvernement. En effet, si les prix sont effectivement abordables dans les boutiques du programme Emel, cela ne concerne que moins de 0,5% de la population. Et le moins que l’on puisse dire, est que la Mauritanie ne compte pas 99,5% de «riches».

Pour ceux-là, c’est l’enfer au quotidien. Pour rafraichir la mémoire du Ministre – dont on ignore s’il se compte parmi les «riches» ou non – rappelons que malgré son programme Emel, les prix des denrées alimentaires de première nécessité continuent d’augmenter. Ainsi, le prix du sac de 50 kg de riz appelé la fleur, très prisé chez les consommateurs, est passé de 10 900 UM en décembre à 15 000 UM en janvier, soit une augmentation de 50%. Celui du sac de 50 kg de riz dénommé Prince Brand est passé de 10 000 à 13 000.

En fait tous les types de riz importés ont connu une hausse vertigineuse du fait de l’augmentation de la taxe sur les importations. Une taxe qui viserait à encourager la consommation du riz local, mais qui n’est en fait destinée qu’à contribuer à renflouer les caisses de l’Etat, mal en point ces derniers temps. La hausse concerne également l’huile et le sucre. Le prix du bidon de 20 litres d’huile de bonne qualité est passé de 7 000 UM à 9 000 UM. S’agissant du prix du sac de 50 kg de sucre il est passé de 8 100 à 8 800 UM. Enfin les prix de différentes qualités de thé ont eux aussi connus une hausse sur nos marchés. Idem pour le prix de la viande, des légumes…

Pour le rétablissement d’un contrôle des prix !

Face à cette situation, certains partis politiques ont réagi et demandé la prise de mesures d’urgence. Ainsi, selon l’APP, les hausses des prix des denrées alimentaires sont «injustifiables et inacceptables». Le parti, qui «dénonce et condamne avec force les hausses des prix portées sur les produits alimentaires de première nécessité», estime que ces hausses «dénotent une fois encore, l’obstination du pouvoir en place à rançonner les populations et engranger des milliards sur le compte du contribuable» et invite «le pouvoir à prendre immédiatement des mesures d’accompagnement efficaces dont une augmentation conséquente des salaires des travailleurs et retraités pour alléger le poids exténuant de la cherté des prix».

L’APP demande en outre, la mise en place «de mécanismes efficaces et efficients de contrôle de prix capable de protéger les consommateurs contre les appétits voraces des commerçants».

En effet, ce qui semble désormais inimaginable dans notre pays, en l’occurrence un contrôle sur les prix, est pourtant appliqué dans plusieurs pays qui ne sont pas pourtant moins «libéraux» que nous, dans le domaine du commerce. C’est le cas au Maroc, au Burkina Faso, et surtout au Cameroun, qui a mis en place un système de contrôle des prix des denrées alimentaires, dans le cadre d’un projet financé par la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique. Le but du projet est de stabiliser les prix dans les marchés du pays, en donnant des informations en temps réel aux consommateurs et producteurs, impactant ainsi de manière positive les prises de décision lors de l’achat ou de la vente des denrées alimentaires.

Comme on le voit, les facteurs économiques n’expliquent pas tout et avec une volonté politique réelle, on pourrait atténuer les souffrances de populations.

Sikhousso



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Commentaires (2)

  • zelimkhan2 (H) 04/02/2016 12:23 X

    C'est une mafia qui est aux commandes de la Mauritanie.

  • teyssir (H) 04/02/2016 08:58 X

    En fait tu as bien dit, ce n'est pas une personne d'un niveau quelconque. Ils sont entrain de laisser ce pays aller vers une explosition serieuse mais inshallah il et ses amis paieront un jour de cette negligence. Pour la betise, rassures toi, c'est pas parsequ'il a mis le manteau de ministre porte parole que sa competence a changé...non, il est le meme sans rien dans la tete qu'avant la deputation et a l'assemble