25-05-2016 17:16 - Partir : la question n’est pas de savoir quand mais comment ?

Partir : la question n’est pas de savoir quand mais comment ?

Elhourriya - L’effervescence politique actuelle est symptomatique. Les changements que la Mauritanie connaitra, à la fin du deuxième mandat de Mohamed Ould Abdel Aziz, favorisent de nouveaux « placements ». Au sens économique et financier du terme. Chacun, dans le camp de la majorité, veut assurer un gain. Il table sur une double hypothèse : Aziz peut partir ou décider de rester.

Dans un cas comme dans l’autre, il faut agir. Accompagner la mise en place de l’échafaudage politique que l’homme fort du moment mettra en place pour préparer sa « succession » (il a dit lui-même à Néma qu’il n’est pas question de laisser l’opposition arriver au pouvoir) ou continuer à gérer le pays en faisant fi de la clause qui limite les mandats présidentiels à deux.

Contrairement à ce que pensent beaucoup de mauritaniens, le sort du président Aziz n’est pas entre les mains du peuple. Un référendum est un acte formel qui vient « valider » la volonté du pouvoir en place. De même, la rue, a démontré, elle aussi, depuis 2011, qu’elle reste en dehors des contingences politiques entre un pouvoir fort de sa majorité vaseuse et une opposition fluctuante.

Tant qu’il plait à l’armée et à l’Occident, Aziz n’aura pas à s’inquiéter. Il peut modifier la constitution, la « tuer » même, rien ne viendra perturber sa stratégie de conquête et de conservation du pouvoir entamée en 2005, contrairement à ce que pensent certains.

La seule chose dont il doit se méfier c’est de continuer à négliger la détérioration des conditions de vie des populations. C’est ce qui a réellement perdu Taya, dès 2003, quand tout le monde avait commencé à sentir la fragilité de son système après 20 ans de règne sans partage.

Sur ce plan, la sonnette d’alarme est déjà tirée. La popularité du rais, à l’aune des discussions de salons et de bureaux, mais aussi dans les moyens de transports publics et sur les réseaux sociaux, est largement entamée. Rien à voir avec 2008 où des actions d’éclat à Hay Saken, le renvoi de l’ambassade d’Israël ou la mise à niveau des forces armées et de sécurité l’avait présenté comme le digne héritier du Père de la Nation, feu Moctar Ould Daddah.

Aujourd’hui, dix ans après, le système légué par Taya a repris ses droits. La « coalition » entre les trois pouvoirs (la tribu, l’argent et le savoir) a repris les choses en main. Le président est à nouveau son otage. Elle se sert de lui alors qu’il croit qu’elle le sert.

Cette coalition, ce Système, est responsable des choix politiques désastreux. Responsable aussi d’une crise politique qu’elle sert entretenir à merveille parce que sa raison d’être est qu’il y ait toujours une opposition diabolisée à outrance. Une opposition qui, elle aussi, fait le jeu de cette majorité en exacerbant les tensions par des déclarations à l’emporte-pièce, des calculs erronés sur la « fin de règne » d’Aziz.

Aziz ne doit cependant pas perdre de vue qu’il partira bien un jour. Le « quand » n’importe que pour ceux qui sont attachés à la démocratie (le principe des deux mandats, qui lient leur sort à celui d’un homme (la question des privilèges) ou qui pensent avoir une chance de lui succéder (l’opposition).

Le « comment » partir est la seule question qui vaille pour Aziz. Indépendamment de ses réalisations ou de ses erreurs, c’est sa façon de quitter le pouvoir qui déterminera sa place dans l’Histoire. Son entrée dans celle-ci, le 03 août 2005, a été annihilée par sa rebuffade-rectification du 06 août 2008. Un coup de tête fortement encouragé, on le sait, par cette majorité qui cherche aujourd’hui à le pousser à rester non pas par attachement à lui (demandez à Taya) mais à ses propres intérêts.

Si Aziz décide de quitter le pouvoir, volontairement, il pourra recouvrir une bonne partie de son aura politique et militaire acquise aux forceps, mais s’il décide d’écouter les sirènes du troisième mandat, il doit savoir qu’il partir quand même un jour. Avec probablement les honneurs en moins.

Sneiba Mohamed



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Commentaires (1)

  • Languedebois (H) 25/05/2016 18:29 X

    Mais Sneïba, qu’est ce que Aziz à foutre avec les honneurs ou le respect, qu’est qu’il à faire avec ce que les Mauritaniens vont jugés de lui et sa famille pourvu que pour l’instant il réalise ses rêves et que c’est l’Armée qui garantie sa sécurité, ce qui croit qu’Aziz quittera le pouvoir sans un coup d’état comme il avait fait à Sidi se trompent, l’homme ne pourra jamais faire comme Jerry Rawling du Ghana, qui marche librement dans les rues d’Accra et applaudit par tous le Monde. Notre Demi dieu connait tout, fait tout, dit tout, commente tout et voyage seul avec les clefs du pays n’a pas peur de sa sécurité, il est le seul homme de ce pays, qui porte bien un pantalon avec Biram Dah Abeïd, le reste civil comme militaire sont tous sans exception des cuisiniers et font le marché comme les femmes et d’ailleurs même les femmes d’IRA sont plus courageux qu’eux, donc Aziz peut changer et multiplier les mandats, il a affaire avec des femme-lettes et des peureux (reuses).