05-08-2016 13:51 - Moussa Samba Sy, président du Rassemblement de la Presse Mauritanienne (RPM) : "Si le gouvernement applique ne serait-ce que 20% des recommandations des journées de concertation, la presse mauritanienne verra beaucoup de ses problèmes disparaître"

Moussa Samba Sy, président du Rassemblement de la Presse Mauritanienne (RPM) :

Le Calame -  Des journées de concertations sur la presse! Pourquoi maintenant et à quoi elles vont servir faire?

Moussa Samba Sy : Revenons d’abord un tout petit peu si vous le voulez bien sur le processus qui a conduit à ces journées. Il faut dire qu’en Mauritanie, le principe de journée de concertations ou états généraux comme d’autres les appellent est devenu un concept assez vague pour dire que des gens d’un métier donné se réunissent pour débattre des voies et moyens de résoudre des problèmes préalablement diagnostiqués.

Pour ce qui est de la Presse, au cours d’une rencontre avec le président de la République il y de cela a une deux années, des représentants de la presse avaient convenu avec lui de la nécessité d’assainir un secteur passablement délabré de l’avis de tous.

Le président nous avait dit textuellement : « Faites vous-mêmes le nécessaire et vous allez trouver le gouvernement devant vous. » « Nous ne voulons pas être accusés de limiter les libertés de presse, mais vous, faites nous des propositions et nous les adopterons », c’est à peu prés le même langage que nous tint le Premier Ministre Yahya Ould Hademine qui s’engagea sur quatre points :

Le Président ou moi-même allons être présents à la cérémonie d’ouverture pour donner un caractère solennel à vos assises ;

Nous allons prendre en charge tous les frais inhérents ;

Le Gouvernement ne s’immiscera ni dans la conduite ni dans l’orientation de vos travaux ;

Et nous nous engageons à mettre en œuvre toutes vos recommandations dans la limite du possible.

Vous remarquerez que le premier engagement n’a pas été tenu mais c’est sans doute le moins important, les deux suivants l’ont été convenablement mais le plus importante est le dernier. Si le gouvernement applique ne serait ce que 20% des recommandations, la presse mauritanienne verra beaucoup des problèmes auxquelles elle fait face disparaitre.

Quels sont les principaux maux dont souffre ce secteur ? Et quelle est la part de responsabilité des journalistes ?

Ce secteur souffre de maux structurels et conjoncturels. Pour les conjoncturels, ils sont liés à l’environnement international : Désaffection pour moyens traditionnels d’information, explosion des réseaux sociaux, nivellement par le bas des niveaux, modèle économique obsolète etc.

Mais il y a aussi les maux dus à notre environnement, nous les mauritaniens : profession ouverte à tous vents, méconnaissance des règles éthiques et des principes de la pratique du métier de journaliste, opacité du fonctionnement de l’administration, opacité des flux financiers, etc. Bien évidemment les journalistes ne peuvent se dérober devant leur part de responsabilité dans cette situation.

Quelles ont été les principales recommandations de ces journées et comment entendez-vous les mettre en œuvre ?

Les recommandations ont été remises au gouvernement dont nous attendons toujours la réaction. Nous envisageons de créer un comité de suivi qui entamerait un lobbying auprès des décideurs et des hommes politiques en vue de les faire adopter le plus vite possible. En tout cas la balle est dans le camp du gouvernement comme on dit !

A en croire une partie de la presse, ces journée n’auraient pas fait l’unanimité au sein de la profession. Pourquoi, à votre avis ?

A mon avis il n’aurait pas été possible d’avoir une unanimité plus grande. Pas une seule de la vingtaine d’organisations que compte le pays n’a fait défaut. Il est vrai que la veille de l’ouverture, un groupe de journalistes, composé essentiellement de correspondants de médias étrangers ont émis un certain nombre de réserves, d’après ce que j’ai compris, sur la méthodologie et l’approche et non sur le principe.

Mais je pense que dès que tous verront les recommandations, ils sauront que c’est pour l’intérêt de la profession et pour le renforcement de notre démocratie et ça je ne crois pas qu’on puisse s’y opposer.

Propos recueillis par DL



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