27-08-2016 18:45 - Libre Expression | L’Homme H’ratin, Le fardeau de la misère, quand le mépris vient d’en haut, où est le salut ?
Maham Youssouf - Comme disait le dicton chinois : « en jouant avec le feu on finira par perdre les joyaux de sa précieuse couronne ».
Au-delà de la répression, des arrestations, des procès et des emprisonnements ; le chemin frayé vers la liberté est irréversible, et résister pacifiquement contre l’oppression s’impose comme un devoir moral de tout peuple opprimé, afin d’assurer son émancipation.
En effet, les H’ratin, ces damnés de cette terre de Mauritanie tirant du passé les vestiges de 7 siècles d’esclavage de braise, demeurent endurer aujourd’hui le poids hideux d’une perpétuelle exclusion avec ses corolaires ignorance, et pauvreté mais aussi d’un mépris social multiséculaire.
Oui, dans cette espace les H’ratin subissent encore non seulement les affres d’une domination sournoise mais aussi la pérennisation qu’ils acceptent d’ailleurs, d’une culture de suprématie de l’autre. Prouvant de fait un fatalisme ambiant tout à fait normal des inconscients vandalisés depuis l’aube des temps.
Alors que les néo féodaux dominants otages d’une grandeur d’un passé perdu trouvent naturel voir même une vertu légitime cette situation de calvaire de ces abominés, d’où leur orgueil condescendant aveugle. Bref, c’est le fatalisme des dominés et leur refus de prendre leur destin en main, et l’orgueil condescendant des dominants à ceci s’ajoute la passivité des systèmes politiques, que la Mauritanie est maintenue dans cette situation de fiasco qui risque fort d’hypothéquer son existence.
Dans cet élan, de camouflage et de déni de souffrance des anciens esclaves (les H’ratin), une partie de « l’intelligentsia » du segment détenteur du pouvoir réel et du privilège de la naissance n’hésite pas de semer la confusion même dans l’esprit des victimes. Ce qui se manifeste par la diabolisation de l’élite qui porte la vraie contradiction. Ceci en mettant en contribution les vulnérables du lot de souffrance, obsédés d’appétits primaires au service de la domination symbolique fut-elle. Cette «intelligentsia conservatrice ultra-radicale », cellules dormantes dans tous les rouages de l’état constitue un danger pour la république.
C’est elle qui se bute et se dresse à tout pouvoir venu apportant des idées révolutionnaires et une vision de société globalisante ; même dans la répression verbale et les diatribes haineuses, elle met les éléments de la communauté victime et au service de l’intérêt du moment, dans l’offense et la profération des insultes contre tout militant abolitionniste patriotique quand celui-ci dénude de façon civilisée un cas d’injustice avéré.
A ce jour, cette communauté attristée, traumatisée, en mal d’existence et à la recherche de reconnaissance attend toujours la réhabilitation morale et psychologique. Une telle réhabilitation doit être fondée d’abord sur la reconnaissance officielle de l’injustice historique subie caractérisée par le phénomène affreux de l’esclavage, dont les nostalgiques du passé en gardent toujours des résidus ; mais aussi par son intégration effective dans la vie sociale, économique, sécuritaire et politique. Ce faisant l’unité nationale et la cohabitation sociale que quiconque connait la fragilité ne peuvent qu’être renforcées. Ces victimes d’injustice brillent toujours d’une totale invisibilité après 56 ans d’indépendance.
Cependant, cette situation d’existence marginale est en soit révélatrice d’un profond changement social à venir tôt ou tard (pourvu que l’accouchement sociétal se fasse en douceur, comme l’aimait à le dire l’administrateur ISSELMOU ABDELKADER). D’ailleurs ce qui s’aperçoit clairement par la résurgence de cette nouvelle génération montante du refus et l’apparition d’une nouvelle élite extrêmement méticuleuse, précise, ferme dans l’action, adoptant une approche scientifiquement élaborée, et primée de par le monde. Oui, demain est riche de promesses, et la justice est un fait providentiel qui a anéanti les injustices les plus robustes et qui s’impose par le temps.
Si aujourd’hui, l’inquiétude plane sur notre cher pays, et que nos communautés se regardent de plus en plus en chien de faïence. C’est parce qu’ils existent des Hommes mus plus par des intérêts immédiats à court terme que de la construction d’un Etat-nation. Alors que le meilleurs héritage que nous pouvons léguer à la postérité dans ce monde en turbulence ascensionnel, c’est une nation fraternelle et soudée où se fondent toutes les inégalités et stigmatisations; ce qui n’est point réalisable sans l’instauration d’une justice sociale équilibrée, où ceux qui ont accusé un retard historique aigu du fait des injustices subies soient véritablement aménagés dans leurs droits et réhabilités dans leur existence.
Et c’est en ce moment seulement que la parole sage, ma Mauritanie mon espace : le blanc de l’œil, le noir de l’œil unis ensemble je peux voir deviendra une réalité, le reste n’est que chimère circonstancielle et politique d’Autriche dont les conséquences cauchemardesques et dangereuses sont certaines.
Léon Blun disait : « Toute société qui prétend assurer aux Hommes la liberté, doit commencer par leur garantir l’existence ».
Maham Youssouf
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