28-12-2016 20:30 - «Usines Moka» à Nouadhibou Une affaire juteuse qui empoisonne la vie des habitants

«Usines Moka» à Nouadhibou Une affaire juteuse qui empoisonne la vie des habitants

M21 - Une fumée dense et grisâtre plane presqu’en permanence sur la capitale économique, Nouadhibou.

Du coup, la vie des habitants est devenue un véritable enfer. Odeur âcre et nauséabonde à longueur de journée et de nuit. «On ne peut plus respirer dans cette cité, jadis havre de paix » annonce Mohamed, un vendeur de cartes de recharges et sa chaise bancale, juste en face de la Mairie.

Les usines de Moka, qui produisent la farine et l’huile de poisson, est la dernière trouvaille des hommes d’affaires. Un busines florissant et juteux qui génère des millions de dollars, arrosant au passage les caisses de l’Etat. Qui se tait.

«Le Port Autonome se frotte les mains et il y a de quoi, les bateaux qui transportent les tonnes de Moka génèrent des revenus substantiels », fait remarquer Jemal, jeune cadre dans une société au Port artisanal.

«Certains parlent de 140.000 UM pour un accostage » lance-t-il un peu hésitant. «Et ça ne s’arrête pas, des bateaux turcs surtout chargent et déchargent sans relâche, à raison de 300 à 400 tonnes par rotation », précise-t-il. D’ajouter «la tonne de Moka est vendue ici 1.500 dollars , et le double en Europe et en Asie, de quoi générer des bénéfices énormes pour les importateurs».

La Moka est tiré du broyage du poisson. «Ceux qui connaissent comment ce truc est fabriqué, ne vont jamais se hasarder à en manger. Des tonnes de poisson, broyés avec écailles et tripes, transformés en liquide ou en poudre, puis exportés vers le marché européen et asiatique où il coûte les yeux de la tête » souligne Khaled, un manutentionnaire. Selon lui, il y a deux sortes de Moka, celle destinée à servir comme engrais et celle utilisée pour la consommation. «Depuis que les Mauritaniens ont découvert la Moka, ils ont réglé le problèmes des invendus et surtout, les charges liées aux congélations du poisson»

En quelques années, les usines se sont multipliées. «Plus de 70 nouvelles usines ont été créées avec des noms écrans. Des Européens représentés par des nationaux qui se suffisent de subsides, le reste repart ailleurs» lance dépité Oumar, un jeune pêcheur du Port. «J’ai un ami qui travaille dans une de ces usines. C’est un étranger, comme la plupart des employés » souligne-t-il.

Selon lui, la plupart de ces usines sont gérées par des Chinois qui préfèrent la main d’œuvre étrangère moins chère et plus dociles. «Pour eux, les Mauritaniens sont chers et pleins de problèmes. Et le Ministère du Travail ferme les yeux », ajoute Oumar.

Il y a surtout le danger représenté par ces tonnes de fumées qui s’abattent sur la ville et son centre des affaires, tout en polluant l’atmosphère. «Il semble que ces fumées sont cancérigènes et constituent un véritable problème de santé publique» susurre Moulaye, coiffeur au Marché Mahfoudh.

Ni les cris d’indignation des ONG locales et des habitants, ni les récriminations de la SNIM dont la cité phare, Cansado, est devenue un dépotoir de poudre blanche, n’ont pu changer la donne. La Zone Franche, véritable patron de la ville de Nouadhibou, reste encore sourde aux appels de détresse de la population. «A cause des importantes rentrées financières de la Moka, les autorités restent indifférentes aux souffrances des citoyens et ferment les yeux sur toutes ces nuisances sur l’environnement, la santé publique et le bien-être social des habitants» regrette un jeune banquier.

Dans les différentes usines où nous nous sommes rendus, les patrons chinois et coréens oublient qu’ils parlent une autre langue dès qu’il s’agit de répondre à des questions. Les employés n’en parlons pas.





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