20-03-2017 23:00 - Amendements constitutionnels : le rejet des sénateurs de ce projet peut sauver la Mauritanie
Hamédine Ndiaye Kane - La table ronde relative aux débats sur l’opportunité d’un amendement de la Constitution mauritanienne, organisée la semaine dernière entre un cadre de l’APP et un cadre de l’UPR sur la chaine locale WATANIA, constitue un événement médiatique important car il a permis de lever le coin du voile sur les véritables intentions de chacune de ces deux formations politiques qui ont participé au dernier dialogue national.
Pour l’UPR ces modifications, portées par le Président de la République, permettront, après les différentes avancées dans le domaine économique, social et politique,obtenues au cours du mandat présidentiel de Aziz, de renforcer l’Etat de droit dans notre pays. Ce cadre de l’UPR a justifié mordicus l’opportunité d’un amendement de la Constitution pour parachever l’action du Président, présenté, par lui, comme un modèle dans la région.
Cette thèse qui est contredite, en partie, par les faits quotidiens vécus par nos citoyens a été mise en mal au cours de ce débat contradictoire. Mr Sghair Ould Atighcadre de l’APP a bordé plusieurs sujets parmi lesquels il a rappelé les raisons qui ont conduit son parti à participer au premier cycle de dialogue en 2011.
Cette concertation organisée entre le pouvoir et une partie de l’opposition dite modérée a permis d’adopter plusieurs textes visant au renforcement de la démocratie dans notre pays.
Au cours du nouveau dialogue de 2016, le Parti de l’APP avait produit des documents de travail d’une grande qualité intellectuelle et technique.
Ces documents contiennent la vision du Président Messaoud Ould Boulekheir sur plusieurs thèmes et notamment dans le domaine de la consolidation de l’Etat de droit, du processus électoral, de la gouvernance économique et financière, de la pratique de l’esclavage et de ses séquelles, du règlement du passif humanitaire, de la place des langues nationales dans le système éducatif national, de la diplomatie mauritanienne et de la politique sécuritaire.
Sur chacun de ces points qui ont été largement débattus dans les différents ateliers thématiques,’App avait avancé des propositions concrètes.Cette contribution qui a été mise en ligne sur plusieurs sites,prouve que le Président Messaoud jouit d’une grande maturité politique et qu’il constitue, aujourd’hui, un pilier essentiel pour la stabilité politique et sociale de notre pays.
Sur la lancinante question relative à l’amendement de la Constitution et son mode d’adoption, Mr Sghair a rappelé que APP avait, sur cette question, une position claire.Sa formation politique ne voyait pas d’inconvénients à ces aménagements à la seule condition que les fondamentaux de ce texte de base ne soient pas touchés.
Ces fondamentaux concernent essentiellement :l’emblème national, l’hymne national, la limite de l’exercice du pouvoir à deux mandats pour le Président de la République et l’obligation d’organiser une consultation populaire pour entériner les amendements proposés.
Malheureusement la procédure de vote bloqué des articles du nouveau projet de Constitution utilisée par la présidence du bureau de l’Assemblée Nationale ne laissait aucune chance à la prise en compte des réserves formulées par partis opposés à certains amendements.Une procédure d’amendements « article par article » aurait permis à chaque député de faire respecter la position de son parti politique.
Maintenant que le SENAT a donné raison à l’opposition en rejetant en bloc l’ensemble des propositions d’amendement de la Constitution, notre pays vient, pour la première fois,de rentrer dans une ère de démocratie parlementaire qu’il sera désormais difficile de freiner dans le futur.
En respectant, par ailleurs, la volonté des sénateurs qui ont rejeté les amendements de la Constitution,le Président Mohamed Ould Abdel Aziz a une belle occasion de démontrer à son peuple, après les actions pacifiques menées dans les Etats voisins pour renforcer leur stabilité politique, son engagement à conduire le pays, à la veille de son départ, sur la voie démocratique. Le Président Mohamed Ould Abdel Aziz en récoltera les fruits en définitive.
Enfin le courage du peuple mauritanien est également à louer pour sa longue résistance pacifique face aux velléités de ce qu’on à qualifier, à juste raison, de tentatives de tripatouillage de dernière heure de la Constitution.
Ce peuple n’a pas eu recours, pourtant, comme ailleurs, à des actes de violences tels que ceux commis contre les bâtiments du Parlement Burkinabais lors du forcing entrepris par Blase Comparé pour modifier la constitution de son pays ou devant le portail du siège de l’Assemblée Nationale sénégalaise lors de l’examen du projet d’amendement constitutionnel proposé par l’ex Président Abdoulaye Wade
Hamédine Ndiaye Kane
Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.