23-03-2017 16:10 - Conférence de presse du président Aziz : «L'Etat, c’est moi »

Conférence de presse du président Aziz : «L'Etat, c’est moi »

Mauriweb - C’est un président véritablement agacé qui reçoit mercredi un groupe de journalistes pour évoquer la suite des événements après le rejet, vendredi 17 mars 2017, par le Sénat des amendements proposés par lui.

Le président Aziz qui a gouverné avec les mêmes sénateurs ne peut s’empêcher de parler de leur «illégitimité». La couleur était annoncée. Ces propos (L'Etat, c'est moi) attribués à Louis XIV devant les parlementaires de Paris auraient pu résumer la rencontre du président Mohamed Ould Abdelaziz avec les journalistes.

Une énième rencontre avec les médias qui tranche avec les précédentes. Tout le personnel politique favorable au président –beaucoup de partis cartables- et même la première dame du pays sont aux premières loges essentiellement pour applaudir le président.

Sénaterloo

Bien habillé, costume clair et cravate dans le vent, le président Aziz aurait pu dégager une bonne image de lui. Mais la circonstance est solennelle et le président ne peut cacher son humeur contrariée par «33 sénateurs qui prennent un otage un pays». Il est d’autant plus énervé qu’il sait pertinemment que des constitutionnalistes l’avaient précédé sur le terrain, anticipant ainsi l’interprétation ourdie de l’article 38 de la Constitution.

Mais visiblement le président n’a pas encore digéré la bataille du Sénat et son échec. « L’article 38 permet de faire toutes les révisions constitutionnelles sans passer par les deux chambres » affirme alors le président sans ambages prenant à témoin des constitutionnalistes « indépendants» qu’il aurait consultés pour lui frayer le chemin dudit article et ainsi aller à son référendum.

Toute la bataille est là. Mais certains journalistes se montrent insistants et demandent au président et en cas de revers au référendum ? «Je ne suis pas fait pour la défaite » lance le président écartant au passage toute possibilité pour le conseil constitutionnel de se pencher sur la licéité de sa démarche. Mais cela parait même normal dans la logique suivie par le président tout au long de la conférence. Un président désarçonné par le vote des sénateurs et qui tente de se réaffirmer, de réasseoir son pouvoir chancelant et sachant qu’un énorme ressort à céder ce vendredi.

En filigrane, le président affirme aux sénateurs que quoiqu’ils aient entrepris le référendum projeté consacrera la dissolution de leur chambre. C’est comme si les résultats du référendum étaient connus d’avance. Psychologiquement, le président est profondément atteint par cette déconvenue du sénat mais ne veut rien laisser transparaitre. Recherche vaine. Il accusera ces sénateurs d’illégitimes après avoir gouverné avec leurs lois toutes ces années durant.

Une attitude quelque peu machiavélique où le président ramène tout à sa personne. Les innombrables «Je » suffisent pour mesurer l’ampleur de cette tentative pour un président habitué à ce que son sérail lui obéisse sans coup férir. Ce n’est certainement pas une formule mais il y aura un après Vendredi 17 mars !

Interpelé sur ses intentions de sévir dans son camp, le président rappelle aux journalistes que «c’est moi qui nomme et c’est moi qui sanctionne. Cela ne regarde ni la presse, encore moins l’Opposition». Réponse bien chevaleresque pour l’hôte.

D’ailleurs, plus question de « mise en scène » de dialogue politique ironise le président Aziz qui s’enferme dans sa logique jusqu’au-boutiste. Il se suffit de son opposition « participationniste ». Celle qui est là. Qui somnole, se lasse et qui sursaute pour applaudir, sans savoir la teneur du propos.

Le président veut rassurer ceux qui le poussent dans ce raisonnement. D’un revers de la main, il affirmera qu’aucun dialogue politique ne sera étendu à l’Opposition «radicale », «extrémiste». L’Opposition traditionnelle paye ainsi pour la fronde des sénateurs de sa Majorité.

Fort de ses certitudes le président Aziz révèle que le coût du référendum était déjà budgétisé pour l’année 2017. Six milliards d’ouguiya qu’il aurait voulu dépenser – sans cette consultation référendaire- pour construire «des écoles, des postes de santé ». Le président veut se montrer généreux mais les journalistes l’interpellent encore sur la situation économique. Pour le président «on est dans le meilleur des mondes possibles ».

La preuve, la richesse serait saillante. La pauvreté l’est encore plus. Assurément, le président est aujourd’hui déconnecté de la réalité des populations. Mais il y a une chose qu’il sait profondément, l’endettement du pays que le Fmi et la BM décrivent comme devenu insoutenable devrait le ramener à diluer son satisfécit. Pour toute offre politique, le président qui de temps à autre riait d’un rire nerveux sait probablement plus que tous que cet optimisme béat est juste un leurre.

Prisonnier de ses propres prismes, déformés par un entourage glouton, le président Aziz n’a jamais semblé aussi peu sûr de lui que quand il assène que quoique le Peuple décidera au lendemain du référendum projeté qu’il ne démissionnera jamais…

JD



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Commentaires (13)

  • jomdiine (H) 29/03/2017 14:11 X

    Un conférencier qui n'a pas de niveau ne doit pas exprimer en langue du travail,plutôt en langue nationale.

  • netali (H) 25/03/2017 12:31 X

    Mes compatriotes vraiment si on est véridiques et sincéres ce monsieur ne mérite vraiment pas d'être à la tête de ce pays moins encore les membres de son entourage comment quelqu'un peut il réflaichir comme ça si on te parle de la pauvreté tu parle du parc automobilier, des voayges, ou des goudrons mais qui achetent ou volent meme les voitures a l'extérieurs (***) qui partent en voyage (****) et le goudron mon cher on le mange pas et c'est meme inutile parce que vu le désordre qu'il ya dans le pays les chauffeurs ne roulent jamais sur les goudrons toujours préssé

  • bleil (H) 24/03/2017 00:08 X

    La Mauritanie est très fragile, ses institutions extrêmement jeunes et manquent cruellement de compétences pour un fonctionnement normal ; d’où l’intérêt de faire du rodage démocratique. Le traitement cavalier des pauvres journalistes – au cours de l’apparition télévisé du PR- qu’on envoie valser et sans égards est réellement choquant, mais surtout symptomatique d’une gouvernance angoissée ; en démocratie on respecte les journalistes, les libertés, les juges et bien entendus les élus du peuple. L’hystérie actuelle pour des amendements constitutionnelles qui ne font pas l’unanimité dénote également avec une certaine propension aux excès en tout genre que les membres de la majorité manifestent à l’égard de l’opposition qui fait partie intégrante de tout gouvernance démocratique respectable.

  • doudou19 (H) 23/03/2017 23:15 X

    Personnellement je tire chapeau à Aziz. Il n'a pas froid aux yeux de nous montrer ses griffes pour nous dire qu'il n'y a point d'hommes. Cela me rappelle où Ould Boilil disait à Kiffa qu'il n'y a que deux hommes: lui ou le bulldozer. Si Aziz sentait qu'il y a une peuple ou des hommes avec des grosses (***) ou une quelconque force qui allait s'opposer à son but ultime; une immunité , il aurait tenu un autre langage. C'est pour cela qu'il s'entête à s'accrocher à un pouvoir qu'il ne quittera que mort ou sur une civière. Pourquoi un amendement de la constitution alors qu'il est dans la fin de son mandat? Que cherche t-il au juste? Veut-il mettre la Mauritanie en péril? La toile de fond de cet amendement constitutionnel n'est pas encore dévoilée.

  • dollby (H) 23/03/2017 22:18 X

    Bonsoir lagoonga! Vous bien avez raison, la TVM nous a présenté hier soir la comédie d'Aziz "à chacun sa CON-stutition". C'est la version mauritanienne de la Folie des Grandeurs de Louis De Funès.

  • lagoonga (H) 23/03/2017 20:13 X

    C'est du wakh wakett, il disait que le référendum coûterait cher étant certain de la réussite de son coup,maintenant il revient dire que les sénateurs ne peuvent pas à eux seuls de s’exprimer au nom des mauritaniens, un vrai comédien ce président, si seulement il se lancerait dans le cinéma il sera plus populaire que Louis De Funès.

  • dollby (H) 23/03/2017 19:02 X

    Malgré les frasques de notre Louis XIV hier soir, il était complètement effondré de l'intérieur. Nous avons vu homme malheureux, déchiré, excité à la limite de l'arrogance, inconforté et inconfortable devant ses hôtes. Avec son complexe morbide de paternalisme extravagant pour le pays, il s'est permit de se mettre au-dessus même de la République, au-dessus de la démocratie.. et du Peuple, en martelant qu'il n'est pas né pour démissionner ni pour être vaincu. Une sorte de despotes chevronnés que l'on a cru révolue et déchue. Hier soir, le président Aziz a mérité une place de choix au sein d'une caste de dirigeants égotistes et aveuglés par la folie des grandeurs, qui sont entrés dans l'histoire par hasard et, qui en sont ressorti un hasard. Des despotes qui se sont distingués pour ne faire respecter que leurs propres décisions chancelantes, imposer leur autoritarisme absolu de la manière étrange la plus étrange et la plus brute. Cette catégorie de despotes ne n'ont jamais étaient des hommes d'Etat, mais des hommes de Pouvoir tout court, dont les noms se sont ancrés dans l'histoire du mal et de l'arbitraire: Néron, Al-Hajaj, El-Hakem bi Emrillah de l'ordre fatimide, Robespierre, Hitler, Ivan le terrible, Pol Pot, Attila le Hun, Mussolini, Batista, Bokassa .. et la liste se prolonge..

  • kalidou gueye (H) 23/03/2017 18:37 X

    " Il y a un mensonge, le vrai : quand un homme ferme les yeux pour ignorer la vérité ; quand un intellectuel troque sa conscience et son âme pour des biens matériels ; quand par peur de la mort ou simplement de certains désavantages, un homme sourit au malfaiteur, au tyran et au voleur ; et quand un dirigeant agit comme s'il avait inventé son pays, quand il ruse avec les lois. Ce mensonge tue les hommes et les nations, " a dit Norbert Zongo.

  • KANTAKI (H) 23/03/2017 17:57 X

    Monsieur le Président, J’ai suivi votre intervention, elle est globalement bonne, mais elle n’est pas bonne sur les aspects essentiels, constitutionnels notamment. Sur les décomptes arithmétiques, décrivant « la modicité » du vote sénatorial, c’est inacceptable, car le Président ne peut que respecter l’institution et son vote. C’est constitutionnel. L’article 38 ne concerne pas la constitution, spécifiquement visée dans le chapitre xI, veuillez lire SVP, pas besoin d’un constitutionaliste pour cela, c’est exprimé en français simple et en arabe simple dans le texte original. Vous avez déclaré avoir budgétisé les 6 milliards nécessaires, cela vous défavorise car vous n’aviez pas à anticiper les dates car vous n’aviez pas encore l’accord des chambres pour solliciter le peuple ! Monsieur le Président, je suis l’un des plus forts soutiens pour d’autres raisons, svp ne vous mettez pas en danger, car cela autorise tout en votre défaveur et en défaveur de nos projets essentiels les plus forts. L’article 38 ne concerne pas la constitution, svp, lire, ne vous faites pas dicter le texte car l’article 38 non seulement ne concerne pas la constitution et c’est clair, mais ne peut même pas autoriser une consultation, car l’article 99 est un frein structurel pour y aller… SVP, n’y allez pas vous êtes en danger, en grad danger….

  • Mancunien (H) 23/03/2017 17:36 X

    L'etat c'est moi et bien en tout cas c'est très bien clair cher monsieur . Tu n'est pas le premier à l'avoir dit , PHIRAOUNE dans dit dans un contexte plus morose et plus explicite . Mais t’inquiétè , car meme tu refuse devant nous , mais au font de toi même , tu es sur de la grandeur de Dieu .Il nous suffit , et notre destin n'est guère entre tes mains . A mes compatriotes je vous serrez vous la ceintures car le chemin sera long et difficile , mais In chaa ALLAH , ALLAH que nous croyons ne nous laissera jamais tomber .

  • Babakar1940 (H) 23/03/2017 16:56 X

    TOUCHE PAS À MA CONSTITUTION⚔️

  • farouq (H) 23/03/2017 16:42 X

    il est très gonflé. de toute façon nous n'avons besoin de referendum car le peuple s'est déjà prononcé.

  • donogaladiegui (H) 23/03/2017 16:40 X

    Des applaudissements nourris dans la salle , c'est vraiment triste ....ces béniouiouis applaudissent pourquoi ? Le président à dit tout simplement que c'est lui la Mauritanie, il n'y a pas de majorité ,pas d'opposition , pas de sénat ,pas de constitution ni d'assemblée nationale , il n'y a que JE c'est à dire lui .