22-11-2017 08:00 - Fin du second mandat du président: Où donner de la tête?

Fin du second mandat du président: Où donner de la tête?

Mauriweb - Le régime n’est pas serein. Plutôt fébrile avec l’approche inéluctable de la fin du second mandat du président. Une fin de règne qui donne à réfléchir dans ses arcanes. Quelle issue privilégiée dans un pays gangrené par la crise politique et économique et où les acquis de libertés rétrécissent comme peau de chagrin?

Ce qui est aujourd’hui certain est que le président Aziz semble usé par plus d’une décennie d’exercice solitaire du pouvoir. Qu’il est lui-même prisonnier de sa logique de « ça passe ou ça casse ». Entourés de laudateurs de tout acabit, il perd, chaque jour, un peu plus, sa lucidité des premiers jours.

Pressenti pour les grandes loges de l’histoire, l’ex-président des pauvres se cherche aujourd’hui dans une scène d’ombres chinoises. Mais un malheur ne vient jamais seul. Dans la réalité depuis son accession au pouvoir, le président Aziz ne cesse d’improviser faute de programme sérieux pour développer le pays en vue de sortir le citoyen de la promiscuité économique et sociale.

Neuf ans que ça dure. Le bilan n’est même pas mitigé eu égard aux richesses incommensurables perdues. Le bilan est peu flatteur pour celui qui prétendait à son arrivée transformer le pays en « El Dorado». Mais depuis une dizaine d’années, le régime en place se livre à une véritable campagne de démolition grandeur nature de tout ce que les mauritaniens ont construit sur les quarante dernières années.

La nuit, tous les chats sont gris !


Quand le 17 mars 2017, les sénateurs de la Majorité renvoient aux calendes aziziennes d’août 2017 son projet de référendum, un véritablement bouleversement politique annonce le sort et l’emprise politiques du président Aziz dont le mandat constitutionnel s’expire à petits feux. Un revers que celui qui «ne sait pas perdre» n’a jusqu’ici pas digéré, en dépit de l’organisation d’un référendum le 5 août 2017 aboutissant aux réformes lorgnées: dissolution de la chambre des sénateurs et modification de l’hymne et du drapeau nationaux.

La grave crise économique dans laquelle se débat le pays avec un surendettement insoupçonné, près de 80% du PIB, crée un effet de bulle entretenu par la perfusion des bailleurs de fonds comme le FMI avec lequel un programme économique et financier est prévu entre 2017 et 2020 pour atténuer le surendettement que l’économie du pays ne peut soutenir.

La dilapidation des ressources, entre 2009 et 2013, malgré la rente extraordinaire des richesses naturelles diverses, a encore aggravé la récession liée à la chute des prix de la rente minière notamment le fer. Une situation qui loin d’être jugulée met à nue l’échec de gouvernance de la Snim principale société industrielle du pays qui pourvoit à 75% du budget de l’Etat contrainte aujourd’hui à se serrer la ceinture.

Pire encore, le secteur de la pêche n’a fait que créer des fortunes parmi le sérail du président au détriment du partage « social » de la manne financière. Tout le monde a encore à l’esprit les « milliards » gagnés «proprement » par une personne à la tête de la délégation de la surveillance des pêches…pendant que la majorité des mauritaniens n’arrivaient pas à joindre les deux bouts. Désobligeant pour le président- interpelé sur l’affaire- qui a tenté de camoufler la couleuvre parlant de « propos de campagne électorale».

Le contexte économique, pour ainsi dire, aggrave la crise politique dont la seule bouée pour le régime est l’intérêt porté par la Communauté internationale à la lutte contre le terrorisme dans les confins du Grand Sahara et la promotion du G5 pour glaner encore et toujours de l’argent. Mais depuis 2009, le pays, lui, patauge dans une bipolarisation qui le mine de l'intérieur. La gestion à la baionnette est la seule de mise dans ce contexte de défiance sociale.

Aucune croissance inclusive, le chômage reste endémique parmi la population jeune ; encore moins de réduction de pauvreté parmi la majorité des mauritaniens totalement déshérités. Toute cette litanie ne semble efficiente pas à ce jour. La Mauritanie, en dix ans, en est encore à la case-départ et cela nonobstant les énormes opportunités. Malgré l’effort du régime dans l’équipement de l’armée, le pays reste un terreau fertile pour le recrutement des jeunes, chair à canon pour des organisations terroristes violentes aux mille tentacules favorables au recrutement du fait des frustrations en tout genre.

Il faut donc croire que les cent soixante deux millions de dollars qui seront injectés, sur trois ans, par le Fmi en Mauritanie pour permettre au gouvernement de poursuivre ses réformes n’auront que l’effet d’un coup d’épée dans l’eau sur le plan social. A la démission de l’Etat dans la bonne gouvernance des ressources publiques, tous les rapports des institutions internationales y compris celles affiliées aux bailleurs eux-mêmes attestent que le pays est encore loin, très loin de la norme pour faire de l’activité privée un moteur de croissance partagée. Ce qui d’ailleurs explique le peu d’investissements directs étrangers et le démantèlement de sociétés étrangères désabusées de faire du business proprement. A part, l’appât du gain, celles qui sont restées se retrouvent dans l’œil du cyclone de la justice américaine.

« Tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser» (L’esprit des Lois, Montesquieu)

Comme pour tout régime autoritaire, la gestion du président est au-dessus de tous les commérages. En Mauritanie tout est presque permis aujourd’hui y compris le blasphème. On peut même écoper d’une sanction plus sévère (3 ans) quand un étudiant jette sa chaussure contre un ministre. Tout ce qu’il ne faut pas faire c’est une seule chose : s’opposer à la gestion des affaires publiques par le régime qui contrôle tout. Absolument tout. La séparation des pouvoirs n’est ici qu’un vain mot. Malgré leurs postures et leurs velléités d’indépendance de l’exécutif, les décisions de justice sont bafouées quand elles n’ont pas l’aval du «Che »!

Le dernier cas d’une maman munie d’une autorisation du juge d’instruction pour rendre visite à son fils en prison et déboutée par les autorités carcérales au motif que le régime ne l’a pas autorisée en dit long sur cette effectivité de l’indépendance de l’appareil judiciaire. Dans la réalité, le prisonnier un sénateur, Mohamed Ould Ghadda, est l’un des adversaires téméraires aux réformes constitutionnelles engagées par le président.

Ici plus qu’ailleurs, la dignité du citoyen n’a plus aucun sens. L’affaire du jeune manifestant dépouillé de ses habits et livré aux yeux du monde fait encore le buzz sur la toile. Le spectacle offert est ahurissant de bêtise humaine. Sale temps aussi pour les médias. Entre mauvais traitement de la police lors des couvertures des derniers événements (http://mauriweb.info/node/4001) et mise sous contrôle judiciaire par la tête du régime pour leur ligne éditoriale, les journalistes sont aussi des ennemis à abattre. Ces derniers, comme lui d’ailleurs, avaient bénéficié des largesses d’un opposant que le régime ne porte plus en estime. Seule charge retenue contre eux!

Il est de plus en plus évident que notre pays enregistre un recul dangereux dans sa démocratisation, un pays où tous ceux engagés contre l’arbitraire se trouvent, dans la logique de la violence de la pratique du Pouvoir, dans un immense cachot. Voilà ce que le régime propose depuis une décennie à ses concitoyens.

J.D



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Commentaires (5)

  • leguignolm (H) 22/11/2017 14:23 X

    Et oui, il a mis des goudrons partout au pays même si leurs états sont devenus intenable! Et oui; il a construite des usines même si elles sont fermées après le jour de leurs inaugurations! Et oui, il a posé pas mal des tas des pierres même si leurs réalisations n'auront jamais eu le jour! Et oui, par il a renvoyer les pêcheurs étrangers même si sa population restera sans poisson! Et oui,il a et il a encore il a par tout!

  • aminatat (H) 22/11/2017 13:42 X

    Contrairement à ce que vous pensez, le président aziz est serein et lucide.si vous étiez de bonne foi, vous allez mentionné dans votre papier toutes les avancées du pays depuis l'arrivée au pouvoir du président aziz. les institutions fonctionnent et les avancées démocratiques sont nombreuses, en témoignent la liberté d'expression qui vous permet d'accuser à tort le président. votre intention est de nuire et ça vous n'y arriverez pas car le peuple mauritanien est avec le président.

  • foutatoro (H) 22/11/2017 12:27 X

    Eh oui, le branle bas le combat est en cours au coeur du régime pour trouver une unième pirouette pour garder le pouvoir compradore.

  • cccom (H) 22/11/2017 10:52 X

    Mauriweb, Le régime n’est pas fébrile mais plutôt serein du fait de ses réalisations sociales et économiques. Une preuve par 4 loin d’être exhaustive est qu’Aziz inaugure aujourd’hui une multitude projets dont la mise en eau du Canal ouvert de l’Aftout Essahel, promis par la France à Saint Louis en 1958 d’il y a 60 ans, puis à chaque 28 Novembre par Me Mokhtar Ould Daddah jusqu’en 1978. puis Maaoouiya qui avait sollicité l’appui de l’Irak et de la Chine sans succés. Etant que je revendique régulièrement ce projet depuis 30 ans et déplorant que nos eaux du Delta étaient affectées à l’engraissage des oiseaux migrateurs des Parcs européens, phacochères ou déversées dans l‘Océan j’aurais aimé serrer la main aujourd’hui à Aziz sur le site de Naymatt pour le féliciter pour ce prestigieux projet. Hier la station solaire de 100 MW de Boulenouar et l’usine de desalement de Nouadhibou et l’inauguration du labo de culture in vitro d’Atar annoncent certainement la valorisation du Sahara de Wilayas du Nord dans des forêts de palmiers modernes télé-irrigués créateurs de centaines de milliers d’emplois dans des palmiers modernes pour ne citer que ceux là. Je demande à nos oppositions politiques d’être moins nihilistes en nous proposant plutôt des programmes de développement plus constructeurs du pays dans les domaines de l’Education de l’emploi , de l’agriculture meilleurs que ceux que nous (critiques pointus de la société civile mais objectives) proposons à Ould Abdel Aziz.….sur la presse numérique et facebook.com/cheikhany.ouldsidina

  • mystere1 (F) 22/11/2017 09:18 X

    Oh oui Mr le prési MOAZ, nous sommes à l'entrée de l'année de la veille fin du mandat présidentiel, et le peuple se questionne, "du qu'adviendra le pays après le règne du prési?, qui sera son successeur? ou bien est ce lui même qui est son propre successeur répétitif? des questions qui préoccupent le peuple ! cependant laissons le destin faire inchaallah dans la paix et serenité par la Volonté Divine.