28-11-2017 13:51 - Mauritanie : Le discours du Président Ibrahima Moctar SARR

Mauritanie : Le discours du Président Ibrahima Moctar SARR

AJD/MR - Mesdames et Messieurs les invités,

Militantes et Militants de l’AJD/MR

Pour les gens de mon âge et ceux plus âgés, nous ne pouvions pas imaginer que la fête de l’indépendance que nous célébrions le 28 novembre 1960, allait devenir notre « novembre noir ».

IL y’ a de cela 27 ans, jour pour jour, le 28 novembre 1990, la tristesse a chassé la joie qu’inspirait cet anniversaire de notre accession à la souveraineté internationale.

En effet, la veille, dans la nuit du 27 au 28, 28 de nos vaillants soldats tous négro-africains, incarcérés dans la caserne d’Inal, au total 8 sous officiers et 20 hommes de troupe, choisis au hasard parmi plus d’une centaine de personnes tous haalpulaar, au motif d’un complot imaginaire, ont été pendus publiquement par leurs compagnons d’arme.

Cette année de triste mémoire, a vu périr en fait plus d’une centaine de personnes, civiles et militaires ,tuées sans aucune raison valable sinon la volonté d’un système, par le biais de certains de ses exécutants aux mains tachées de sang, de procéder à un véritable génocide pour dénégrifier la Mauritanie.

Certains ont été froidement exécutés et en public devant leurs proches, empêchés de leur donner une sépulture digne, d’autres ont rendu l’âme à la suite de tortures, d’autres enfin ont été enterrés vivants, des femmes ont été violées devant leurs proches. Les pillages et les bastonnades ne se comptaient pas.

Voilà pourquoi l’AJD/MR, à la suite du combat des veuves et des orphelins et tous les patriotes qui ont fait de cet anniversaire un jour de deuil, l’a inscrit comme tel depuis sa naissance.

Cette épuration ethnique sans précédant dans notre pays, terre d’Islam, est venue élargir le fossé déjà assez grand, entre nos composantes nationales. Celles ci sont divisées par un système ségrégationniste, féodal et esclavagiste, aujourd’hui arrivé à terme, malgré les changements de régime intervenus depuis, rendant la réconciliation nationale presque impossible.

En effet, les nouveaux tenants du système, n’ont pas réussi, malgré toutes les acrobaties utilisées, à faire oublier ce triste jour de la mémoire des victimes et des mauritaniens épris de paix et de justice.

En s’appuyant sur la loi 93/23/ du 14 juin 1993, ils refusent de répondre à la demande pressante de justice formulée depuis toujours par les ayants-droits des victimes, les rescapés, ainsi que les militants des droits de l’homme toutes nationalités confondues.

. Cette loi portant amnistie d’un certain nombre d’infractions commises au sein des forces armées durant la période qui s’entend du 1er janvier 1989 au 18 Avril 1992, au lieu de créer un climat de cohésion et de paix sociale, continue d’alimenter les débats sur l’identité des véritables bénéficiaires.

Même si, en dépit de cette loi , les auteurs de ces infractions , identifiés, par les ayants-droits des victimes et les rescapés, appuyés par les militants des droits de l’homme en Mauritanie et sur le plan international , ont fait l’objet de poursuite et en demeurent susceptible par la justice internationale. L’AJD/MR avait toujours privilégié un règlement interne dans le cadre d’une justice processuelle, pour mieux favoriser les retrouvailles nationales , par l’abolition de cette loi scélérate de 1993.

C’est pourquoi, le parti avait pris l’initiative d’une grande marche vers l’assemblée nationale, qui a mobilisé l’ensemble des organisations, réclamant le règlement de cette question pour remettre aux députés une lettre les exhortant à procéder à l’annulation de cette loi d’amnistie.

Les quatre députés élus du parti, ont pris sur eux, dès l’ouverture de la présente législature, d’introduire une proposition de loi abrogeant la loi de 1993. Je ne m’attarderai pas sur les tracasseries de l’administration parlementaire qui a usé de tous les subterfuges pour retarder l’envoi de la proposition de loi au gouvernement.

Maintenant que cela a été fait devant notre insistance, c’est le gouvernement qui fait la sourde oreille, pour ne pas répondre. La balle est à présent dans le cas de l’assemblée nationale ou il faut convaincre la majorité des députés, ce qui ne sera pas une tache facile.

L’AJD/MR va épuiser toute la procédure administrative comme celle qu’avait suivie la loi de 1993 avant d’envisager d’autres actions et recours que nous dévoilerons le moment venu.

Les mauritaniens doivent tous travailler dans le sens de l’abolition de cette loi qui a pris la forme d’un crime avoué. Ce genre d’infractions ne peut en aucun cas faire l’objet d’une amnistie ce qui serait contraire à la charia islamique. En effet, pour l’Islam l’Etat n’est pas habilité à absoudre des crimes de sang sans au préalable identifier nommément les auteurs de ces crimes mais aussi et surtout, après avoir pris l’aval des ayants-droits.

En allant célébrer le 28 Novembre à Kaédi , au regard de ce qui vient d’être dit , on a comme l’impression que le coupable revient sur le lieu de crime pour parader et démontrer à la face du monde, malheureusement trop silencieux , que la cause est entendue! Le drapeau modifié et taché du sang de nos martyrs va flotter au bord du fleuve, au son d’un nouvel hymne totalement arabe, ou les références à l’existence d’une Mauritanie plurielle sont totalement bannies.

Pour notre part nous continuerons à porter le deuil de tous ceux qui sont victimes de ce système inique jusqu’à ce que justice soit faite. Qu’Allah nous assiste !

Ibrahima Moctar Sarr
Président de l’AJD/MR



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Source : AJD/MR
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Commentaires (3)

  • boubou_kibili (H) 28/11/2017 15:45 X

    Ce débat est sérieux et je trouve honteux que des commentateurs se rabaissent en faisant ces commentaires indignes. La réalité est têtue et parler etc les faits. Laissez Taya et son système avec leur fardeau mais aussi aux Députés negro mauritaniens (Kane et Camara) qui vivent encore prendre leur responsabilités dans le passage e. Force de cette loi bidon par l'AN qui n'a fait qu'envenimer les choses. Je pense et l'UFP vient de donner la voie en réclamant que justice soit faite sinon tôt ou tard cela degenera car les fils et petits fils ne peuvent continuer dans ces conditions des bourreaux de leurs parents ou des mauritaniens et invoquer l'islam est malhonnête car notre Saints Religion a encadre cela. Le 28 novembre est devenue une tristesse et non un joie pour de nombreux mauritaniens.Cette armée a un tache qui si on sépare pas la graine de l'ivraie ira avec dans ses l'ombre au jugement dernier et Taya ni ses soutiens n'y pourront rien.

  • medabdul (H) 28/11/2017 14:35 X

    a mon avis, je pense que ce débat est vraiment creux, Ibrahima Sarre peut bien se pavaner avec ses boubous de thiollo,les poches pleines de sou de l'assemblée et raconter des bobards,les flam en 1986.1987 avec leur manifeste imbécile et leur coup de 87 et avant les 19 en 1966 sont les causes de tout cela, les toucouleurs ne font que 10% DE CE PAYS,de quel droit ont ils plus que les harratines et autres? (***)

  • mohamed w.l (H) 28/11/2017 14:03 X

    Le débat sur ce dossier ne peut s'engager sans admettre le rôle premier du Flam dans les "pogroms anti-maures" au Sénégal qui ont précédé les exactions ici. Les racistes qui continuent à se servir de ce dossier comme étendard pour culpabiliser toute la communauté maure ne cèderont devant quelque volonté de règlement que ce soit de cette question qui les nourrit! Ils ne cherchent pas à ce que les coupables soient identifiés et sanctionnés parce que pour ces ennemis de la Mauritanie la cible c'est le maure! A bon entendeur... Balas prend part au abois des traîtres de la nations le feuilleton continu