05-04-2018 13:51 - Sahara occidental : « L’Algérie finance, l’Algérie abrite, l’Algérie arme », accuse Mohammed VI

Sahara occidental : « L’Algérie finance, l’Algérie abrite, l’Algérie arme », accuse Mohammed VI

Jeune Afrique - Dans un message adressé au secrétaire général de l'ONU, le roi du Maroc a plaidé, avec des mots très durs, pour qu'Alger prenne part aux négociations sur ce conflit historique. Un signe que la tension est forte, à quelques jours de la prochaine session du Conseil de sécurité, le 25 avril.

Jamais le roi du Maroc n’a été aussi frontal dans ses accusations à l’encontre de l’Algérie. « L’Algérie a une responsabilité flagrante. L’Algérie finance, l’Algérie abrite, l’Algérie arme, l’Algérie soutient diplomatiquement le Polisario », a-t-il écrit au secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans un message qui lui a été remis mercredi 4 avril par le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, actuellement en visite à New York.

« Casus belli »


Derrière sa colère, des « incursions » d’éléments du Polisario dans les zones administrées par l’ONU récemment dénoncées par les Marocains mais tout de suite démenties par l’ONU. Rabat persiste pourtant à dire que des éléments du Polisario ont bel et bien pénétré à Tifariti et à Bir Lahlou, à l’est du mur de défense marocain, et dénonce « une grave violation de l’accord du cessez-le feu de 1991 ».

Pour preuve, le ministre marocain a exposé devant le secrétaire général de l’ONU des images aériennes – prises par un satellite militaire marocain – montrant des travaux entrepris par le Polisario dans les zones précitées afin « d’ y transférer leur ministère de la Défense et le siège de la présidence de leur République ».

« Des images du 8 août montrent qu’il y avait des fondations dans cette zone. Une autre image du 26 mars montre que les constructions sont complétées et des casernes militaires sont déjà là », a déclaré Nasser Bourita selon l’agence officielle MAP. Pour les Marocains, le Polisario cherche à changer le statut juridique de cette zone régie par le droit international afin de s’y établir « par la force ». « Si rien n’est fait, le Maroc considérera cet acte comme un casus belli et en tirera toutes les conséquences », ont-ils menacé.

La RASD dénonce « des provocations »

Pour le moment, les autorités de la RASD communiquent au minimum sur cette levée de boucliers chérifienne se contentant de « réfuter catégoriquement les allégations totalement dénuées de fondements portées par le représentant du Maroc auprès des Nations unies ».

« Le Maroc est déjà en train de chercher des prétextes pour se désengager du processus de paix onusien », estime le Polisario, dans une déclaration relayée par Sahara Press Service, l’organe de presse de la RASD, dans laquelle le mouvement dénonce également la « rhétorique agressive du Maroc ».

Ce n’est pas la première fois que le Polisario organise des activités officielles dans ces zones tampons gérées par l’ONU. Que ce soit à Tifariti ou à Bir Lahlou – que le mouvement considère comme des « zones libérées » – il a notamment l’habitude d’y célébrer des défilés militaires. Son ancien chef, Mohamed Ould Abdelaziz, est même enterré à Bir Lahlou, localité où a été proclamée la République arabe sahraouie démocratique (RASD), il y a 42 ans.

En mars 2016, l’ancien secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, y avait fait escale, suscitant l’ire de Rabat et le déclenchement d’un long bras de fer entre lui et le royaume chérifien.

Ce que redoutent les Marocains en réalité, c’est que ces incursions répétées se transforment en fait établi. Ils citent l’exemple de Guergarat, zone gérée par l’ONU sur la frontière mauritanienne où le Polisario a installé du matériel militaire et tente depuis août 2016 de bloquer les convois commerciaux.

Nasser Bourita a effectué, lundi 2 avril, une visite à Paris – La France, membre du Conseil de sécurité, est un allié stratégique du Maroc sur la question du Sahara – afin d’y rencontrer son homologue, Jean Yves Le Drian. Deux jours plus tard, il s’est envolé à Washington pour rencontrer le Secrétaire d’État par intérim, John J. Sullivan.

D’ici le 25 avril, date à laquelle le Conseil de sécurité devra adopter une nouvelle résolution sur le Sahara, la tension restera donc à son maximum. D’ici là, Rabat n’a qu’une idée en tête : ramener Alger à la table des négociations et faire admettre à la communauté internationale la responsabilité algérienne dans le conflit qui l’oppose au Polisario depuis plus de 40 ans.

Par Nadia Lamlili



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Source : Jeune Afrique
Commentaires : 1
Lus : 2719

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (1)

  • samba el bakar (H) 06/04/2018 10:07 X

    Et nous voilà répartis pour un tour dans la mise à mort de l’UMA. La suspicion et la rancœur entre le Maroc et l’Algérie sont latentes entre ces deux pays voisins que pourtant tout devrait réunir. Le problème du Sahara n’est que le terreau favorable à entretenir l’inimitié voire l’antagonisme entre les deux Pays depuis leur affrontement armé de 1963. De l' autre côté la MAURITANIE à son corps défendant reste le maillon faible avec qui les alliances se font tantôt contre l’un tantôt contre l’autre. Mais jamais avec. Ce jeu de basculement trouve son origine dans l’Histoire relativement récente du Maghreb : Après une reconnaissance du bout des lèvres de l’existence de la MAURITANIE, le Maroc a réussi le tour de force de la retourner contre l’Algérie dans l’affaire du Sahara en 1975.Et pourtant avec l’Algérie c’était les grandes amours : construction d’un pavillon dit Mauritanien dans la Cité Universitaire de Bouraoui Ammar d’El Harrach, formation des militaires et Étudiants Mauritaniens. En plus ,ouverture d’une ligne aérienne sans rendement Alger-Nouakchott.Le manque d’enthousiasme de la MAURITANIE pour participer activement à l’édification de l’UMA est à mettre sur le compte de la conception des ultrachauvins Mauritaniens qui ne se retrouvent pas dans leur quête d’arabité dans le métissage culturel des populations Maghrébines.Enfin,franchement, le fauteuil vide à Alger ne fait que favoriser les surenchères à exporter dans la guerre de succession que se livrent les différents clans du Pays.