05-11-2018 11:54 - Vidéo. Système de caste en Mauritanie : Encore un cadavre sous le lit : Note d’alerte

Vidéo. Système de caste en Mauritanie : Encore un cadavre sous le lit : Note d’alerte

IRA-Mauritanie - Le 23 octobre 2018, à Nouakchott, dans l’un des appartements de location de l’immeuble Sahraoui, commune résidentielle de Tevragh Zeina, le jeune Mohamed Lemine Ould Khalifa Ould Eyde, meurt des suites de coups et blessures volontaires, à l’arme blanche.

Les premières constatations de la police imputent l’acte à Limam Touhami, beau-frère du susdit. Blessé, la veille, la victime restera séquestrée, jusqu’à perdre connaissance. Durant 20 heures, les auteurs de l’homicide s’appliqueront à lui prodiguer, in situ, des soins sommaires, pour éviter le scandale.

Le lendemain, à 16 heures, l’infirmier qui tentait de le maintenir en vie - un proche parent du meurtrier - décide de faire transporter Ould Eyde, à la clinique Kissi où il décède. Ce dernier avait épousé, en mésalliance, Roughaya Mint Touhami, de la tribu guerrière des Oulad Ahmed, à cheval entre les régions du Brakna et du Trarza.

Ould Eydde, lui, descend d’une prestigieuse lignée de griots (Igawen), un groupe que les Maures, cependant, réputent inférieur par la naissance. L’union subversive suscitait des tensions au sein de l’entourage familial, d’autant que les conjoints résistaient à toutes les pressions les incitant à se séparer.

La veuve et son frère, aussitôt écroués pour les nécessités de l’enquête, plaident l’accident, consécutif à une altercation. Les témoins, en majorité, confirment le piège, donc la préméditation. Une vidéo, en Arabe, interroge l’évènement (voir à la fin du texte).

Depuis, des réunions de tribu se succèdent pour entraver la chaine pénale, dans le cadre du prix du sang (Diya). La formule d’impunité permet d’occulter la demande de justice, sous des considérations immémoriales de « redevabilité » mutuelle dans l’épreuve, un processus de substitutions aux représailles, par le jeu combiné de la solidarité et de la compensation matérielle. La société maure y recourt, souvent, en marge de l’Etat et des lois. Le procédé permet d’empêcher la vendetta ; ainsi s’exerce-t-il aux dépens du droit, qu’il contourne et vide de sa vocation.

IRA – Mauritanie rappelle, ici, que les hiérarchies héritées marquent encore la mémoire primitive, aussi bien des arabo-berbère que des négro-africains, même si la réaction s’avère moins radicale parmi les seconds.

Le sentiment de supériorité génétique façonne le présent des rapports humains, au point de contrarier, voire d’interdire la faculté, pour un homme, d’extraction modeste, d’épouser une fille d’un degré de noblesse plus élevé. Bien entendu, les entorses et infractions à l’usage se multiplient mais se paient parfois au prix de la vie quand l’intimidation et les privations ne produisent l’effet de dissuasion escompté.

L’impunité de telles atteintes à l’intégrité du corps et de la vie constitue l’épilogue mécanique au crime d’honneur, commis pour préserver la pureté de la généalogie. D’ailleurs, des jurisconsultes musulmans s’évertuent, dans de rares cas, à auréoler la pratique d’une caution religieuse.

Il convient, aussi, la banalisation quasi-prévisible d’une « bavure » dont trépasse un noir d’ascendance subsaharienne, en particulier un rejeton d’esclave, comme l’illustre l’élimination de Mohamed Ould Matalla, le 12 juin 2018, par une patrouille de police, à Nouakchott. Selon le Ministre de l’Intérieur Ahmedou Ould Abdallah, une crise cardiaque explique sa mort dans un commissariat, au cours de la garde-à-vue.

Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste en Mauritanie

Nouakchott, le 5 novembre 2018









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Source : IRA-Mauritanie
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Commentaires (3)

  • Bertrand (H) 06/11/2018 16:24 X

    Keletegui (H). Bien noté

  • Keletegui (H) 05/11/2018 13:12 X

    Bertrand (H) le regret intervient généralement pour ne pas dire forcément, après que le meurtre est commis.Dans ce cas de figure on voit bien que le criminel est sa complice ont prémédité leur acte pour avoir réuni tous les éléments 1) l'intention coupable,2) l'élément matériel ( le couteau) et 3) l'acte proprement dit ( acte consommé). Je ne pense pas qu'ils aient eu une quelconque pitié vis à vis de leur victime et leur intention on le voit bien , n'était pas de le caresser dans le sens du poil. Sachez enfin que le motif évoqué a toujours servi d'alibi pour certains illuminés, des féodaux sales et puants, d'éliminer d'innocentes personnes dont le seul tort est d'être aimable

  • Bertrand (H) 05/11/2018 11:16 X

    C'est criminel, c'est inhumain, c'est puni par l'enfer éternel d'ALLAH dans l'eau delà. Il y a cependant anguille sous roche : IRA comme un bon chien de chasse (dressé par qui on sait pour dresser les composante de notre société les uns contre les autres) a plongé sur l'os sans prêter attention à ce qu'elle annonce. Elle parle de meurtre prémédité, et dit en même temps que le ou les meurtriers se sont donné toutes les peines pour tirer la victime des griffes de la mort, et qu'ils l'on même transporté à la clinique pour y être secouru. La question qui se posent est : était ce un meurtre programmé? ou une altercation qui a mal tournée. Le tueur qui a l'intention de tuer, achève sa victime quand elle est blessée. Il ne lui porte pas secours. Il a perdu toute humanité et son but est de tuer. Il n'essaiera pas de faire revivre sa victime.