03-12-2018 16:33 - MBS en Mauritanie, Aziz fustige la "campagne anti-saoudienne" suscitée par l’assassinat de Khashoggi

MBS en Mauritanie, Aziz fustige la

RFI - Arrivé ce dimanche 2 décembre dans la matinée en Mauritanie, le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salman, a quitté Nouakchott en début de soirée pour l’Algérie. Le prince héritier a passé une journée calme en Mauritanie.

Aucune manifestation hostile pendant le passage à Nouakchott de Mohammed Ben Salman contrairement à son étape tunisienne, la semaine dernière. La position du chef de l’État mauritanien sur la question figure dans le communiqué final concluant la visite de Mohamed Ben Salman et lu par le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Ismael ould Cheikh Ahmed :

« Le président Mohamed Ould Abdel Aziz a réitéré à son altesse Ben Salman la position de notre pays. La Mauritanie et son peuple font confiance au gardien des lieux saints de l’islam, sa majesté le roi Salman Ben Abdel Aziz al-Saoud, pour régler tous les problèmes de l’heure auxquels le royaume saoudien frère est confronté. »


Le front de l'opposition FNDU a quant à lui critiqué la visite de MBS en Mauritanie du fait de la guerre dirigée par l'Arabie saoudite au Yémen.

Un hôpital... au nom du roi d'Arabie

Le prince héritier saoudien a eu plusieurs entretiens avec le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz. Ce dernier a fustigé ce qu'il a qualifié de « campagne anti-saoudienne » suscitée par l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul le 2 octobre dernier.

Mohammed Ben Salman a signé à Nouakchott trois conventions de financement dans les domaines de l’environnement, de l’hydraulique et de la lutte contre l’évasion fiscale. Leur montant n’a pas été révélé. Le royaume s’est également engagé, par ailleurs, à construire et équiper un hôpital ultramoderne à Nouakchott. L’hôpital portera le nom du roi d’Arabie saoudite, Salman Ben Abdelaziz al-Saoud.

A Alger des voix s'élèvent pour critiquer cette visite

Après son passage en Mauritanie, Mohammed ben Salman est arrivé à Alger dans la soirée de dimanche, où il vient parler coopération commerciale et partenariats économiques. Mais, comme en Tunisie la semaine dernière, il n'est pas vraiment le bienvenu. Plusieurs responsables politiques et intellectuels ont publié une tribune dans laquelle ils critiquent cette visite.

Pour les signataires de cette tribune, dont le sociologue Nasser Djabi, MBS est « un assassin ». « C’est quelqu’un qui a tué un journaliste au sein même de son ambassade d’une manière atroce. Et donc on ne veut pas le voir chez nous », résume-t-il, en déplorant la position officielle du gouvernement algérien.

Pour Benjamin Augé, chercheur à l'Institut français des relations internationales, ces déplacements du prince héritier d'Arabie saoudite sont liés à l'affaire Khashoggi:

"Pour la Mauritanie, c'est très clairement pour les remercier d'avoir soutenu [Riyad] pendant la crise. Il y a d'autres pays, comme l'Algérie, où il est nécessaire d'expliquer ce qui s'est passé. Le prince a besoin de se justifier, sachant que l'Algérie n'a pas pris position. Et comme c'est un pays qui a une influence importante dans la région, c'est nécessaire, dans sa vision des choses, de faire un stop à Alger. Pour la Tunisie, l'objectif est aussi de remercier la position très très mesurée du président tunisien qui a dit qu'il ne fallait pas déstabiliser l'Arabie saoudite, et faire en sorte aussi qu'Ennahdha soit de plus en plus marginalisée. Donc chaque pays a un agenda différent pour le prince héritier".

Les questions pétrolières...

« Les autorités ont d’autres considérations, poursuit Nasser Djabi. L’Arabie saoudite est un gros producteur de pétrole et l’Algérie a besoin du soutien de Riyad pour maintenir les prix du pétrole à un niveau correct. » Riyad a récemment augmenté ses quotas de production, malgré l'accord de limitation entériné par l'Opep.

Le ministre de l'Energie algérien a voulu rassurer la semaine dernière : les deux pays sont toujours partisans des quotas, et cette faible augmentation avait pour objectif de compenser le recul de la production au Venezuela et en Libye. L'entente signée en 2016 a permis au prix du baril de remonter et à Alger de souffler. Une réunion des pays exportateurs est prévue à Vienne, en Autriche, à la fin de la semaine.

Au programme également, la coopération économique dans le secteur de la pétrochimie par exemple. Mohammed Ben Salman sera accompagné d'une délégation d'hommes d'affaires qui souhaitent augmenter leur volume d'investissements en Algérie. Les importations de produits saoudiens ont d'ailleurs fait un bon de 30% cette année.

... et géopolitiques

De plus, reprend Nasser Djabi, « l’Algérie a besoin aussi de la non-intervention saoudienne à l’intérieur de l’Algérie. L’Arabie saoudite a toujours manipulé des groupes terroristes dans les années 1990, a financé, donné des armes aux terroristes algériens. Donc, je crois que les autorités algériennes veulent un peu limiter les dégâts. On aurait aimé que la position officielle soit un peu plus claire pour dire non à cet assassinat, non à l’intervention dans la guerre au Yémen et que le pouvoir, les responsables algériens le disent assez clairement. »

Enfin, les autorités algériennes ont annoncé qu'elles aborderaient la question palestinienne. Une question rendue moins visible sur la scène internationale, selon les Algériens, notamment par les choix diplomatiques de Riyad.



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Source : RFI
Commentaires : 4
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Commentaires (4)

  • mystere1 (F) 04/12/2018 10:13 X

    Le prési joue à l'avocat du diable, l'affaire de kachogui le dépasse, donc il n'à qu'à se taire et sortir de cette affaire et régler ce qui le concerne de la coopération étatique entre lui et ce prince, et non sortir du sujet, car cette affaire du journaliste concerne ces saoudiens ! et lui MOAZ a ses propres soucis du pays, dont il fait fi en fermant les yeux, monsieur le prési, surveille ton troupeaux du désert c'est mieux !

  • Ahmedabdallah (H) 04/12/2018 01:16 X

    Ces deux énergumènes-là ne sont ni plus ni moins qu'un syndicat de délinquants! Le dictateur Aziz le mercantile et commerçant du sang des soldats noirs mauritaniens (le 25 Mars 2009, à Kaédi!), ne pouvait pas faire autrement qu'accueillir, sans aucun problème de conscience (sic!), on peut même dire inconsciemment, le boucher des Saouds, cet ogre qui remplit des caissons de viande d'un journaliste saoudien 'Jamal KHASHOOGGI"! Tout simplement parce que le dictateur Aziz, il escompte quelques liasses de dollars sales des mains d'un tueur présumé!

  • La reine-RIM (F) 03/12/2018 18:58 X

    kadimapur (H) Aziz à mal manœuvrer pour la dignité humaine pour faire passer ses projets qui seront entachés de sang, je ne suis pas d’accord que l’argent est plus important que la vie d’un homme, les mauritaniens n’ont pas besoin de l’argent venue des mains sales et entachés de sang, notre dignité et le respect de l’humanité.

  • kadimapur (H) 03/12/2018 16:56 X

    Le Président Aziz a bien manœuvré dans cette affaire...La Mauritanie qui est très redevable vis à vis de l'Arabie saoudite du fait de son soutien constant à son développement n'a fait que recevoir un des dirigeants de ce pays qui lui rend visite...Par ailleurs beaucoup de dirigeants à travers le monde sont des dictateurs sanguinaires avérés mais tant que la communauté internationale ne les a pas condamné de manière formelle et mis au ban des nations, ils continuent à être fréquentables, c'est ce que l'on appelle la raison d'état...