13-12-2018 12:33 - Aziz et la présidentielle de 2019 : Se hâter lentement

Aziz et la présidentielle de 2019 : Se hâter lentement

Le Calame - La course à la prochaine présidentielle est bel et bien lancée. Plus que quelques petits mois nous séparent d’un scrutin à quasiment unique enjeu : l’alternance démocratique. Tous les acteurs politiques ont, désormais, les yeux rivés sur cette échéance capitale.

Bien plus capitale que la dernière présidentielle, celle du 21 Juin 2014, résumée à une simple reconduction du tenant du titre. Cette fois, l’actuel Président ne se représentera pas et concentre donc ses efforts sur sa succession.

Diverses manœuvres, tant dans l’arène politique qu’au niveau des armées et des forces de sécurité, lui ont permis de placer ses fidèles, à la tête de l’Assemblée nationale, à l’état-major des armées et au sein du gouvernement, avec l’entrée remarquée, dans la nouvelle équipe d’Ould Béchir, du général Ghazwani, annoncé, depuis bien longtemps, comme le dauphin du régime.

Annoncé mais toujours pas attitré : les spéculations et l’approche de la fin du mandat présidentiel ne semblent pas bousculer Ould Abdel Aziz qui ne se hâte que lentement à rendre public le choix de son dauphin. Une manière prudente de ne pas perturber, peut-être, les quelques mois qui lui restent à la tête du pays.

Une fois désigné, le dauphin ne risquerait-il pas de lui ravir la vedette et l’éclipser, donc, prématurément ? L’homme fort de Nouakchott connaît la versatilité des Mauritaniens et prend les précautions. Ne sont-ils pas capables de vous oublier en moins de deux temps trois mouvements ? Ils n’ont, en tête, que courte mémoire et opportunisme. Rappelez-vous les renversements d’Ould Haidalla, Ould Taya et Sidioca : que de marches de soutiens, au jour même de leur chute !!!

Le tombeur de Sidi Ould Cheikh Abdallahi a bien médité ces évènements qu’il a vécus de près. Lui qui se targue d’avoir « sorti la Mauritanie de l’ornière » et qui n’entend pas « laisser ses successeurs détruire ce qu’il a mis dix ans à construire », semble déterminé à gouverner jusqu’au bout de son mandat, en ménageant, bien entendu, sa sortie.

Aussi lui faut-il trouver un homme capable de maintenir les acquis et de les préserver, contre vents et marées. L’homme que sous-estimaient certains leaders, non seulement, de l’opposition mais, aussi, de la majorité, quand il s’empara du pouvoir, en Août 2008, ne cesse de démontrer qu’il n’est pas un simple bidasse. S’il ne cesse de les surprendre, c’est même, selon certains observateurs, un fin stratège.

D’aucuns le considèrent comme un fonceur, un vrai bulldozer qui déroute ses adversaires et n’hésite pas à courir des risques. Il n’a effectivement pas manqué l’audace, en déclarant, au cours d’une conférence de presse, qu’« il n’était pas né pour perdre ». Excepté, quand même, le pied-au-nez des sénateurs qui osèrent rejeter, à la surprise générale, ses amendements constitutionnels de 2017. Une exception qui confirme la règle ?

Après avoir désigné un nouveau gouvernement avec Ghazwani à la Défense, Ould Abdel Aziz était attendu le 28 Novembre. On pensait qu’il y lèverait un coin du voile. Mais, voilà, pas un seul mot sur la prochaine présidentielle : quel candidat ? Quelle CENI ? Mystère et bouche cousue.

Le président d’APP, Messaoud Ould Boulkheir, a publiquement souhaité la refonte de l’actuelle CENI qui a montré ses limites, lors des dernières élections municipales, régionales et législatives de Septembre dernier, mais nul, côté du pouvoir, n’en a pipé mot.

Aujourd’hui, Ould Abdel Aziz fait comme si rien ne se passait dans le pays. Il voyage, le plus tranquillement du monde, à l’intérieur et à l’étranger ; reçoit, en pleine affaire du journaliste saoudien assassiné en Turquie, le tonitruant prince héritier MBS avec qui il décroche de juteux contrats ; bref : gouverne sans se faire bousculer.

Le congrès de l’UPR, attendu sous peu à Nouakchott, sera-t-il l’occasion de publier le nom du dauphin ? Ghazwani garde-t-il encore toutes les chances de succéder à son alter ego ? Wait and see ! Perplexes aujourd’hui, bon nombre de Mauritaniens continuent à se demander si leur Président va effectivement quitter le Palais, comme le prévoit la Constitution, à la fin de son mandat, en 2019.

De son côté, l’opposition démocratique laisse, elle aussi, l’opinion perplexe. Même si certains de ses leaders, dont le président du FNDU, laissent entendre que « les choses sont en train de bouger » et que « l’option d’un candidat unique reste de mise », rien ne paraît lisible. Un tel choix ne serait-il pas le meilleur moyen de provoquer l’implosion du FNDU et/ou G8 ?

DL



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Commentaires (4)

  • leguignolm (H) 13/12/2018 19:46 X

    Aziz fait un Sidi et il va installer un autre Sidi alors tous les Sidi n'ont qu'à tendre l'oreilles !!!!

  • Nouvelle-Mauritanie (H) 13/12/2018 16:12 X

    Durant Ces dix dernières années, les bases fondamentales d’un Etat à construire sur 50 ans, pour une paix et un développement durables, aussi bien en Mauritanie que dans le sahel ont étaient construite par un homme ! , pourtant ce même homme avait prit le pouvoir par les armes, mais il a très vite pus rassurés les Mauritaniens/es et bien se placer sur la scène internationale. D’autre part ce même homme as perdu un bien aimé de lui-même, ainsi que de tout les Mauritaniens/es , sans oublier le monde humanitaire , dans l’exercice d’une pertinente mission humanitaire, qu’Allah ait sont âme lui et ses compagnons dont une date de deuil national devrait être fixée en leurs chère mémoires ainsi de même pour tant d’autres âmes innocentes perdues en laissant derrière elles tant d’orphelins et de veuves restant dans la solitude, l’oublie et la désolation. Ce même homme à reçus des balles en pleins ventre, dont nous regrettons tous solennellement, mais grâce à Allah le tout puissant, l’homme a pus très vite ce relever machaAllah, rien que pour accomplir ses pertinentes missions de chef d’Etat, à fin qu’une Nouvelle-Mauritanie puisse démarrer. Pour finir l’homme pourra bientôt peut être partir, tout en assumant ses responsabilités dans l’honneur et la dignité inchaAllah, et que d’autres hommes le succéderont certainement au palais gris, car l’Etat reste et demeure une continuité, mais ce qui est sur c’est que l’homme aura brillamment marquée l’histoire par apport à ses nombreux collègues chefs d’Etats dans le monde. Chers Mauritaniens/es, unissons nous dans notre diversité ethnique, culturelle, politique, idéologique et sociale, à fin de pouvoir ensembles bien préservé et exploiter pour nous et les générations lointain à venir ; le grand héritage remarquable laissé par l’homme. « Allahouma Salli Wo Sélime alla Séyidina Mohamed ». Amine !

  • Botokholonké (H) 13/12/2018 13:49 X

    Aziz sait déjà que ses soutiens lui ont tournés le dos à demi-mot, Aziz est devenu pour eux une histoire du passé comme Sidi. Ils scrutent tous, le nom du prochain remplaçant et ils ne veulent pas de ghazwani, ils veulent un civil pas comme Sidi Ould Cheikh Abdallahi amener par les militaires et déposer par eux, quand ils l’ont voulu, dans la majorité présidentielle le nom du prochain ne doit pas être un militaire, ils sont tous d’accord là-dessus mais ne peuvent pas le dire, ceux qui parlent des réalisations d’Aziz disent en même temps que l’argent avec quoi il a fait ses réalisations, c’est l’argent du peuple mauritanien, il devrait en faire quoi et que tout le monde pourraient faire comme lui ou mieux. L’équation et la grande question est de savoir, est ce que qu’Aziz peut parrainer un candidat, les hommes politiques disent, NON et NON, s’il désigné un homme non consensuel la majorité présidentielle votera contre. Le prochain candidat qui va gagner les élections ne doit pas avoir le soutien d’Aziz, le président Aziz est devenu la mauvaise graine de la politique en Mauritanie.

  • cccom (H) 13/12/2018 13:03 X

    En attendant de voir clair , il nous revient de lancer d'urgence les nouveaux Conseils Régionaux sur une base qui garantit par l'Education l'émergence du pays par le systéme Cerveaux Oasis intensif et gratuit dans les quartiers de villes et villages du terroir pour créer une nouvelle génération de jeunes docteurs scientifiques à l'âge de 18 ans et épargner de facto sur le Budget un fonds de 50 milliards UM/an aux conseils Régionaux pour lancer un projet agricole moderne agro-environnemental télé irrigué par dessalement de l'Océan "clés en mains" créateur de 100.000 emplois/an. cheikhany_ouldsidina@yahoo.fr