11-01-2019 21:00 - Elimination des castes : Le combat des Soninkés

Elimination des castes : Le combat des Soninkés

Le Quotidien - L’Association pour l’égalité et le progrès des Soninkés (Asseps) dit non à l’«esclavage» au sein de cette communauté vivant au Sénégal, en Gambie, en Mauritanie, au Mali, en Guinée et en Guinée Bissau.

Elle a fait face à la presse hier, au siège de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho), pour alerter l’opinion nationale et internationale. C’est une pratique à l’échelle nationale qui résiste encore. Dans l’organisation sociale des Soninkés, à l’image d’autres communautés, il y a ce que l’on appelle «kommo» (les esclaves).

Ce système organisationnel, «rétrograde» pour la jeune génération, est aujourd’hui source de tensions entre populations. Sur les réseaux sociaux, notamment WhatsApp, le débat prend chaque jour des proportions inquiétantes.

Au Mali voisin, dans certains villages de la région de Kayes, le sang a même coulé parce que cette jeune génération dont leurs ancêtres étaient considérés comme des esclaves ne veut plus entendre parler d’esclavages en milieu soninké. Alors, pour éviter la même situation au Sénégal, l’Association pour l’égalité et le progrès des Soninkés (Asseps) a pris les devants en alertant l’opinion nationale et internationale. L’As­seps mène le combat avec le mouvement international dé­nom­mé, «Gambanakhou» qui veut dire égalité en langue soninké.

Dans une déclaration commune avec la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme, les deux entités tirent la sonnette d’alarme. «Cette conférence de presse vise à alerter et à informer les autorités, la communauté nationale et internationale sur l’existence de pratiques aux antipodes des normes élémentaires de respect des droits de l’Homme. Le quotidien de certains membres de la communauté soninké, catalogués "castés", est rythmé par des brimades, des vexations et des privations de droits», a souligné hier Bakary Moye Sidibé, coordonnateur de l’Asseps, au siège de la Raddho.

A titre d’exemple, dit-il, dans plusieurs villages, ces derniers sont interdits de postes de responsabilités au sein de la société. Au nom de la Raddho, M. Senghane Senghor a laissé entendre que «les comportements qui nous ont été dénoncés, ce sont des comportements qui violent l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’Homme qui dit que tous les êtres sont égaux dès la naissance en dignité et en droit. Ce sont encore des faits qui sont en contradiction avec le préambule de la Constitution du Sénégal qui rejette les injustices, les inégalités et les discriminations».

Et d’ajouter : «Nous avons un rôle de veille et d’alerte parce que tout le monde sait que la communauté soninké vit de part et d’autre des frontières. Elle existe en Mauritanie, au Mali, au Sénégal, en Guinée Bissau, en Guinée Conakry, en Gambie et que c’est le même Peuple. Même si le colonisateur a créé des frontières artificielles, les modes de vie restent les mêmes.» Par ailleurs, l’Asso­ciation pour l’égalité et le progrès des Soninkés envisage de mener une campagne de sensibilisation avec le concours de la Raddho.

msakine@lequotidien.sn

Par Mamadou SAKINE





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Commentaires (5)

  • lass77 (H) 12/01/2019 19:31 X

    @samboy@ Vous etes sous le coup de la loi notamment celle décrétée par le president ces derniers jours dans sa lutte contre la haine et la discrimination. Si les castes existent ou ont existé dans ce monde pour le cas des soninkés ça reste évidemment discriminatoire et provocateurs. Continuer à perpétuer les causes de la Fitna. Il faut la fin des idéologies féodales qui n'ont que des noms accompagnés& d'orgueil et d’égoïsme. Il est claire que les gens ne vont plus se laisser faire. J'espere que les procureurs pour le cas de la Mauritanie vont agir et appliquer les lois de la république qu'elles soient anciennes ou recentes sur ces gqestions et leurs conséquences.

  • leguignolm (H) 12/01/2019 16:58 X

    Ceux que ces gens demandent. S'est comme s'ils nous demandent d'effacer tout trace de la colonisation.

  • Belphegor (H) 12/01/2019 15:19 X

    Le silence prévisible des habituels donneurs de leçons autoproclames "pères de la morale et la vertu" sur cet article prouve encore si besoin était leur indignation sélective lorsqu'un article parle de ce genre d'injustices sociale dans les communautés noires, il y aurait déjà au moins une dizaine de commentaires de ces pseudos redresseurs de tort si cet article parlait du milieu maure.

  • moukhabarat (F) 12/01/2019 14:01 X

    Un tel débat est encore impensable en milieu poularophone

  • samboy (H) 12/01/2019 07:31 X

    Hé les gars arrêtez ça suffit maintenant, dans toutes les sociétés du monde il y a des castes et il y' en aura tant que le monde existera. donc si vous n’êtes pas content quitter ce monde soit par suicide soit par un autre moyen. vous commencez vraiment a nous foutre de l'air (***)