22-03-2019 08:29 - « Ni César ni tribun » | Par Tijane Bal

« Ni César ni tribun » | Par Tijane Bal

Tijane Bal - Une histoire haalpulaar rapporte que lors d’une partie de chasse au lion, l’un des deux chasseurs demanda à l’autre, tout près de la tanière : tu me précèdes et je te suis ou je te suis et tu me précèdes ?

Il faut croire que ce semblant de choix qui est en réalité un non choix, s’applique également au champ politique dont on sait qu’il peut ressembler à un terrain de chasse. Surtout peu avant une élection aussi décisive que la présidentielle. Qu’à la veille d’une telle échéance, chaque camp incite à préférer son champion est normal.

Que ce dernier, pour la circonstance, soit paré de plus de vertus que ses concurrents est également banal. De là à accuser les réticents ou présumés tels des sept péchés d’Israël est plus surprenant.

C’est pourtant ce qui se passe depuis la déclaration de candidature de Monsieur Birame Dah Abeid, personnage qui ne laisse pas indifférent. L’homme possède incontestablement des qualités et du charisme à revendre. Toutefois, donner à croire qu’il serait un roi thaumaturge et le seul au sein de la communauté noire mauritanienne à être pourvu des qualités attendues d’un candidat à la présidentielle est injuste.

Qu’un tel parti pris conduise à interdire à quiconque d’émettre la moindre réserve à l’égard de ce qu’il fut ou de ce qu’il est, de ce qu’il dit ou fait est non seulement curieux mais pourrait également être attentatoire à la liberté et au pluralisme du débat démocratique. Que l’inclination partisane mène au risque d’attiser (volontairement ou non) des crispations ethniques et identitaires en tenant des membres d’une communauté particulière pour ethnicistes et particularistes en raison d’un déficit supposé de « biramophilie » est particulièrement risqué.

Dès lors qu’elle est conçue pour la seule recevable, la candidature de Birame pourrait enfermer le citoyen électeur, surtout s’il est Négro-mauritanien, dans un carcan éloigné du registre démocratique et de la liberté de choix qui en est le corollaire. Il ne s’agit plus pour l’électeur d’être pour ou d’être contre. Ne pas endosser la candidature prétendue idoine devient synonyme de trahison, de haine, de mépris. Tout se passe comme si certains voudraient réinventer le vote fléché qui serait une sorte de fusil à un coup.

Il ne s’agit pas du vote comme acte matériel mais du vote entendu comme choix du candidat. Il n’est pas sûr que ce soit lui rendre service que de présenter ce dernier en « sauveur suprême».

Tijane Bal.





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Source : Tijane Bal
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Commentaires (3)

  • oumarabdoul (H) 22/03/2019 13:05 X

    Le lien entre l'histoire et la suite de l'article est pourtant évident. Ce que l'auteur de l'article a voulu illustrer c'est que dans les 2 cas,on est condamné à un "choix" unique. Birame ou rien! d'autre.On peut ne pas voter pour Birame sans être condamné à voter pour les personnes qui sont citées. D'autres possibilités pourraient se présenter. Attendons la suite.

  • jepense (H) 22/03/2019 11:46 X

    La Mauritanie pourrait être un pays paisible et prospère si on arrive à dépasser ce blocage de racisme, ethnicisme, tribalisme qui nous empêche de sélectionner sur des bases plus objectives avec attente de résultats et suivi objectif de l’évolution des missions. Malheureusement avec les politiciens et politiques l'espoir est minces.

  • Rimiens12 (H) 22/03/2019 09:24 X

    Mon frère, il faut arrêter avec tes contes et histoires de chasses, l’heure est au choix. Si Biram n’est pas le « sauveur suprême », merci de nous en proposer un, est-ce que ce serait Ghazouani, ould Boubacar, ould Mouwloud … En fait, je ne vois pas le lien entre ton histoire de chasse et la suite de ton texte