27-05-2019 18:45 - Mauritanie, le nouveau "Ghanagate" du président Aziz

Mondafrique - Fleuron de l’industrie minière mauritanienne, la SNIM serait sur le point d’être dépossédée de son actif minier le plus juteux dans des conditions obscures.
Le temps presse! Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, doit quitter le pouvoir après le scrutin présidentiel du 23 juin prochain où il ne s’est pas porté candidat faute d’appuis suffisants au sein des élites politiques et de l’armée. Lui est ses proches sont pris aujourd’hui d’une sorte de panique à l’idée de ne plus pouvoir bientôt piller leur pays à leur guise.
Il ne se passe pas un jour à Nouakchott sans qu’on annonce de nouvelles acquisitions au profit du clan présidentiel. Après avoir fait main basse sur des écoles publiques, des commissariats de police, une partie du stade olympique, les terrains de la télévision publique et de l’ancien aéroport, voici le président Aziz qui convoite une partie des actifs de la SNIM, le fleuron de l’industrie minière mauritanienne producteur de fer.
Un nouveau « Ghanagate » (1)
Le vendredi 24 juin, loin du regard de la presse, des partis politiques et de la société civile, des émissaires de la société australienne BCM sont venus discrètement à Nouakchott pour faire main basse sur le gisement de fer de « Fderick », un des plus rentables de la SNIM.
D’après un document anonyme largement diffusé et puisé aux meilleures sources, un contrat de concession aurait été signé pour une durée de vingt ans. Une société mixte serait créée où la Snim ne posséderait que 20% du capital et ses partenaires étrangers 80%. Il s’agissait pour les amis du président Aziz de faire vite avant les élections présidentielles.
Le scandale expliquerait la nomination voici quelques mois d’un nouveau directeur général à la SNIM, un franco-mauritanien du nom d’Hassenna, que rien ne prédisposait, à priori, à diriger cette entreprise. Sauf ses liens avec le pouvoir.
Un gisement très convoité
En matière de partenariats pour l’exploitation minière, la stratégie de la Snim a toujours été de développer elle-même les gisements naturellement riches et de s’associer pour des gisements nécessitant des investissements lourds. Cet usage est en train de connaitre la première exception.
Le gisement de « Fdérik » recèle des réserves de 30 millions de tonnes de minerai d’excellente qualité. La Snim avait déjà réalisé une étude de faisabilité en 2018 pour son exploitation sur une période de quinze ans.
Selon les termes de cette étude, le coût de l’investissement ne devrait pas excéder les 200 millions de dollars, avec un coût de production proche de 20$/t, une aubaine sur un marché où le prix de vente dépasse généralement les 100 $/t.
Dans un contexte d’épuisement des gisements actuellement exploités, « Fderick » serait une véritable pépite.
Des comptes à rendre
Les premiers qui doivent être appelés à donner leurs avis sont les candidats aux prochaines élections présidentielles qui doivent à l’occasion être entendus, plus généralement, sur l’avenir qu’ils envisagent pour la plus grande société du pays.
Les membres du Conseil d’Administration qui auront à valider cet accord ne doivent pas perdre de vue qu’ils pourront bien rendre compte d’un éventuel bradage des ressources du pays.
(1) Le Ghana est le pays africain qui, voici quelques années, fut le théâtre d’un scandale de fausse monnaie baptisé « Ghanagate » impliquant l’actuel président mauritanien
Nicolas Beau