11-12-2019 01:00 - COP 25, Espagne : L'intervention de Mme Mariem BEKAYE, ministre de l'environnement

COP 25, Espagne : L'intervention de Mme Mariem BEKAYE, ministre de l'environnement

MEDD - Les travaux du Segment Ministériel de haut niveau de la 25ème Conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique (COP25) se sont ouverts, ce mardi 10 décembre 2019 à Madrid, avec la participation d’une importante délégation multisectorielle de notre pays conduite par Son Excellence, Marieme BEKAYE, Ministre de l’Environnement et du Développement Durable.

La présente session est marquée par des interventions notamment de ministres, responsables politiques, représentants d'organisations internationales et personnalités internationales qui ont appelé à une réaction urgente pour sauver la planète.

Lors de son Intervention, la Ministre de l’Environnement a mis l’accent sur les effets du dérèglement climatique qui deviennent de plus en plus perceptibles tels que la hausse des températures, les sècheresses, les inondations dévastatrices, la déforestation, l’érosion des terres et de la biodiversité, la montée du niveau de la mer et l’acidification des océans.

Son Excellence la Ministre a précisé que le réchauffement planétaire impactera, partout dans le monde, les systèmes économiques, environnementaux, sanitaires, urbains, sociaux et même sécuritaires. C’est pourquoi dira la Ministre, dans ce contexte préoccupant, l’adaptation doit demeurer au cœur de la mise en œuvre de l’Accord de Paris et de nos efforts.

A ce sujet, dira la Ministre « nous notons que les régions, les pays et les communautés les plus vulnérables, manquent toujours de données pour élaborer des projections climatiques fiables et n’ont pas suffisamment accès aux solutions technologiques et aux financements nécessaires pour développer des solutions innovantes d’adaptation. L’Afrique, qui est l’un des continents les plus durement touchés, n’est pas encore suffisamment préparé ni outillé pour appréhender toute la complexité des conséquences que pourrait engendrer une élévation moyenne de la température mondiale même de 1,5°C ».

Son Excellence, la Ministre de l’Environnement et du Développement Durable a précisé que la Mauritanie continuera à soutenir la mise en œuvre des initiatives africaines d’adaptation qui contribuent à l’atteinte des objectifs de l’Agenda 2063, telles que l’initiative africaine pour les énergies renouvelables, l’Initiative pour l’adaptation de l’agriculture, l’initiative de la grande muraille verte ou encore les initiatives portées par la commission climat pour le Sahel et la commission climat pour le bassin du Congo.

Elle a précisé que notre pays figure parmi les pays les plus vulnérables au changement climatique alors que ses émissions de GES représentent une part insignifiante des émissions mondiales (moins de 0,02%).

Face aux contraintes de la désertification et des effets du changement climatique , la Ministre a précisé que les efforts du Gouvernement ont porté sur le développement des énergies renouvelables (solaire et éolien) qui couvrent aujourd'hui près de 42% de l’énergie produite par la société nationale d’électricité, contre seulement 24% en 2009. La Ministre dira en substance que les subventions aux hydrocarbures ont été progressivement réduites, passant de 1,86 % du PIB en 2012 à 0,92 % en 2018.

D’importants investissements ont été réalisés afin d’améliorer l’accès à l’eau potable qui est passé de 62% en 2015 à 70% en 2018. Nous avons supprimé les taxes sur l’importation des bus neufs pour encourager le transport en commun et fixé à 8 ans l’âge maximum des véhicules importés.

Afin d’améliorer la résilience des écosystèmes et soutenir le développement communautaire dans les zones arides, des projets de reboisement, de restauration et de valorisation des terres dégradées, ont été développés dans le cadre de l’initiative nationale de la grande muraille verte.

La Ministre a également précisé que notre pays se caractérise par une zone économique exclusive d’une superficie de 234.000 Km², caractérisée par l’abondance et la diversité de ses ressources halieutiques (près de 600 espèces de poissons) ; conscients du rôle joué par les océans dans le développement durable et la régulation du climat, le Gouvernement a développé une stratégie de gestion des pêcheries par quotas qui a permis à notre pays de réduire significativement l’effort de pêche sur les espèces surexploitées qui ne représentent plus que 10% aujourd’hui contre 70% en 2006.

La Mauritanie, dira la Ministre, demeure résolument engagé à accompagner la dynamique globale de lutte contre le changement climatique, à travers la révision en 2020 de sa contribution nationale au titre de l’Accord de Paris. Il est ainsi prévu de porter la part des énergies propres dans le mix énergétique à 60% en 2030 et, de mettre en œuvre un nouveau programme national intégré de reboisement.

Enfin, la Ministre de l’Environnement et du Développement Durable a précisé dans cet important discours, que la création toute récente de la Délégation Générale de Lutte contre la Pauvreté et l’Exclusion, rattachée à la Présidence de la République, contribuera sans aucun doute à renforcer la résilience des populations au changement climatique. Pour conclure, la Ministre précisera que dans cette entreprise collective qui nous réunit aujourd’hui, chacun doit jouer son rôle, au regard de sa responsabilité climatique et ce, dans l’intérêt des générations présentes et futures.

Il faut noter que les priorités de la COP25 portent notamment sur les domaines de l’adaptation, des pertes et dommages, de la transparence, du financement, du renforcement des capacités, des questions liées aux peuples autochtones, des océans, des forêts et de l’égalité des sexes.

Ci-dessous le discours intégral de Son Excellence la Ministre de l’Environnement et du Développement Durable

- Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etats et de Gouvernements,

- Excellence Madame la Présidente de la 25ème Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique,

- Excellence Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,

- Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Intergouvernementales et non Gouvernementales,

- Mesdames et Messieurs,

La tenue de la 25ème Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique m'offre l’opportunité et l’honneur de m’adresser à vous au nom de Son Excellence Monsieur Mohamed Ould Cheikh EL Ghazwani, Président de la République Islamique de Mauritanie.

Permettez-moi tout d'abord, de remercier et de féliciter, Son Excellence Mme Carolina Schmidt, Ministre de l’Environnement du Chili et Présidente de la COP25 ainsi que le Gouvernement et le peuple du Royaume d’Espagne, pour la parfaite organisation de cette importante Conférence.

Mes compliments s’adressent également à Son Excellence Mr António Guterres, Secrétaire Général des Nations Unies, et à l’ensemble de ses collaborateurs pour l’organisation en septembre dernier du Sommet de l’ONU au cours duquel le Secrétaire Général a attiré notre attention sur l’urgence d’une action climatique renforcée.

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

La hausse des températures, les sècheresses, les inondations dévastatrices, la déforestation, l’érosion des terres et de la biodiversité, la montée et l’acidification des océans, voilà quelques exemples de ce que le monde vit aujourd’hui. C’est dire, que nous subissons déjà les manifestations du dérèglement climatique.

Nous savons désormais, au vu des études scientifiques de plus en plus élaborées, qu’en l’absence de mesures phares, le réchauffement planétaire impactera, partout dans le monde, les systèmes économiques, environnementaux, sanitaires, urbains, sociaux et même sécuritaires.

Dans ce contexte préoccupant, l’adaptation doit demeurer au cœur de la mise en œuvre de l’Accord de Paris et de nos efforts.

A ce sujet, nous notons que les régions, les pays et les communautés les plus vulnérables, manquent toujours de données pour élaborer des projections climatiques fiables et n’ont pas suffisamment accès aux solutions technologiques et aux financements nécessaires pour développer des solutions innovantes d’adaptation. L’Afrique, qui est l’un des continents les plus durement touchés, n’est pas encore suffisamment préparé ni outillé pour appréhender toute la complexité des conséquences que pourrait engendrer une élévation moyenne de la température mondiale même de 1,5°C.

C’est pourquoi, nous devons continuer à soutenir la mise en œuvre des initiatives africaines d’adaptation qui contribuent à l’atteinte des objectifs de l’Agenda 2063. Je citerais notamment l’initiative africaine pour les énergies renouvelables, l’Initiative pour l’adaptation de l’agriculture, l’initiative de la grande muraille verte ou encore les initiatives portées par la commission climat pour le Sahel et la commission climat pour le bassin du Congo.

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Mon pays, la Mauritanie, figure parmi les pays les plus vulnérables au changement climatique alors que ses émissions de GES représentent une part insignifiante des émissions mondiales (moins de 0,02%).

Aujourd’hui, la désertification et la dégradation des terres touchent près de 83% du territoire national. Les zones boisées ne représentent pas plus de 9% de la superficie du pays. L’utilisation du bois comme énergie domestique concerne encore 36% des ménages au niveau national et près de 65% en milieu rural. Le littoral, qui concentre la majorité des activités socio-économiques du pays, est déjà impacté par l’érosion marine et le recul du trait de côte.

Face à ces contraintes, nos efforts ont porté sur le développement des énergies renouvelables (solaire et éolien) qui couvrent aujourd'hui près de 42% de l’énergie produite par la société nationale d’électricité, contre seulement 24% en 2009. Les subventions aux hydrocarbures ont été progressivement réduites passant de 1,86% du PIB en 2012 à 0,92% en 2018. D’importants investissements ont été réalisés afin d’améliorer l’accès à l’eau potable qui est passé de 62% en 2015 à 70% en 2018.

Nous avons supprimé les taxes sur l’importation des bus neufs pour encourager le transport en commun et fixé à 8 ans l’âge maximum des véhicules importés.

Afin d’améliorer la résilience des écosystèmes et soutenir le développement communautaire dans les zones arides, des projets de reboisement, de restauration et de valorisation des terres dégradées, ont été développés dans le cadre de l’initiative nationale de la grande muraille verte.

Avec une zone économique exclusive de 234.000 Km², caractérisée par l’abondance et la diversité de ses ressources halieutiques (près de 600 espèces de poissons) et, conscients du rôle joué par les océans dans le développement durable et la régulation du climat, nous avons développé une stratégie de gestion des pêcheries par quotas qui nous a permis de réduire significativement l’effort de pêche sur les espèces surexploitées. Ces dernières ne représentent plus que 10% aujourd’hui contre 70% en 2006.

Nous continuerons en outre à investir dans la restauration et la gestion durable des aires marines et côtières d’intérêt écologique comme le Parc National du Banc d’Arguin et le Parc National de Diawling, dont les capacités de stockage du carbone sont importantes de part leur richesse en zones de mangroves et d’herbiers (classés sites Ramsar). Enfin, la création toute récente d’une Délégation Générale de lutte contre la pauvreté et l’exclusion, rattachée à la Présidence de la République, devrait contribuer à renforcer la résilience des populations au changement climatique.

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

La COP25, qui s'inscrit sous le sceau de l’Action pour la mise en œuvre effective de l’Accord de Paris, doit être le moment de franchir un nouveau cap en faveur de la transition écologique. Pour cela, et afin d’équilibrer le fardeau global de la lutte contre le changement climatique, les pays développés doivent prendre des engagements plus ambitieux en termes de réduction des émissions de GES mais aussi en termes de financement, de transfert technologique, de partage des connaissances et de renforcement des capacités, afin de soutenir la mise en œuvre des Contributions déterminées nationales et des plans d’adaptation dans les pays en développement.

Nous avons aussi besoin de renforcer les cadres de coopération à l’échelle internationale, régionale et nationale pour promouvoir le partage et la diffusion des expériences réussies et soutenir la recherche et l’innovation, qui sont fondamentales, pour éclairer les politiques et les pratiques d’adaptation.

Mon pays quant à lui, demeure résolument engagé à accompagner la dynamique globale de lutte contre le changement climatique, à travers la révision en 2020 de sa contribution nationale au titre de l’Accord de Paris. Il est ainsi prévu de porter la part des énergies propres dans le mix énergétique à 60% en 2030 et, de mettre en œuvre un nouveau programme national intégré de reboisement.

Pour conclure, je voudrais dire que dans cette entreprise collective qui nous réunit aujourd’hui, chacun doit jouer son rôle, au regard de sa responsabilité climatique et ce, dans l’intérêt des générations présentes et futures.

Je vous remercie

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Commentaires (2)

  • moukhabarat (F) 11/12/2019 13:36 X

    le coût moyen d'un véhicule de moins de 9 ans est d'environ 2 800 000 UM. Qui peut s"offrir ce luxe en Mauritanie? De plus les véhicules récents posent des problèmes de maintenance électronique que peu de techniciens maîtrisent localement.

  • moukhabarat (F) 11/12/2019 09:36 X

    Brillante! Brillante! Seule fausse note l'arrêt des importations des véhicules de plus de 8 ans car la conséquence a été le vieillissement du parc composé essentiellement de véhicules diesel. Plus opportun était d'instituer le contrôle technique des véhicules et l'encouragement de l'importation des véhicule consommant l'essence.