08-04-2020 01:30 - Le non-respect du confinement est une forme de «suicide collectif»

Le Parisien - Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique, donne une lueur d’espoir sur la maîtrise de l’épidémie mais appelle à un respect strict du confinement.
Restez confinés! C'est l'appel de Jean-François Delfraissy, immunologiste à la tête du Conseil scientifique sur le Covid 19. Interrogé sur BFMTV ce mardi, le soignant a appelé à maintenir les règles strictes du confinement. « Poursuivons le confinement, c'est une responsabilité individuelle, collective », a demandé le président du Conseil scientifique.
Selon le médecin, l'isolation que nous vivons depuis plusieurs semaines devrait se poursuivre encore plusieurs autres. Au moins jusqu'au mois de mai.
« Je pense qu'il vaut mieux le dire d'emblée maintenant. Il est trop tôt pour prévoir une date de sortie. Ça nous mène probablement jusqu'à début mai, je n'irai pas plus loin sur la précision parce que nous ne l'avons pas. », a-t-il avancé.
« Encore deux ou trois semaines très difficiles »
Selon lui, ceux qui ne respecteraient pas le confinement pratiquent une forme de « suicide collectif » : « Quand je voyais ce week-end à Paris, avec ce beau temps, qu 'il y avait une sortie importante dans certains endroits, j'appelle ça une forme de suicide collectif, à la fois pour ceux qui sortaient et pour les autres. »
Jean-François Delfraissy a par ailleurs évoqué l'état de l'épidémie et du système de santé français, saturé par l'afflux de malades. Il a prévu « encore deux ou trois semaines très difficiles pour le système de soin » et expliqué que « les premiers éléments semblent montrer qu'il y a un ralentissement des formes graves » du Covid 19.
Dans un entretien à l'AFP, le président du conseil scientifique a détaillé : « Il y a les premiers signes qui montrent qu'on commence à voir en France quelques effets positifs du confinement : dans l'Est de la France, il y a moins de cas graves qui arrivent dans les services de réanimation qu'il y a une dizaine de jours, et en région parisienne, depuis ce week-end, il semble que la pression sur ces services soit moins importante. »
Un déconfinement « progressif »
Le scientifique a cependant appelé à la prudence : « Il faut faire attention, parce qu'il y a deux biais importants : il y a eu de nombreux transferts de malades vers des régions moins touchées, qui ont libéré des places, et il y a probablement un certain nombre de patients d'Ehpad et de services de gériatrie, très âgés et avec de multiples pathologies, qui ne sont plus présentés aux réanimateurs, dont la fin de vie est gérée médicalement. Prudence donc sur l'interprétation de la baisse actuelle, mais il y a néanmoins un petit signal d'espoir. »
Lundi soir, pour l'AFP, Jean-François Delfraissy évoquait les stratégies à la réflexion concernant l'après confinement : « On ne passera pas du noir au blanc mais du noir au grisé, le post-confinement sera quelque chose de progressif. expliquait-il. Il y a deux choses qui vont être très importantes : premièrement, il faudra probablement avoir un confinement particulier pour la population à risque élevé. Deuxièmement, dans le post-confinement, l'utilisation des tests diagnostiques va être un élément essentiel, il faudra très largement les utiliser. Je pense qu'on aura les moyens de le faire d'ici quelques semaines, car ils seront disponibles. »
Par Le Parisien