04-05-2020 01:00 - |Libre Expression| Populations mauritaniennes déçues en cette période du RAMADAN et du COVID-19

|Libre Expression| Populations mauritaniennes déçues en cette période du RAMADAN et du COVID-19

Mohamed Ould Laghlal - Il est vraiment révoltant de voir durant cette pandémie du COVID-19 que certains responsables, peu importe le niveau où ils se trouvent, n’accordent aucune attention au quotidien des familles.

A Nouakchott par exemple, on peut affirmer sans risque de se tromper, que l’écrasante majorité des habitants vit dans une situation précaire. Bien entendu, quand nous parlons de précarité, cela implique naturellement que les populations en question doivent être soutenues et aidées sur les plans matériels et financiers.

Ceci est légitime car nous traversons une période exceptionnelle de notre histoire qui nécessite forcément la mise en œuvre de mesures exceptionnelles.

Mais paradoxalement au moment où l’Etat a mobilisé plusieurs moyens humains, matériels et financiers, afin de venir en aide à des populations totalement démunies, presque rien en réalité n’a été fait, seulement de la poudre aux yeux. Dans ce domaine, le rôle de l’Etat est capital et décisif et il est de son devoir de ne pas seulement disponibiliser les moyens nécessaires destinés aux populations, mais, et c’est ce qui est le plus important, de veiller à leur utilisation rationnelle.

Mais malheureusement, tel n’a pas été le cas et l’établissement des listes des familles vulnérables, qui constitue la phase la plus importante, s’est fait dans un désordre indescriptible et une opacité totale. De nombreux témoignages prouvent le manque de sérieux et de contrôle dont souffre cette opération et l’existence d’une sous-commission chargée du volet de suivi de la pandémie du CORONAVIRUS n’a pas servi à redresser la situation.

Par exemple, on a vu, dans l’une des chaînes de télévisions nationales le témoignage d’une femme vendeuse de légumes et cheffe de famille, qui a déclaré qu’une soi-disant commission a refusé de l’inscrire, pour la simple raison qu’elle possède un toit et deux ou trois chèvres. Il s’agit là d’un acte inhumain et répréhensible et dont les auteurs, probablement, ne subiront même pas un rappel à l’ordre. Les exemples de ce genre se comptent par milliers.

Je ne peux avancer plus loin sans préciser que les critères de sélection des familles devant bénéficier de l’aide, sont laissés à la discrétion de quelques responsables dont les actions sur le terrain tendent surtout vers l’exclusion injuste de la quasi-totalité des familles nécessiteuses.

En Mauritanie, il était prévu que 30 000 familles vulnérables bénéficient d’une aide, ce qui représente, si on compte une moyenne de cinq personnes par famille, moins de 4% de la population totale du pays.

Au Sénégal voisin, nous avons appris à travers certains médias que la distribution de l’aide a déjà commencé et qu’elle doit couvrir plus de 50% de la population, soit 8 à 10 millions de personnes.

Au Rwanda, d’après d’autres sources, l’Etat a décidé la gratuité de la nourriture et de l’électricité pour tous ses citoyens…

Par contre chez nous en Mauritanie, nous sommes toujours victimes des mauvaises pratiques de beaucoup de nos responsables… Je peux même dire qu’il s’agit des mêmes groupes politiques qui ont ruiné le pays et qui ont toujours manifesté une soumission aveugle aux Chefs de l’Etat, qu’ils n’hésitent pas, dès que l’occasion se présente, d’abandonner et de leur faire endosser, à tort ou à raison, tous les problèmes de la Mauritanie.

On peut dire que cette épidémie meurtrière a eu quand même le mérite de faire ressortir les contraintes et les insuffisances sur le plan de certains services de l’Etat et surtout de faire apparaître au grand jour la misère dans laquelle vivent la plupart de nos populations en ce vingt-unième siècle, ce qui est choquant.

L’absence d’habitations décentes, l’inexistence de moyens de subsistance, le manque d’eau et d’électricité associés à bien d’autres fléaux, constituent le lot quotidien de nos populations.

Toutes ces tares et privations insupportables fragilisent tout être humain, le rendent incapable de cerner ses droits et l’empêchent d’accomplir ses devoirs et de vivre dans la dignité.

Il me semble bizarre et vraiment incompréhensible que tous les gouvernements qui se sont succédés depuis l’indépendance à nos jours aient laissé perdurer cette situation de misère et de douleurs. Espérons que l’actuel Président de la République soit une exception à cette règle.

De toutes les façons, le peuple mauritanien, dans toutes ses composantes, est toujours à la recherche d’un bien-être qu’il n’arrive pas à réaliser, mais qui constitue en réalité l’unique possibilité de la durabilité de l’Etat. Pour ce est de la distribution des vivres et autres produits, rien ne démontre qu’elle a commencé véritablement au niveau de la Capitale ou du moins, ses signes sont difficilement perceptibles. En ce qui concerne les ayants droit, on les trouve dans Nouakchott, y compris Tevragh-Zeina.

Mais le comble du paradoxe, c’est qu’à la télévision officielle, on voit parfois certains responsables, accompagnés de personnes de bonne volonté ou de membres d’ONG exhiber des dizaines, si vous voulez même des centaines de kits de produits tels que savon, eau de javel, huile, riz, lait en poudre, sucre, etc.

Mais la question principale qu’on doit se poser c’est : à quoi servent ces centaines de kits, quand on sait qu’ils doivent être destinés à une population qui avoisine le million d’habitants ?

En ce qui concerne les prix, je dirai que malgré toutes les garanties données par plusieurs responsables administratifs et par le patronat national, les consommateurs mauritaniens ont eu l’amère surprise, ces derniers jours, de constater la montée vertigineuse des prix des denrées de première nécessité.

Pire que cela, certains produits ont même disparu du marché et d’autres, périmés, y ont été introduits en grande quantité. Il y a donc des écarts énormes entre les déclarations officielles et la réalité, ce qui confirme l’existence d’un manque de rigueur notoire.

Il y a lieu d’exhorter les autorités compétentes à jouer leur rôle en ces temps exceptionnels et difficiles, c’est-à-dire d’œuvrer à protéger le pouvoir d’achat des citoyens et à lutter contre les pénuries et les spéculations.

En plus de ce qui précède, nous avons constaté qu’au niveau de Nouakchott, les populations espéraient bénéficier de la gratuité de l’eau et de l’électricité, mais les espoirs de la plupart d’entre eux ont été malheureusement déçus.

En effet, la SOMELEC au lieu de prendre comme base de sa facturation les abonnements sociaux qui datent des années 90, si ce n’est avant, et qui sont les plus nombreux dans toutes les Moughataâs de Nouakchott a décidé, à dessein, de prendre comme base le prix du kilowatt.

Cette procédure a réduit au maximum le nombre des abonnés sociaux qui devraient normalement bénéficier de la mesure présidentielle et ce à cause du système tarifaire illégal et absurde de cette Société et de l’interprétation fausse et personnelle des promesses du Président de la République Son Excellence Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.

En ce qui concerne la SNDE, les factures ont certes été allégées, mais elles demeurent bien supérieures aux possibilités financières des abonnés. Il y a donc urgence de revoir les tarifs et de permettre, aux habitants des quartiers périphériques, qui ont beaucoup souffert du manque d’eau durant des décennies, de pouvoir bénéficier de nouveaux branchements sociaux.

Nouakchott 02 Mai 2020 –

Mohamed Ould Laghlal

Inspecteur de l’Enseignement Fondamental à la Retraite.





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Commentaires (2)

  • habouss (H) 04/05/2020 02:22 X

    Trop tard, j'ai envie de dire "vous avez chanté tout l'été, dansez maintenant". Il était clair dès le début qu'il ne fallait rien attendre de cette aide qui n'est que, encore pour être gentil, que de la poudre aux yeux. 4 % de la population mauritanienne ne couvre même pas les inscrits du programme de lutte contre les séquelles de l'esclavage. Je ne parle même pas ceux laissés pour compte dans l'impression fallacieuse "qu'ils ont de quoi" depuis 20 ans de lutte contre la pauvreté. Vous avez raison, le cas du Sénégal nous interpelle du fait qu'il ne suffit pas d'être riche avec des moyens matériels ou en espèce, mais qu'il faut avoir une certaine organisation et certains principes qui nous manquent par là. Le fait de confier cette distribution à l'Armée Nationale qui est déjà monolithique constitue un ratée qui fait que cette aide a rejoint les abysses des richesses détournées. Nous n'aurons que des yeux pour pleurer tant que l'Hypocrisie constitue notre manière de vivre par là !

  • medabdul (H) 04/05/2020 01:28 X

    alors c'est ton pays le pays des arabes a l'arabite errante.