28-05-2020 12:33 - Editorial : L’opposition demande la tête des pontes de l’ancien régime

Editorial : L’opposition demande la tête des pontes de l’ancien régime

Initiatives News - Faire du neuf avec du vieux, cela semble être la tendance du nouveau président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazwani, dont l’élection à la tête du pays en juin dernier avait suscité d’immenses espoirs, dans un pays durement éprouvé par une décennie de gestion autocratique de son prédécesseur.

La nomination des membres du gouvernement avait fait la part belle aux hommes de l’ancien régime, ce qui semblait tout à fait compréhensible car c’était justement grâce à l’appareil d’Etat et au parti au pouvoir, l’UPR, que Mr Ghazwani a pu réussir son forcing électoral.

Ce renvoi de l’ascenseur était donc tout à fait justifiable et ce d’autant plus que le nouveau président ne s’était pas encore totalement affranchi de la gênante tutelle de son prédécesseur dont les partisans contrôlaient tous les leviers de commande de l’administration et de l’armée.

Il fallait donc faire profil bas, le temps de bien s’installer et d’assurer ses arrières.

Cela n’avait pas pris beaucoup de temps et le président Ghazwani s’est imposé comme le seul maître à bord. Cela s’est traduit par le lâchage de l’ex président Aziz dont les déboires commençaient à faire la une de la presse mais aussi par la disparition des radars du parti UPR dont les dinosaures, pour la plupart compromis par leur manque de crédibilité, font profil bas.

Parallèlement, l’ouverture vers l’opposition a porté ses fruits. Les opposants les plus irréductibles ont accepté la main tendue du nouveau président qui, jusque-là n’a pas fait bon usage de cette union sacrée inimaginable il y a encore peu.

Malheureusement, le président Ghazwani est en train de gâcher cette belle occasion pour remettre le pays sur les rails et réconcilier les mauritaniens avec eux-mêmes.

Malgré un programme très ambitieux et le tintamarre orchestré autour de certains programmes dont on attend toujours l’impact sur la vie des populations, les mauritaniens attendent toujours le changement promis.

Ce changement aura-t-il lieu ? Rien n’est moins sûr comme le craint l’opposition, toutes tendances confondues qui, dans un communiqué conjoint en date du 26 mai exige le départ de tous les symboles de la gabegie au sein de l’administration. L’opposition apporte également tout son soutien à la commission d’enquête parlementaire qui doit faire la lumière sur le pillage des biens publics durant la dernière décennie.

Notons qu’une étude récente de la Banque Mondiale paru le 18 février 2020, sous la signature de Bob Rijkers, révèle que « 182 millions $ (environ 62 milliards ouguiyas anciennes) de la valeur de l’aide étrangère, ont été détournés sous forme de transferts effectués par des responsables mauritaniens vers des centres financiers offshore connus pour leur opacité et leur gestion privée de fortune, dont 150 million $ ont été placés dans des comptes bancaires et 32 ​​millions $ transférés dans des paradis fiscaux. »

Voilà qui devrait mettre la puce à l’oreille du président et l’inciter à écouter le conseil de l’opposition. Le mode de gouvernance est toujours le même et ce sont toujours les mêmes têtes qui pilotent le navire. De ce fait, on ne doit point se faire d’illusion, le résultat sera le même, voire pire.

Ainsi donc, une année après son accession au pouvoir, le président Ghazwani doit enfin opérer le virage à 180° tant attendu, faire table rase du passé sombre de son prédécesseur en mettant à l’écart les brebis galleuses et en mettant fin aux pratiques népotiques et mafieuses.

Ce n’est qu’à ce prix qu’il réussira à changer le cours des choses et qu’il pourrait éviter dans quatre ans de connaître le même sort peu enviable de son vieil ami.

Bakari Guèye




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Commentaires (6)

  • Maxamallé (H) 30/05/2020 20:38 X

    Article intéressant Mr GAYE, par ailleurs n'oubliez pas de préciser à chaque fois que la gestion du pays à toujours été "chaotique" depuis l'indépendance dont la dernière décennie a été le comble et qui doit inciter à réfléchir quant à l'avenir du pays. Force aux "vrai(e)s" journalistes!

  • Destroyer (H) 28/05/2020 18:29 X

    Ghazwani doit savoir que certains de ceux qui l entourent ont noye aziz. Il risque de subir le meme sort. Ould diaye et ould bechir ont rempli les poches d aziz et sa famille. Je suis sur que c est aziz qui les avait recommandes a ghazwani pendant que tout allait bien entre eux. Maintenant qu aziz n a plus rien a dire, qu attend ghazwani pour se debarrasser de ces hommes ? Qui peut me donner une reponse?

  • Destroyer (H) 28/05/2020 18:23 X

    Je ne sais pas ce qui s'est passer dans la tete de ghazwani pour garder de dangereux predateurs des anciens regimes et surtout ceux qui ont occupe des postes clefs: ould diaye, ould rais, ould chrougha et le dangereux oulb bechir qui a pille la somelec, la snim, la premature. Ghazwani a besoin de bien ballayer autour de lui pour etre credible

  • hayerim (H) 28/05/2020 16:11 X

    Esp&rons que le président se fasse le nécessaire pour ne pas effectivement connaître le même sort peu enviable de son vieil ami... Wait & see

  • chos (H) 28/05/2020 14:39 X

    Le pays a d'importantes opportunités de bonnes gouvernances dans l'enseignement, l'Agriculture et de l'emploi qui sont sources de dizaines et centaines de milliards UM/an et de rattrapage de temps perdus depuis 1960, bloquées par l'équipe installée par l'ancien systéme que nous martelons. cheikhany_ouldsidina@yahoo.fr .

  • mdmdlemine (H) 28/05/2020 13:05 X

    Pertinent le président ferait mieux de s'entourer de conseillers bien informés et incorruptibles parmi les journalistes qui ne cessent de lui rappeler qu'il peut mieux faire et qu'il doit immédiatement engager les réformes en prenant comme première décision, la mise à l'écart de l'ex sérail et le renouvellement du gouvernement, des directeurs centraux et divisionnaires en se fondant sur les critères de compétence et d'intégrité Continuer avec les mêmes pions d'avant c'est retarder son propre piège discrétement préparée par des faux soutiens qui attendent le moment propice pour acter leurs plans et ramener le pays à la case de départ Merci Bakary pour cette pr"ésence médiatique visantà conscientiser nos dirigeants toujours détournés de l'amère réalité du terrain