01-06-2020 00:00 - |Libre Expression| Nos Hommes d’affaires et l’Etat

Mohamed Ould Laghlal - La construction d’un pays et son développement sur les plans social, politique et économique exige la participation et l’implication de l’ensemble de la population, dans cette œuvre nationale grandiose.
En ce qui nous concerne, les décideurs politiques, les membres du gouvernement, les membres de la société civile, les différentes catégories sociales, les groupes professionnels formels et informels, les promoteurs économiques, les organisations constituées petites ou grandes, les élus ont tous le devoir d’unir leurs efforts pour construire une Mauritanie libre et prospère.
Nous en avons les potentialités et il ne nous manque, en réalité, qu’un peu de volonté et de patriotisme. Dans ce cadre, nos hommes d’affaires qui détiennent la plus grande partie des richesses du pays, constituent un groupe privilégié mais ayant de très lourdes responsabilités.
Ils doivent donc dans ce monde de la concurrence, être en première ligne et investir massivement, d’une part pour générer des bénéfices et développer leurs entreprises, d’autre part pour créer des emplois afin de contribuer à résorber le chômage et lutter contre la pauvreté.
Aujourd’hui avec cette pandémie du CORONAVIRUS, leurs responsabilités sont devenues beaucoup plus grandes et leur implication dans la restructuration de l’économie primordiale.
L’homme d’affaires Monsieur Mohamed Ould Bouamatou, revenu mardi 10 mars 2020 en Mauritanie après un exil forcé de dix ans a précisé dans sa première déclaration en ses termes : "Modestement, au niveau qui est le mien, et dans ce que je sais faire le mieux, je continuerai à me battre, pour faire avancer l’économie de notre pays, et améliorer les conditions de vie de nos concitoyens".
A mon sens, il s’agit là de très bonnes intentions desquelles doivent s’inspirer véritablement nos hommes d’affaires pour qu’ils parviennent à changer la vision étroite que beaucoup parmi eux ont du développement économique du pays.
On ne peut donc pas imaginer que leur rôle se limite uniquement à s’accaparer la plus grande partie des richesses du pays, à gagner parfois de façon douteuse, les marchés les plus importants et à disposer du pouvoir de faire monter les prix des denrées de première nécessité, quand ils le veulent, sans se soucier du sort de la majorité de la population qui vit dans la misère, victime de la précarité, de l’ignorance et de la maladie.
D’ailleurs sur ce plan on peut dire, à juste raison, qu’ils (nos hommes d’affaires) sont dans bien des cas, indirectement aidés par certains responsables administratifs et politiques qui, au lieu de les rappeler à l’ordre - en négociant avec eux et en leur démontrant l’impact négatif de certaines de leurs actions, ou si cela s’avère indispensable, en prenant à leur encontre, dans le strict respect des lois et règlements en vigueur des mesures énergiques - les appuient malicieusement en prétextant que la montée des prix est due à des phénomènes extérieurs internationaux, indépendants de leur volonté.
Parfois on entend même ces responsables faire des comparaisons drôles et subjectives, sur le plan des prix, de la Mauritanie avec tel ou tel pays de la sous-région, en utilisant le plus souvent de fausses données. Toutes les raisons invoquées dans ce cadre ne convainquent personne, bien au contraire, elles laissent plutôt apparaître une manœuvre sournoise et une complicité condamnable.
La stabilisation des prix et la surveillance du marché dans son sens le plus large incombent au gouvernement qui ne doit ménager aucun effort dans ce sens et qui doit surtout ne pas accepter les spéculations de certains hommes d’affaires véreux, spéculations qui n’auront comme conséquence que l’appauvrissement des citoyens de ce pays, ce qui peut être source, à court ou moyen terme, de bouleversements imprévisibles et dangereux pouvant conduire à l’anarchie, c’est-à-dire à la déstabilisation inévitable de l’état.
Pour éviter d’éventuels soulèvements populaires, le gouvernement doit entreprendre toutes les actions de nature à développer le pays, comme par exemple lutter contre l’injustice sociale, élaborer des stratégies fiables pour restructurer l’économie, assurer une bonne gestion de la chose publique, défendre le pouvoir d’achat des populations, par la négociation avec les partenaires concernés, mais également par la mise sur pied d’une législation rigoureuse appropriée.
Remettre en activité la SONIMEX s’avère indispensable. Cette société qui a été créée en 1966 et dont la liquidation a eu lieu en2019 a été d’une très grande utilité à la Mauritanie.
Comme il m’est très difficile de dresser une liste exhaustive de tout ce qu’elle a fait de positif depuis sa création, je me limiterai à :
- la stabilisation des prix des denrées de première nécessité ;
- la création de plusieurs milliers d’emplois tout au long de plus d’un demi-siècle d’existence ;
- l’intervention lors des périodes de famine dans toutes les localités de notre pays, y compris celles difficilement accessibles surtout pendant la saison des pluies, car totalement enclavées.
Pour finir, je pense que les hommes d’affaires, en synergie avec l’état et les différents partenaires doivent, en ce vingt-unième siècle, jouer le rôle qui est le leur, c’est-à-dire participer pleinement au développement du pays dans tous les aspects de la vie économique, culturelle et sociale. Cela leur permettra, peut-être, de gagner en notoriété mais aussi de fructifier leurs capitaux. « A bon entendeur, salut ! ».
Dimanche, 29 mai 2020
Mohamed Ould Laghlal
Inspecteur de l’Enseignement Fondamental à la Retraite
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