10-06-2020 16:39 - Comment Ould Abdel Aziz compte reprendre le Pouvoir

Comment Ould Abdel Aziz compte reprendre le Pouvoir

L'Authentique - Contrairement à tous ses prédécesseurs, l’ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz refuse la mort politique.

L’homme qui se sent trahi par ses compagnons militaires et politiques, ne s’économiserait plus pour reprendre le Pouvoir qu’il considère comme « un bien acquis » depuis qu’il a renversé en 2005, le président Ould Taya terriblement craint de tous à l’époque.

Au Ghana, les motivations du premier coup d’État militaire du capitaine Jerry Rawlings intervenu le 04 juin 1979 portaient sur la nécessité de mettre fin à la corruption, à la pourriture et aux abus.

En septembre 1979, Rawlings passe le pouvoir à un gouvernement civil, mais revint aux affaires le 31 décembre 1981, en reversant le président élu suite à l’échec de son gouvernement. Après l’amorce de la démocratie en 1992, Rawlings s’est fait élire à deux reprises avant de remettre le pouvoir en 2000 à John Agyekum Kufuor, son successeur élu.

Depuis, l’ex-capitaine vit dans son pays en homme ordinaire entièrement détaché de la vie politique. Autres lieux, autres temps, autres mœurs… En Mauritanie, les motivations du coup d’État du colonel Mohamed Ould Abdel Aziz le 03 août 2005 portaient sur la nécessité de mettre fin à la corruption, aux inégalités et aux abus. En 2007, la junte militaire au pouvoir organise une présidentielle à l’issue de laquelle, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdalahi devient le premier président démocratiquement élu.

Une année plus tard, le général Abdel Aziz dirige un groupe de putschistes qui reprend le Pouvoir des mains d’une Autorité qualifiée de laxiste. Une nouvelle ère démocratique est ouverte qui porte Ould Abdel Aziz à deux reprises à la tête du pays.

Empêché de se représenter par la constitution qui limite les mandats présidentiels à deux, Ould Abdel Aziz passe la main en juillet 2019 à son compagnon de route Mohamed Ould Ghazouany. Au mois d’octobre de la même année, l’homme exprime ses ambitions politiques en tentant, en vain, de prendre en main l’UPR, le parti-phare de la majorité présidentielle. Ses intentions sont claires aux yeux du tout nouveau président de la République subitement jaloux de son pouvoir. Les relations entre les deux hommes se dégradent.

En novembre 2019, Ould Abdel Aziz tente un coup de force avec l’appui de ses fidèles restés au sein du Basep, la Garde présidentielle. C’est du moins ce qu’assurent nombre de médias. L’information est rejetée par le régime qui va pourtant procéder à un vaste « lessivage » et une profonde restructuration de cette Garde.

La donne était simple : l’élimination du nouveau président rouvrirait grandes ouvertes les portes du pouvoir à Ould Abdel Aziz, candidat certain à une nouvelle présidentielle qu’organiserait au terme d’une rapide transition, son ami Cheikh Ould Baya président de l’Assemblée nationale. Ce scénario tombé à l’eau, Ould Abdel Aziz n’en démord pas. Il se présente en victime expiatoire d’un régime qui semble désormais déterminé à étouffer ses ambitions (création d’une commission d’enquête parlementaire sur les dix années de gestion des biens publics, remise en cause de moult décisions prises par son régime, arrestation de son épouse suite à son viol du couvre-feu…).

Acculé mais perspicace et davantage déterminé à revenir au premier plan, Ould Abdel Aziz se tourne vers sa tribu et parvint à en décrocher des soutiens. Il se remet dans la politique en s’invitant au parti El Wiam de Boidiel Ould Hoummeit. Il profite de la crise née du covid -19 pour s’engager dans le social et l’humanitaire, procédant à la distribution de vivres au profit de populations démunies, les siennes de l’Inchiri d’abord, « charité bien ordonnée... ».

Ses partisans investissent la Toile, les salons huppés, les centres d’influences de Nouakchott et Nouadhibou et les milieux populaires le présentant comme « la meilleure alternative de l’heure » tout en décriant le régime actuel, le cas échéant, lui mettant des bâtons dans les roues. En témoigne la campagne déstabilisatrice récemment menée contre la politique sanitaire des Autorités dans leur gestion du coronavirus consacrée par la diffusion via les Réseaux sociaux, d’une information dénonçant le mode opératoire du ministère de la Santé face à la pandémie.

Ainsi, pour Ould Abdel Aziz, comme pour les siens, la partie n’est pas définitivement perdue. Homme à l’égo surdimensionné, le descendant d’une tribu guerrière qu’il est ne peut pas encore accepter être si facilement emporté par un homme qu’il a eu à ses ordres, qui plus, est issu d’une famille maraboutique.

MOM





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Commentaires (9)

  • Marrakech (F) 14/06/2020 15:15 X

    Ghazwani est prisonnier d'Aziz, il a lancé une commission d'enquête parlementaire sachant parfaitement qu'elle n'aboutira à rien. Depuis son élection par Aziz, il n'a rien fait, ses ministres se contentent d'effets d'annonce, seuls les militaires et policiers sont actifs ! ! !

  • Belphegor (H) 12/06/2020 21:51 X

    @mdmdlemine Biram prochain président ??? La bonne blague, Aziz et lui ne sont que les deux faces de la même pièce mais faut juste enlever ses œillères d'emotif et de l'idolâtrie aveugle excessive pour s'en rendre compte....Il arrive assez bien à séduire la communauté negro mais en vérité il ne roule que pour lui-même, beaucoup de ceux qui chantent ses louanges ici étaient les premiers à le traiter de tous les noms lors de son deal avec Aziz pour lui servir de candidat à caution (moyennant bien sûr espèces sonnantes et trébuchantes) lors de la mascarade électorale boycottée par toute l'opposition qui lui a assuré un deuxième mandat, son alliance avec Sawab ou lors de sa rencontre avec Ghazouani après la crise postélectorale...J'ai même lu ici un de ses innombrables thuriféraires actuels écrire à l'époque (visiblement déçu et se sentant trahi) sur ce site: "L'esclave retourne toujours chez son maître" a l'issue de cette rencontre...Biram a surtout l'art d'attiser l'émotivité à fleur de peau de la communauté negro pour la séduire avec son populisme et sa démagogie primaire mais très peu arrivent à voir clair dans son jeu, la grande majorité est dans le supporterisme voire l'idolâtrie débridée vis à vis de ce mercenaire même son opposition évidente à la commission d'enquête parlementaire au vu de sa collusion avec le régime d'Aziz n'a pas toujours pas suffi à ouvrir les yeux de la majorité de ses griots sur sa vraie nature. Samba Thiam fera assurément un meilleur président que Biram.

  • Belphegor (H) 12/06/2020 21:24 X

    Si Aziz s'entête dans ses manœuvres de destabilisation qu'il soit neutralisé pour de bon y compris physiquement si nécessaire sans oublier ses acolytes civils et militaires tapis dans l'ombre, ce pays exsangue qui porte encore pour longtemps les séquelles de sa mégalomanie et sa soif insatiable de pouvoir et d'argent ne saurait continuer à être saigné à blanc et sa population avec. "Le pouvoir est comme la tête de Méduse : celui qui en a vu la figure ne peut plus en détourner son regard, reste fasciné et charmé. Celui qui, une fois, a goûté à l’ivresse de la domination et du commandement ne peut plus s’en passer » (Stefan Zweig)

  • mdmdlemine (H) 11/06/2020 11:23 X

    le prochain président de la Mauritanie est un noir et fort probablement Biram Ould Dah Ould Abeid qui s'est positionné deuxième dans des élections sans battre campagne et face à la machine électorale du pouvoir Non seulement BDA est populaire au vrai sens du terme mais la majorité des citoyens qui sont des noirs ont ras-le-bol de la gouvernance des maures qui réfusent encore d'établir l'équité Il faut avoir à l'esprit cette vérité, si réellement des élections transparentes seront organisées en 2024 Voyez dans le monde le noir n'accepte plus d'être soumi et asservi et le blanc commence à renverser les statues des esclavagistes historiques c'est le booermang de l'effet de la mort horrible de Goerges FLoyd

  • mystere1 (F) 11/06/2020 00:36 X

    Quel sacre guerrier qui n'a pas froid aux yeux et n'a peur de rien ! notre ex presi.

  • Terrier (H) 10/06/2020 20:44 X

    Si ce Monsieur est d’Akjoujt , qu’est ce qu’il a apporté à la ville d’Akjoujt autre que la soif et la pénombre d’antan !!

  • duroowo (H) 10/06/2020 17:49 X

    guerrier pas guerrier on s'en foux il a fini et il n'a qu'a quitter la presidence faite de dire une famille maraboutique il faut dire ce que tu veux dire un BERBERE et il faut savoir que les ARABES ne sont pas mieux que LES BERBEERES ou aucune autre personne.

  • habouss (H) 10/06/2020 17:43 X

    Il devrait être donné aux gens d'Akjoust qui manquent d'eau et électricité malgré ses 11 ans au pouvoir !

  • Dieynaba (F) 10/06/2020 16:47 X

    Il doit quand même beaucoup faire attention, car trop aimer le pouvoir peut mener n'importe ou