12-06-2020 23:27 - Le coronavirus, la Somelec, la SNDE et le Fonds national de solidarité sociale (FNSS)

Mohamed Laghlal - La Mauritanie traverse une période extrêmement sensible de son histoire moderne.
Elle subit depuis quelques mois l’impact négatif de cette pandémie du CORONAVIRUS, ce qui a accentué l’indigence voire la misère de nos populations et qui les a installées dans un état de précarité sans précédent.
Cette situation a aussi été aggravée par les difficultés économiques de la plupart des mauritaniens qui vivent au jour le jour, sans ressources identifiables.
On peut même dire qu’ils survivent grâce au hasard des circonstances.
Dans leur très grande majorité, ils dépendent d’un secteur informel désorganisé, non structuré, peu rentable et mal encadré par le gouvernement qui s’occupe plus du recouvrement des impôts et des taxes que du soutien aux populations dans ces moments difficiles.
Il faut aussi souligner le laisser-faire tacite dont bénéficient certaines sociétés comme par exemple la SOMELEC et la SNDE qui n’ont pas contribué véritablement au développement socio-économique du pays.
Pourtant elles devaient jouer un rôle déterminant, par exemple en finançant ou en appuyant certaines activités génératrices de revenus au profit de diplômés chômeurs ou de personnes sans qualifications professionnelles avérées y compris des femmes.
Dans ce cadre, elles pouvaient facilement former, dans nos différentes régions plusieurs centaines d’électriciens et de plombiers qui pourront par la suite se prendre en charge et assurer à leur compte la maintenance des réseaux d’eau et d’électricité et ceci sous la supervision directe des deux sociétés.
Mais au lieu de venir en aide aux populations, par la gratuité de l’électricité et de l’eau en ces temps exceptionnels, comme cela s’est fait dans des pays beaucoup plus pauvres que la Mauritanie, elles les ont au contraire appauvries par de lourdes factures et frustrées par les coupures fréquentes, coupures dans beaucoup de cas injustifiées.
Cette situation a entraîné que beaucoup de ménages sont restés sans électricité des heures et des jours voire des mois , de même que les petits métiers ont été réduits et des centaines de milliers de familles n’utilisent plus qu’une eau souillée.
Jusqu’à présent, nos deux sociétés délaissent des quartiers entiers au niveau de Nouakchott, comme si leurs habitants n’avaient pas droit à la lumière et à l’eau potable. En somme, il peut s’agir tout simplement d’une marginalisation inacceptable qui pourrait avoir des conséquences fâcheuses.
Après le CORONAVIRUS, l’indigence des populations, la SOMELEC et la SNDE, je vais dire un mot sur le Fonds National de Solidarité Sociale et de lutte contre la pandémie (FNSS). Ce Fonds qui a été créé pour apporter une aide substantielle aux populations les plus démunies pendant cette pandémie meurtrière, ne s’est occupé que d’une infime partie des citoyens, ce qui nécessite d’ailleurs d’être bien vérifié.
Si nous partons du principe que l’aide doit être donnée à ceux qui en ont besoin, on n’exceptera que très peu de nos concitoyens. Cela va de soi, car la très grande majorité du peuple mauritanien est pauvre, terme généralement utilisé dans les discours officiels.
Par rapport à la situation économique des populations mauritaniennes, j’ai écrit dans un article intitulé "Maintenons la pression sur le CORONAVIRUS" en date du 19 Avril 2020 paru dans CRIDEM "que les familles qui vivent dans la pauvreté sont dans une situation meilleure que celles qui vivent dans l’indigence, tandis qu’est pire que les deux, la situation de celles qui vivent dans la misère. Ces trois catégories constituent probablement plus de 90 % de la population mauritanienne…"
Le Fonds National de Solidarité Sociale et de lutte contre la pandémie, avec ses milliards, dons de l’Etat, d’hommes d’affaires généreux, de sociétés publiques et privées, de diverses Organisations, ainsi que de simples citoyens … n’a jusqu’à présent rien fait pratiquement sur le plan du soutien des populations, surtout au niveau de la Capitale épicentre de la pandémie.
J’ai lu dans un article édité par Al-akhbar et traduit de l’Arabe par Cridem que "Le Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a donné l’ordre au Gouvernement de dépêcher des missions de l’Inspection Générale de l’Etat (IGE) pour mener des enquêtes sur les divers marchés liés au programme gouvernemental de lutte contre le Coronavirus".
Dans ce même article, il est précisé également que "Plus de 6 milliards anciennes ouguiyas avaient été décaissés des comptes du Fonds National de Solidarité Sociale et de lutte contre la pandémie, avait affirmé dernièrement le ministre des finances Mohamed Lemine O/ Dhehbi".
Il s’agit là d’une décision louable mais qui mérite d’être généralisée, pour qu’elle touche d’autres secteurs, afin d’instaurer de façon soutenue et systématique la bonne gouvernance, gage principal de notre développement politique, économique et social.
En ce qui concerne le détournement des deniers publics, je dirai que l’Etat ne doit plus accepter cette pratique trop répandue chez nous depuis longtemps. Pour arriver à cette fin, il doit inaugurer une nouvelle ère et prendre des mesures énergiques à l’encontre de ceux qui en sont responsables, quels qu’ils soient. Il n’en est que temps.
Il me semble urgent que l’Etat, les ministères directement ou indirectement impliqués dans la lutte contre le COVID-19, les Forces Armées et de Sécurité, les Organisations Non Gouvernementales nationales et internationales, tous les citoyens mauritaniens et l’OMS doivent unir leurs efforts pour vaincre rapidement ce fléau destructeur afin que notre pays s’en débarrasse et avec un minimum de dégâts.
Pour apporter certains éclaircissements, je vais reprendre ce que j’ai écrit dans mon article "Populations déçues en cette période du RAMADAN et du COVID-19" en date du 02 Mai 2020, paru dans Cridem : "… nous avons constaté qu’au niveau de Nouakchott, les populations espéraient bénéficier de la gratuité de l’eau et de l’électricité, mais les espoirs de la plupart d’entre eux ont été déçus.
En effet, la SOMELEC au lieu de prendre comme base de sa facturation les abonnements sociaux qui datent des années 90, si ce n’est avant, et qui sont les plus nombreux dans toutes les Moughataâs de Nouakchott a décidé, à dessein, de prendre comme base le prix du kilowatt.
Cette procédure a réduit au maximum le nombre des abonnés sociaux qui devraient normalement bénéficier de la mesure présidentielle et ce à cause du système tarifaire illégal et absurde de cette Société et de l’interprétation fausse et personnelle des promesses du Président de la République Son Excellence Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani".
Quant à "la SNDE, les factures ont certes été allégées, mais elles demeurent bien supérieures aux possibilités financières des abonnés. Il y a donc urgence de revoir les tarifs et de permettre, aux habitants des quartiers périphériques, qui ont beaucoup souffert du manque d’eau durant des décennies, de pouvoir bénéficier de nouveaux branchements sociaux".
En ce qui concerne l’aide aux populations mauritaniennes, l’Etat doit leur institutionnaliser, ne serait-ce que provisoirement, un soutien substantiel, les faire bénéficier des possibilités offertes par le Fonds National de Solidarité Sociale et de lutte contre la pandémie ainsi que des dividendes de certaines sociétés telles que la SNIM et les Sociétés d’eau et d’électricité et procéder à la restructuration de l’économie et à la redynamisation du secteur informel.
Il importe aussi que la SOMELEC et la SNDE contribuent dans un premier temps par la gratuité de l’eau et de l’électricité, pour quelques mois, et par la diminution, à l’avenir, du prix du mètre cube d’eau et du kilowatt. Cela peut paraître irréalisable pour certains, mais c’est tout à fait le contraire.
Il n’échappe à personne que nous nous acheminons vers une famine qui sera plus destructrice que le COVID-19 et ce au moment où la situation sanitaire est préoccupante et où notre cheptel est sur le point d’être décimé à cause de la sécheresse. Nous sommes donc en face d’une situation délicate qui nécessite la prise de décisions salvatrices, courageuses et rapides.
Mais tout cela ne peut se réaliser sans l’intervention solennelle de Son Excellence Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani Président de la République, car beaucoup de nos responsables ne comprennent que les ordres catégoriques.
Dans ces circonstances particulières, nous implorons ALLAH d’accueillir nos morts dans son vaste paradis, de guérir nos malades et de nous protéger contre ce virus meurtrier.
Nouakchott, 10 Juin 2020
Mohamed Ould Laghlal
Inspecteur de l’Enseignement Fondamental à la Retraite
Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.