16-06-2020 15:10 - À la Une: l'armée malienne une nouvelle fois endeuillée

À la Une: l'armée malienne une nouvelle fois endeuillée

RFI Afrique - Au moins 24 soldats maliens ont été tués dimanche lors d'une attaque imputée aux jihadistes dans le centre du Mali.

« Le détachement de 64 hommes commmandé par deux lieutenants a été pris pour cible par des groupes terroristes lourdement équipés dans la localité de Boukawéré, à une vingtaine de km de Diabaly dans le cercle de Niono, relate le quotidien malien L'Indépendant.

Une bombe artisanale a explosé au passage du convoi militaire. La déflagration a été suivie de plusieurs tirs nourris, dont des tirs de roquette de la part d'assaillants embusqués. Malgré la résistance des soldats et leur détermination, les assaillants bien en place et bien équipés ont fini par les repousser.

Suivant un bilan provisoire fourni par l'armée, 24 militaires ont (donc) trouvé la mort et il y a 8 rescapés.Toutefois, selon des sources concordantes, relève encore L'Indépendant, une trentaine de soldats sont portés disparus. Aucune information n'a filtré sur leur sort. »

IBK pas à la hauteur ?

Cette « embuscade ne facilite pas la tâche du président IBK », pointe Ledjely en Guinée. « Alors que le mouvement du 5 juin réuni autour de l’influent imam Mahmoud Dicko projette une autre manifestation pour vendredi prochain, l’appel au dialogue lancé dimanche par le chef de l’État malien devient subitement moins audible, avec les (mauvaises) nouvelles en provenance de Diabaly.

À l’inverse, poursuit Ledjely, avec ces nouvelles victimes dans les rangs de l’armée malienne, l’appel à la démission d’IBK devient plus pertinent. Ces nouvelles pertes venant confirmer les accusations selon lesquelles l’actuel président malien n’est pas l’homme de la situation, qu’il n’est pas celui qui pourra restaurer l’ordre et la quiétude auxquels les Maliens aspirent tant.

Et si on ajoute à cela que sa gouvernance est particulièrement décriée, on peut conclure que le locataire du palais de Koulouba a bien des raisons de se faire du soucis. »

Camouflet

Le quotidien Aujourd'hui au Burkina Faso renchérit : « Ce coup porté à l’arsenal de défense du Mali vient comme ouvrir le sac déjà lacéré de mille parts que tente de rafistoler le chef de l’État et ses alliés. Ce coup de dague vient déchirer et dépouiller de tout sens le fameux dialogue qui devait être noué avec les terroristes. (…) Et apporte de l’eau au moulin de l’imam Dicko et compagnie qui chantent et dansent la démission d'IBK.

Quel camouflet que d’annoncer que des efforts seront employés pour lutter contre le terrorisme si le même jour, les salves font tomber des militaires Maliens ? C’est un revers qui magnifie de façon lugubre l’accusation d’incompétence qui a été envoyée comme un coup de poing au locataire du palais de Koulouba. »

Fracture

Les critiques fusent également dans la presse malienne qui pointe la longue liste de récriminations qui vient s'ajouter aux revers militaires... « Sept longues années après l'arrivée au pouvoir d'IBK, qu’est-ce qui a changé au Mali ?, s'interroge ainsi L'Aube.

Le niveau de vie du Malien moyen s’est-il amélioré ? La corruption a-t-elle reculé ? Quelle justice ? Quelle est la situation sécuritaire malgré une loi de programmation militaire à coups de centaines de milliards ? La désillusion, en lettres de feu, est là. (…) Conséquence ? La fracture morale entre IBK et une frange importante du peuple malien est consommée. »

Ouverture ?

Alors quelles solutions ? « Pour casser la dynamique insurrectionnelle en vue, IBK doit aller vers un gouvernement de large ouverture, estime le site d'information Maliweb. (…) Faire appel à des cadres d'entités comme la CMAS de Mahmoud Dicko, le FSD de Choguel Kokalla Maïga et l’EMK de Cheick Oumar Sissoko serait une démarche d’apaisement.

Cela aiderait à ouvrir un dialogue pour un consensus salvateur de sortie de cette nouvelle crise politique. D’autres mesures, pointe Maliweb, comme la dissolution de l’Assemblée Nationale et de la Cour constitutionnelle, qui focalise l’attention, pourraient aussi être examinées dans le cadre de ce dialogue. Et ces démarches pourraient aider le chef de l’État à sauver son fauteuil. »

Et Maliweb de prévenir : « Refuser un processus d’ouverture politique et former un gouvernement non représentatif comme le sortant pourrait encore exacerber la colère populaire. Ce qui pourrait conduire à aggraver la crise dans le pays. »



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Source : RFI Afrique
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Commentaires (3)

  • lass77 (H) 17/06/2020 10:39 X

    Dépuis 2014, plus de 500 soldats maliens sont tués par des terroristes obscurs. Ce que je soulève ici , c'est bien la déliquescence de l’État Malien. Le petit soldat malien paie de sa vie à cause d'une armée corrompue au commandement, avec des généraux de salon souvent ethnique et communautaire voire féodale... Voilà les conséquences du néocolonialisme et de la Françafrique où les armées africaines ne peuvent pas garantir l’intégrité territoriale d'un pays. Il nous faut des armées républicaines et non des militaires politiciens à la solde des dictateurs.

  • Nenuphar (H) 17/06/2020 00:09 X

    C'est le prix du sang. Il faut que de innocents soldats, dès populations autochtones paient de leurs vies pour justifier de la présence et de l'importance du G5 Sahel : la présence française. Et ceci avec la pérennisation des mandats à la tête du pouvoirs d'hommes qui ne sont animés que par leurs intérêts personnels pouvant ainsi modifier leurs constitutions en leurs faveurs, mener ou reporter des élections à des échanges since dies, emprisonner des opposants et même les faire disparaître tout simplement. Tant les intérêts de la France sont protégés, tant que les insurrections sont "sous controle", les "arrieres" de cette association de malfaiteurs, de délinquants en fauteuils d'or sont assurées. Nous sommes résolument engagés pour l'instauration d'états de droits où tous les citoyens auront les même chances en termes opportunités et d'accès aux services, alors nous vous combattons.

  • barbouchi (H) 16/06/2020 16:03 X

    Une armée qui n'est pas républicaine ne peut en aucune façon protéger tous ses citoyens et encore moins sa souveraineté et celle de son pays.