19-06-2020 18:45 - Accord de Tasiast Sud en Mauritanie: les enjeux d’un partenariat renforcé

Accord de Tasiast Sud en Mauritanie: les enjeux d’un partenariat renforcé

Financial Afrik - En signant le 15 juin un nouvel accord de partenariat sur le site de Tasiast, Kinross et le gouvernement mauritanien officialisent leur souhait de renforcer leur collaboration et d’étendre la présence du minier canadien dans le pays.

Après plusieurs mois de discussions, Kinross et le gouvernement mauritanien sont parvenus à un accord pour l’exploitation du site aurifère de Tasiast Sud, qui fait ainsi l’objet d’une licence d’exploitation de trente ans.

Cet accord constitue une nouvelle étape importante pour le minier canadien, qui exploite déjà la mine de Tasiast depuis 2010. La lettre d’intention signée le 15 juin est le préalable à un accord juridique définitif qui devrait intervenir sous trois mois, ouvrant la voie au démarrage des travaux d’exploration dans un délai d’un an.

Dans le contexte actuel de crise Covid-19, c’est un signal économique fort et le gage d’un «climat positif pour les investissements étrangers en Mauritanie», selon J. Paul Rollinson, le PDG de Kinross.

Système de redevance modernisé

Cet accord-cadre est marqué par de nouvelles modalités de collaboration très favorables au gouvernement mauritanien. Afin de sécuriser l’exploitation du nouveau site et de lui permettre de mieux recueillir le fruit des futurs bénéfices, le gouvernement obtient ainsi une participation de 15 % à titre gratuit, avec une option d’achat d’une participation supplémentaire de 10 % dans le projet une fois que les travaux de prospection et d’évaluation du potentiel de Tasiast Sud seront terminés.

«Dans un souci de transparence», selon les termes du communiqué, le gouvernement nommera par ailleurs deux observateurs au conseil d’administration de TMSLA, principal opérateur privé du pays, ainsi qu’un membre de plein droit et un observateur au sein de l’entité qui opérera Tasiast Sud (SETSA).

Au-delà de cette évolution de la gouvernance, ce qui retient l’attention dans cet accord, c’est la modernisation du système de redevance. Alors que Tasiast entre dans une nouvelle phase de développement, Kinross a proposé à l’État mauritanien une augmentation des redevances basée sur le prix de l’or avec un double objectif : renforcer la stabilité de l’exploitation à long terme et proposer un partage équitable du produit de la mine en permettant à la Mauritanie de bénéficier d’un taux de redevance corrélé à l’évolution des cours de l’or.

Progressivité

La structure actuelle, établissant une redevance fixe de 3 %, remontait à 2006, époque à laquelle la mine était détenue par Red Back Mining racheté ensuite par Kinross en 2010. L’accord permettra, dès le 1 er juillet, la mise en place pour TMLSA et SETSA d’un système de redevance progressif venant la compléter.

Pour l’État mauritanien, de quoi percevoir jusqu’à 3,5% en plus en fonction de l’évolution des cours de l’or, pouvant ainsi atteindre une redevance de 6,5% pour un cours de l’or de 1 800 $ par once. En cas de baisse significative des cours, le gouvernement mauritanien continuera à bénéficier d’une redevance minimale de 3%.

«Cet accord garantit un partage équitable des bénéfices qui découlent de la mine de Tasiast entre Kinross et la Mauritanie, s’est félicité le ministre du Pétrole, des Mines et de l’Énergie, Mohamed Abdel Vetah. “Tasiast est un contributeur important à l’économie mauritanienne et nous estimons que ce nouvel accord constituera une référence pour d’autres investisseurs étrangers”.

En modernisant la structure des redevances, cet accord la met en conformité avec le modèle actuel de convention minière, l’aligne sur d’autres juridictions minières et distingue la Mauritanie des pays de la sous-région, avec des taux dépassant ceux traditionnellement appliqués. À titre de comparaison, les redevances en vigueur au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso plafonnent à 5 %.

Par Albert Savana



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Commentaires (1)

  • KANTAKI (H) 20/06/2020 00:37 X

    Décidément Kinross n’y va pas de mains mortes au vu de la politique de communication suivie menée par les plumes de la société minière sous diverses origines. Au moins le dernier message est signé ou bien à ce qu’il parait. Nous maintenons que les règles de partage des gains bruts et nets doivent être analysés par des experts indépendants payés uniquement par la partie mauritanienne. De tels calculs sont complexes et mettent en œuvre des fonctions scientifiques que seuls les grands cabinets munis de simulateurs d’intelligence artificiels peuvent mener à terme. En réalité, l’exploitation industrielle de l’or aurait due être déclinée par notre pays car pour les 30 prochaines années, cet argent nous n’en avons pas besoin et une fois la mine fermée, il ne pourra pas remettre à niveau les destructions de terrain et les terribles conséquences environnementales … Imaginez que Kinross va digérer plus de 500 millions de tonnes métriques de matériaux bruts pour sortir le minerai, Qu’on nous explique ce que sera le trou creusé pour sortir l’or et en verser le gain dans kles comptes des multinationales… Qu’on ne nous dise pas que cet accord est le meilleur de la région ! Nous ne gérons pas nos intérêts nationaux à la manière dont les tiers gèrent leurs propres intérêts… Les cartes minières existent depuis les années 60, en particulier celles de l’or mais la doctrine de Feu Mokhtar Ould Daddah enseignait que l’exploitation des fonds implique des dispositions que la Mauritanie peut remettre à plis tard tant que ses fils ne peuvent pas faire eux-mêmes le travail ! C’est ce qui explique qu’il a nationalisé la SNIM et la SOMIMA pour mémoire est rentrée chez nous sous l’habillage du cuivre et non comme pour objectif d’avoir aussi de de l’or… Le Président Mohamed Ould Ghazouani ne déviera pas de la doctrine de feu Mokhtar Oud Daddah et pensera à ne pas engager la signature du pays pour du menu fretin. Quant à ou nous faire avaler notre propre barbe en nous donnant « gratuitement » des participations au projet Kinross sud , mais mon dieu nous sommes certes un pays neuf mais nous ne sommes pas une république bananière.