24-06-2020 22:00 - Algérie : Tebboune change de ministres des Finances et de l'Énergie

Le Point Afrique -
Le marasme économique s'ajoutant à la crise sanitaire, le président algérien a décidé un remaniement qui touche des départements clés pour le pays.
Hyper dépendante de la rente pétrolière qui lui fournit l'essentiel de ses recettes, l'Algérie fait face à un important risque de marasme économique.
Cela a conduit le président Abdelmadjid Tebboune à procéder mardi soir à un remaniement ministériel partiel qui vise les finances et l'énergie, deux secteurs clés.
La plupart des ministères régaliens, Affaires étrangères, Intérieur et Justice, conservent leurs titulaires, à l'exception des portefeuilles stratégiques de l'Énergie et des Finances.
Attar à l'Énergie, Ben Abderrahmane aux Finances
Le premier revient à Abdelmadjid Attar, ancien PDG du géant pétrolier public algérien Sonatrach (1997-2000), qui remplace Mohamed Arkab, propulsé à la tête du ministère des Mines, précise un communiqué laconique de l'agence de presse officielle APS publié tard mardi soir. Le deuxième changement majeur concerne le ministère des Finances, où Abderrahmane Raouya cède son fauteuil au gouverneur de la Banque centrale, Aymen Ben Abderrahmane. La réorganisation du gouvernement, dont la rumeur courait ces derniers jours à Alger, touche également l'enseignement supérieur, l'agriculture, les transports et le tourisme.
Les difficultés économiques et sociales se précisent…
L'Algérie, très vulnérable à la chute des prix du pétrole et confrontée à une crise du système politique doublée d'une urgence sanitaire, voit s'approcher la menace d'un krach financier et de troubles sociaux. La Banque centrale vient de publier des chiffres alarmants sur la chute des liquidités bancaires. Quant aux réserves de change, elles fondent. Elles sont tombées sous les 60 milliards de dollars (55 milliards d'euros) fin mars, contre 79,88 milliards de dollars (73 milliards d'euros) fin 2018 et 97,22 milliards de dollars (88,8 milliards d'euros) fin 2017. Selon certains économistes, ces réserves pourraient s'épuiser à très court terme.
Compte tenu de l'effondrement des cours du brut ces derniers mois, le prix de référence du baril de pétrole a été revu à la baisse de 50 à 30 dollars (de 45 à 27 euros) dans la récente loi de finances complémentaire.
L'Algérie est tout particulièrement exposée aux fluctuations du prix du baril du fait de sa dépendance à la rente pétrolière, qui représente plus de 90 % de ses recettes extérieures, et de la faible diversification de son économie. Pour faire face à cette situation préoccupante, le gouvernement a décidé de réduire de moitié le budget de fonctionnement de l'État et a annoncé une réduction de l'énorme facture des importations de 41 à 31 milliards de dollars (38 à 28 milliards d'euros).
… mais Alger refuse de recourir à des acteurs extérieurs
Alger a également renoncé à recourir aux cabinets d'expertise étrangers pour ses grands projets afin d'économiser 7 milliards de dollars (6,5 milliards d'euros) par an. Et le géant public des hydrocarbures Sonatrach va réduire son budget 2020 de 50 %, soit l'équivalent de 7 milliards de dollars (6,5 milliards d'euros).
Le président Tebboune, qui a exclu au nom de la « souveraineté nationale » de contracter des prêts auprès du FMI et des organismes financiers internationaux, a lui-même reconnu « la vulnérabilité » de l'économie algérienne « en raison de notre négligence pendant des décennies à la libérer de la rente pétrolière ».
Selon des prévisions du FMI, l'Algérie devrait connaître une récession en 2020 (- 5,2 %) ainsi qu'un déficit budgétaire parmi les plus élevés de la région en raison de la crise pétrolière et de la pandémie de coronavirus.
Par Le Point Afrique