20-07-2020 17:21 - Une perte de 8 milliards : valeur de l’évasion fiscale d’un navire appartenant à un proche de l’ex-président

Alakhbar - La société IPR Mauritanie SARL spécialisée dans l’industrie de la pêche et la représentation commerciale, a versé 700 millions ouguiyas anciennes, dans le cadre des efforts déployés afin de régler le problème du navire "taziazet-1", relevant d’elle avec les autorités mauritaniennes, après son immobilisation, au terme de nombreuses années de navigation dans les eaux territoriales mauritaniennes sans autorisation ni acquittement d’aucune taxe.
Selon les données, le gestionnaire du bateau, d’une capacité de transbordement de 190 tonnes et fabriqué dans la ville norvégienne de Lyngstad par la société "Orjavik Industrier", est l'homme d'affaires Mohamed Lemine Ould Bobaty, qui est l’un des proches de l'ancien Président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Les activités illicites d’IPR Mauritania SARL, qui a été créée le 26 juin 2012, ont été mises à nu par une organisation américaine spécialisée dans le suivi de l'activité illégale dans le domaine de la pêche.
Des correspondances sur ces opérations halieutiques non autorisées dans les eaux mauritaniennes lui avaient été adressées, sans que cela ne la dissuade à poursuivre ses captures pendant 8 ans, jusqu’à la mi-juin 2020, après son arraisonnement forcé au port de Nouadhibou.
Une perte sèche de 8 milliards
Des experts dans le domaine de la pêche ont estimé la perte sèche enregistrée par la Mauritanie et consécutive aux captures effectuées par le bateau ainsi qu’à l’évasion fiscale du navire "Taziazet 1" relevant d’IPR à 8 milliards ouguiyas anciennes.
En effet, le navire a continué à pêcher le poisson mauritanien et à le vendre sur les marchés africains.
Les pirogues qui déchargeaient la cargaison du bateau avaient été également immobilisés.
"Une activité non autorisée"
L’ONG "Oceana", active dans le domaine de la protection des océans, a été la première à découvrir l'activité illégale du navire "Taziazet-1", chargeant aussitôt l’avocat Eric Bilsky qu’elle recrute en sa qualité de consultant, d’écrire au bateau et de demander des informations sur ses activités enregistrées par ladite ONG.
« Un navire, propriété de la société IPR et battant pavillon mauritanien, a mené des activités de pêche dans les eaux de la Zone Economique Exclusive (ZEE), de janvier à septembre 2016, sans disposer d’une licence du gouvernement mauritanien pour pêcher dans ses eaux », indique l’un des courriers envoyés à IPR.
«Il s’est avéré, partant de l'analyse du Système d'Identification Automatique des navires (AIS), que «Taziazet 1», a réalisé des activités de pêche dans la zone de pêche traditionnelle exclusive, à une distance de 6 miles de la côte, pendant la période allant du 4 février 2017 au 27 aout 2018 », a ajouté Oceana, lui demandant de répondre à son message le 19 septembre 2018 et de fournir des détails sur l'activité du bateau, afin de l'intégrer dans le rapport que l’ONG préparera sur la question ainsi que pour refléter avec précision les opérations du navire.
Malgré la découverte d’Oceana des données sur le bateau et sur ses activités interdites menées depuis 2016, IPR, non confrontée à des persécutions, n’a pas arrêté ses captures dans les eaux territoriales mauritaniennes, jusqu’au jour où le navire a été immobilisé au cours du mois de juin dernier.
Accusations multiples et arrangements
Le navire, relevant de la société gérée par un proche de l'ancien Président Aziz, a été accusé d’exercer depuis des années des activités prohibées dans les eaux territoriales mauritaniennes, sans détention d’autorisation ou paiement de taxes aux parties gouvernementales compétentes.
La société propriétaire du navire a payé 700 millions ouguiyas à la direction des douanes afin de régler l'affaire avec elle, alors que les autorités ont continué à arraisonner de force le bateau, pour non paiement du reliquat à la direction générale des impôts.
"Notre navire est innocent"
Le navire est toujours arraisonné, a affirmé une source proche de la direction d’IPR, soulignant qu’il s’agit d’un bateau côtier mauritanien.
La même source a nié l’existence d’arriérés fiscaux et de réclamations sur le bateau, précisant qu’il n’a commis aucune violation de quelque type que ce soit, motivant son immobilisation, par ce qu’elle a appelé, ses liaisons avec un navire norvégien pêchant sans licence dans les eaux mauritaniennes.
Edité par Al-akhbar
Traduit de l’Arabe par Cridem
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