25-07-2020 15:51 - Le gaz fait monter la pression en Méditerranée

Ouest-France - Mardi, la Turquie a dépêché dix-huit navires de guerre, dans les eaux territoriales de la Grèce.
En l’espèce, à proximité de la plus orientale de ses îles, Kastellorizo, située à 130 km de l’île de Rhodes, mais à moins de sept kilomètres de la ville de Kas, sur la côte sud de la Turquie. La marine grecque a immédiatement été mise en alerte.
Pourquoi ce regain de tension ?
Les navires turcs ont pour mission d’escorter un navire d’exploration gazière sous-marine, le Fatih. Pas franchement une surprise. " Nous prévoyons de lancer pour la première fois avec notre navire national Fatih, des forages en eau profonde en Méditerranée orientale, mais aussi en mer Noire à compter de juillet ", avait annoncé au mois de mai le ministre turc de l’Énergie et des Ressources naturelles turc Fatih Donmez.
La Turquie considère qu’elle est chez elle, si proche de ses côtes. Mais elle a le droit international contre elle. Recevant son homologue chypriote Nicos Anastasiades, hier à l’Élysée, le président français Emmanuel Macron, a exprimé "la pleine solidarité de la France avec Chypre, mais également avec la Grèce face aux violations de leur souveraineté par la Turquie."
Quel est l’enjeu ?
"La mer Méditerranée est une mer de gaz", a déclaré un jour un responsable du géant pétrolier italien ENI. D’importants gisements d’hydrocarbures ont en effet été découverts dans le bassin levantin. En 2010, la Commission géologique américaine avait évalué les réserves en gaz à 5 765 milliards de mètres cubes. Un enjeu stratégique considérable pour les pays riverains : Chypre, Liban, Israël, Égypte, Libye et Turquie.
À qui le pactole ?
La Convention de Montego Bay de 1982 attribue à chaque État une zone économique exclusive, dans laquelle il dispose comme il l’entend de ses ressources jusqu’à 200 milles marins (370,42 km) de ses côtes. Problème, la Turquie ne la reconnaît pas. Le problème vaut surtout pour les eaux territoriales chypriotes, où les gisements les plus importants ont été trouvés. Or, depuis l’invasion du nord de l’île en 1974, devenue la République turque de Chypre nord (RTCN), non reconnue par la communauté internationale, la Turquie réclame "une répartition équitable des ressources". Elle s’oppose à tout forage qui exclurait la RTCN avec qui elle a signé en 2011 un Accord de délimitation du plateau continental.
Par Arnaud BÉLIER