22-07-2022 12:02 - Le dôme de Richat, énigmatique "œil de l'Afrique" perdu dans le désert mauritanien

Le dôme de Richat, énigmatique

GEO - Si vous survolez un jour le désert "Maur Adrar" du Sahara, en Mauritanie, vous observerez sûrement des cercles superposés de plusieurs kilomètres de diamètre en forme d'oignon, qui composent ce qui est appelé le dôme de Richat, ou "œil de l'Afrique". Quelle est donc la nature de cette étrange structure ? Comment s'est-elle formée ?

Il a un moment été un mystère pour les scientifiques. Le dôme de Richat, de son nom traditionnel Guelb er Richât, est une structure géologique perdue dans le saharien oriental. Mesurant environ 50 kilomètres de diamètre, il ne peut être observé pleinement que depuis les airs, voire depuis l’espace.

Dans le paysage, l’étonnant "trou" dénote et forme comme un énorme œil pointé vers le ciel, si bien qu’il est surnommé "l’œil de l'Afrique". Et s’il semble presque qu’une géante soucoupe volante se serait posée sur le sol terrestre, les dernières interprétations scientifiques géologiques lui donnent une origine bien différente.
Où se situe "l’œil de l’Afrique" ?

Le dôme de Richat s’est formé dans un endroit reculé du Sahara oriental de la Mauritanie, dans le bassin de Taoudeni, plus grand bassin sédimentaire de l’Afrique de l’Ouest. Plus précisément, il se trouve à moins de quarante kilomètres de l’actuelle ville de Ouadâne, aux confins du massif de l’Adrar.

Ses cercles superposés de dizaines de kilomètres de diamètre forment une sorte d'ammonite géante. À côté de cette ​​véritable "œuvre d’art géologique", au nord-ouest, se "cache" d’ailleurs un autre point d'intérêt majeur : le Mont Kedia d'Idjil, plus haute montagne mauritanienne connue pour affoler boussoles et compas à cause de la magnétite qu'elle renferme.

Comment a-t-il été découvert ?

Connu depuis bien longtemps, le dôme de Richat est étudié par les chercheurs depuis les années 1950. Mais c’est une mission spatiale américaine qui va le révéler largement au grand public. En 1965, les deux astronautes James McDivitt et Edward White sont chargés, lors de Gemini 4, de prendre un maximum de photographies de la Terre depuis l’espace. Et ils se voient émerveillés devant l’étrange motif saharien. La diffusion de ces images d’années en années a finalement provoqué un afflux touristique et scientifique vers le lieu.

Dans un premier temps, les chercheurs ont pensé qu’un impact de météorite était à l’origine du dôme de Richat. Mais les travaux du scientifique français Théodore Monod et de ses collègues en 1973 les mènent vers la piste d’un épisode de plissement géologique. Depuis, il a été établi que sa formation est issue d’un évènement volcanique rarissime s’étant produit durant le Crétacé inférieur, il y a 100 millions d’années.

À l’époque, un dôme se serait créé à cause de remontées, dans la croûte terrestre, de magma et d’une grande quantité d’eau. Cette dernière se serait infiltrée dans les couches de calcaire de la terre, formant des trous à l’intérieur. Des cavités qui se seraient ensuite progressivement agrandies, poussant autour d’elles les sédiments. Avec le temps et les effets de l’érosion (dûs à l’eau et au vent), le dôme et l’ensemble de la structure se seraient effondrés sur eux-mêmes.

Et puisque les différents types de roches ne sont pas sensibles de la même façon aux effets de l’érosion, des anneaux concentriques se sont dressés. Les plus résistantes ont formé des crêtes plus élevées, tandis que les plus fragiles ont laissé place à des vallées en périphéries. Celles qui ont le mieux résisté sont finalement les quartzites : elles constituent les trois anneaux externes les plus visibles et mesurant 20 à 30 mètres de haut, appelés "cuestas".

Existe-t-il d'autres structures comme le dôme de Richat ?

Si les scientifiques ne savent pas encore bien pourquoi cette intrusion de magma est arrivée, ce n’est pas la seule fois que le phénomène est survenu sur notre planète. En réalité, la formation de structures telles que celle de "l’œil de l’Afrique" serait assez courante, mais n’atteindrait pas de telles proportions. Les autres structures sont en effet habituellement moins spectaculaires, avec moins de 2 kilomètres de diamètre.

Mathilde Ragot





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Source : GEO - France
Commentaires : 2
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Commentaires (2)

  • maestro (H) 22/07/2022 13:30 X

    Cette article détourne de nous

  • El Houssein (H) 22/07/2022 12:56 X

    Ce miracle n'est malheureusement pas exploité judicieusement pour les besoins du tourisme scientifique. l’État doit créer sur place un camping pour les chercheurs, qui impulsera d'autres activités touristiques. Créer des accès faciles reliant Ouadane au Guelb Richat et des installation électriques solaires, qui fournissent fraîcheur et glaces.