25-04-2024 13:51 - Entretien avec Nouredine Mohamedou, président du Mouvement ‘’En avant la Mauritanie’’ et candidat à la présidentielle

Entretien avec Nouredine Mohamedou, président du Mouvement ‘’En avant la Mauritanie’’ et candidat à la présidentielle

Le Calame - Vous venez d’annoncer votre candidature à la prochaine présidentielle, prévue le 29 juin prochain. Quelles sont les raisons qui fondent votre décision ?

Nouredine Mohamedou -Les raisons qui fondent cette décision, découlent de sa nature même, car il s'agit d'une décision qui fut collective et collégiale au sein de notre parti "En avant la Mauritanie". Laquelle a été prise après concertations et mure analyse de la configuration politique actuelle du pays.

Le délabrement et la déperdition de la classe politique, notamment opposante, mais aussi la nullité politique du bilan du premier mandat du président actuel sont également des raisons supplémentaires

-Comme on le dit, la présidentielle est un rendez-vous entre un homme et le peuple. Qu’entendez-vous proposer de différend aux mauritaniens pour qu’ils votent pour vous ? En quelques mots, quels sont les grands axes de votre programme.

- Je proposerai un programme présidentiel inédit, basé sur 700 idées novatrices et 300 suppressions (en somme un millier de réformes étatiques sans précédent), que les 15 différentes commissions spécialisées du projet "En avant la Mauritanie" ont tissées durant 7 ans de travail hors projecteurs. Allant de la justice, l'unité nationale, l'éducation, la sécurité, la défense nationale, l'économie, la finance...

Jusqu’au sport et jeunesse et affaires sociales .... Nous mettrons à plat la grille salariale et d'avantages du public afin d'en proposer une nouvelle, complétement rénovée et modernisée, augmentant considérablement le SMIC et se basant sur des critères de rémunération plus objectifs et justes. Nous réduirons drastiquement le nombre de ministères et établissements publics/nationaux/parapublics tout en mutualisant leurs organigrammes et prérogatives...

- En Afrique de manière générale et en Mauritanie de manière particulière, les tenants du pouvoir n’organisent pas des élections pour perdre. Ne pensez-vous pas que sans une coalition forte, l’opposition au candidat du pouvoir fait le deuil de l’alternance ?

-Effectivement, dans l'opposition, nous sommes parfaitement conscients du caractère militarisé de la république bananière actuelle et de la pseudo-démocratie à deux mesures. Toutefois, nous nous adonnons actuellement avec nos amis de l'opposition à des concertations bien poussées pour limiter les pertes vers un combat unifié qui forcera le changement inchallah.

-Le Sénégal vient d’administrer à l’Afrique et au monde, une belle leçon de démocratie en réussissant une alternance au sommet, une alternance générationnelle. Qu’inspire cette leçon au jeune candidat que vous êtes ? Avez-vous le sentiment pour ne pas dire la conviction que le peuple mauritanien est prêt à sauter le pas - en Mauritanie, on grogne mais on ne sanctionne pas ?

- La leçon sénégalaise a été effectivement édifiante au nord du fleuve. Nous nous en inspirons naturellement tout en faisant l'effort d'adaptabilité contextuel qu'il faut. Ainsi, nous pensons que notre peuple peut longtemps somnoler sans dormir profondément, et qu'il peut faire sa grande surprise, si attendue.

-Les mauritaniens iront donc aux urnes, le 29 juin 2024 pour élire ou réélire leur président de la République. Pensez-vous que les conditions sont réussies pour une élection inclusive, crédible et incontestée ? Les recommandations formulées au terme des journées de concertations organisées par le ministère de l’Intérieur avec les partis politiques sont-elles de nature à rassurer les candidats ?

- Non, ces conditions ne sont pas encore réunies et les concertations que le ministère de l'Intérieur a faites récemment semblant de faire avec les partis politiques ont été un fiasco. Toutefois, les forces du changement de l'opposition démocratique sont entrain de booster et galvaniser le mécontentement général afin de forcer le changement.

-La corruption et la gabegie sont des maux qui gangrènent notre pays. Que pensez-vous de la manière dont elle est combattue par le pouvoir en place ? Et qu’entendez-vous faire, une fois élu président de la République pour éradiquer ces fléaux ?

- Le pouvoir en place cultive, intensifie et diversifie horriblement les pratiques gabegistes et la corruption. Une fois élus, nous procéderons à un démantèlement des cartels qui se sont formés en suçant le sang de ce pays. Nous déracinerons les mentalités prédatrices envers la chose publique.

-Notre pays s’apprête à devenir un pays exportateur de pétrole et du gaz. Pensez-vous qu’-ils amélioreront le quotidien des mauritaniens?

-Non, tant que le genre du régime actuel est en place. La preuve, des dizaines de milliers de jeunes mauritaniens ont pris le large en entamant une immigration difficile ....

-Quelle est votre vision de l’unité nationale et du vivre ensemble dans notre pays ?

- Notre parti "En avant la Mauritanie" avait mis, dès sa création, l'unité nationale et le vivre ensemble comme sa priorité numéro 1 après l'établissement d'un pouvoir judiciaire fiable. Et ce, depuis sa fondation et non à l'occasion de saisons électorales. Nous pensons, en effet, que la pluralité culturelle de ce pays est une réelle force si elle est valorisée suffisamment, dans le bon sens, mais aussi pourrait être une bombe à retardement (comme elle l'est et l'a été dans bon nombre de pays), si cette unité est bafouée ou négligée en permanence. Notre batterie de réformes préconise 43 changements juridiques, réglementaires et institutionnels vers une meilleure unité nationale. Nous en dévoilerons la substance durant la campagne présidentielle à venir Inchallah.

-Beaucoup de jeunes mauritaniens ont émigré au péril de leur vie et en bradant leurs biens. Qu’est-ce qui à votre avis explique cet exode alors que le gouvernement dit avoir pris des dispositions pour l’employabilité des jeunes ? Qu’entendez-vous faire pour la jeunesse mauritanienne, une fois au pouvoir ?

-C'est le désespoir et la perte totale de confiance qu'ont les jeunes envers le système gouvernant actuel, mais aussi vis-à-vis de la classe politique en général, qui ont engendré essentiellement cet élan inédit d'immigration massive à l'étranger de notre jeunesse. Les mesures que le gouvernant dit prendre de temps à autre sont inefficaces et souvent inexistantes concrètement, comme l'est une commission banale présidée par le premier ministre dans ce sens.

-Quelle votre vision de nos rapports avec nos voisins, le Mali en transition militaire et confronté aux djihadistes et aux indépendantistes du nord et avec le Sénégal, exemple de démocratie en Afrique ? La dernière incursion des forces maliennes et des supplétifs de Wagner vous inquiètent-elles ?

-L'attitude politique qu'on devrait observer avec nos voisins doit incessamment être tempérée de fraternité mais basée sur une extrême vigilance. Avec le plus stable au moins stable, du plus démocratique ou moins démocratique de ces Etats voisins, nos rapports doivent demeurer fraternels, basés sur le principe du gagnant-gagnant et orientés perpétuellement vers davantage de fortification des relations. Ce qui est notre devoir à tous envers ces peuples, qui n'en furent qu'un autrefois, car intimement liés par des relations de sang, de culture et de religion.

-Que pensez-vous du pacte républicain signé entre INSAF, principal parti de la majorité présidentielle, le RFD et l’UFP mais rejeté par la majorité de l’opposition ?

-Je pense que ce pacte est le troisième échec politique de dialogue que le régime actuel a entrepris, après les deux tentatives de "dialogue" puis de "concertations" qui ont été hélas de véritables mascarades politiques. Ce peuple mérite mieux et le temps passe horriblement sans qu'on ait édifié à ce pays les bases solides d'un Etat de droit. Nous regrettons amèrement que des personnalités de l'opposition historique aussi respectables que valeureuses que les leaders des partis que vous avez cités aient pu être embarquées soudainement dans ce type de montage politique mal fini.

Je vous remercie.

Propos recueillis par Dalay Lam



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