02-05-2024 15:43 - Parrainages pour la présidentielle : le saut d’obstacles

Parrainages pour la présidentielle : le saut d’obstacles

Le Calame - Parmi la dizaine de prétendants en Juin prochain au fauteuil présidentiel, on note le député Biram Dah Abeïd et l’ex-président de la République Mohamed ould Abdel Aziz. Les deux ont annoncé leur intention de briguer les suffrages de leurs compatriotes.

Le premier a été investi le 24 Avril et les soutiens du second, réunis dans un « Front pour le changement », un parti en cours de constitution, ont révélé le projet de leur mentor ; contre vents et marées, semble-t-il.

La question que les observateurs se posent au lendemain de ces déclarations et continueront probablement à se poser est de savoir si ces deux candidats pourront effectivement disputer la présidentielle face au président sortant Mohamed ould El Ghazwani dont la candidature a été elle aussi officialisée le 24 Avril. Les deux ont en effet des soucis avec la justice.

Le président d’IRA doit d’abord franchir l’obstacle des parrainages nécessaires, SAWAB, sous les couleurs duquel il a été élu député en Mai dernier ne disposant pas d’un nombre suffisant d’élus pour cautionner sa candidature.

Il va lui falloir grappiller ailleurs. Pourrait-il bénéficier, comme par le passé, du soutien du parti au pouvoir ou de ses satellites ? Ses rapports peu cordiaux avec celui-ci et le contexte politique actuel ne plaident pas en ce sens.

Il s’y ajoute l’épée de Damoclès que constitue la plainte déposée contre lui par le président de l’UFP, le docteur Mohamed Maouloud et qui lui a valu la levée de son immunité parlementaire.

L’homme suspecte un complot ourdi par ses adversaires pour lui barrer le chemin de la présidence. Le pouvoir était naguère préoccupé de « crédibiliser » les scrutins présidentiels en ouvrant la voie à beaucoup de candidats parfois qualifiés d’«indépendants.».

Une chose est sûre, l’investiture de Biram fait courir du monde de Nouakchott : l’ancienne Maison des jeunes a refusé du monde le 24 Avril. Un élan suffisant pour franchir les deux susdits obstacles et réussir dans la foulée à assurer, comme il le clame, l’« alternance générationnelle et systémique » ?

Reste une question : la justice fixera-t-elle d’ici le début de la campagne électorale un procès pour juger et éventuellement condamner le leader harratine, le privant ainsi de la présidentielle ?

Les choses ne sont pas moins délicates, sinon plus, pour Ould Abdel Aziz qui a, pour sa part, déjà fait l’objet d’une condamnation par la justice. Mais cette décision est « suspendue » par l’appel déposée par ses conseils, comme l’a souligné l’un d’eux, maître Taleb Khiyar.

Une réalité reconnue par l’avocat de l’État dans le procès de la décennie, le professeur Gourmo Lô, qui n’en convoque pas moins l’article 28 de la Constitution : « Le président de la République est rééligible une seule fois » ; pour signaler que l’ex-Président ne peut pas briguer un troisième mandat. Une bataille juridique s’annonce donc sur la portée du mot « rééligible ».

Selon le juriste Béchir Fall, « aucune disposition de la Constitution actuelle, encore moins l'article 28, n'interdit à un ancien président de la République – et donc à Mohamed Ould Abdel Aziz – de se porter candidat à une élection présidentielle ». Pour cet expert, ledit article ne s’adresse qu’au président en exercice. Le Conseil Constitutionnel va devoir trancher.

Les autres candidats de l’opposition auront eux aussi à remplir un certain nombre de conditions pour faire valider leur candidature, il s’agit surtout des parrainages et des quitus avec le fisc mais également la caution fixée à cinq millions d’anciennes ouguiyas.

Quant au candidat Ghazwani, il n’a pas de soucis à se faire ; il a même déposé son dossier auprès du Conseil Constitutionnel au lendemain même de l’annonce, par lettre ouverte aux citoyens, de sa candidature à la prochaine présidentielle.

Dalay Lam



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Commentaires (3)

  • Buwuelm (H) 02/05/2024 19:23 X

    Un point de vue très appréciable. Il suscite plusieurs interrogations tout à fait justifiées. Au vu des déclarations des uns et des autres, on est en droit de se demander si un labyrinthe n’est pas en vue.

    Deux figures de proue (Aziz - Front Pour le Changement, parti non encore reconnu) et (Birame - IRA), veulent se frayer un chemin qui semble semé d’embûches. Ces bagarreurs notoires, feront tout ce qui est en leur pouvoir pour participer à ces joutes à ne pas rater, pour espérer se hisser au sommet de l’État. Les débats vont crescendo, les négociations aussi, mais personne ne peut parier sur la liste des candidats qui sera retenue officiellement. Plusieurs scenari sont sur la table, surtout qu’en politique, tout ne se dit pas sur la place publique.

    Des candidats font souvent des erreurs de calcul, croyant que tout ce beau monde qui grouille autour d’eux, est un grenier de cartes d’électeurs déjà acquis à leur actif. Il s’avère, avec l’expérience, que beaucoup de ces personnes qui dansent et jubilent autour de leur candidat, ne figurent même pas sur les listes électorales, souvent du fait de leur propre négligence. Combien de fois, quelqu’un qui avait misé sur les foules qui l’accompagnaient, était surpris et déçu par son mauvais score ? L’apparence est souvent trompeuse et les hypocrites, les opportunistes et les personnes de mauvaise foi, sont légion dans les fiefs, affichant sans conviction, une appartenance politique mensongère. Ces individus malsains laissent apparaitre de grosses poches colorées, remplies de liasses. Les pièces de monnaie ne sont point prisées ; les billets de banque (neufs) étant moins lourds à transporter. Leur seul but est de conserver frauduleusement, une partie de l’argent à distribuer, pour eux.

    Une chose est cependant certaine, cette marche de l’opposition en rangs dispersés, fait l’affaire du parti au Pouvoir. N’a-t-on pas appris que : « diviser pour régner » peut être une option salvatrice pour celui qui l’applique sans vergogne ?

    Au paragraphe pré-antépénultième, j’ai lu : « … QUI N’EN CONVOQUE PAS MOINS… ». S’agissait-il d’une évocation, plutôt que d’une convocation d’article ? Seulement pour savoir.

  • El Houssein (H) 02/05/2024 16:24 X

    Le conseil constitutionnel de la République sœur du Sénégal a gagné les élections présidentielles, le Conseil constitutionnel mauritanien va t-il les gagner aussi ? A la veille de votre départ à la grande retraite vous devez faire gagner votre pays au lieu du sentiment d’autres individus

  • yawonni (H) 02/05/2024 16:14 X

    Vous avez dit deja le mot: les deux ont des soucis avec la justice. Et concernant l'ex president des pauvres alors là les sourires sont permis. Quant à Birame ex depute de parti SAWAB sous les couleurs desquelles ( et non duquel) il a ete élu est bien en cote montante à l'exterieur.