22-05-2025 09:12 - Nouakchott : La violence gagne du terrain, même en plein jour

SHEMS MAARIF - Nouakchott vit au rythme d’une insécurité de plus en plus préoccupante. Ce qui relevait autrefois de faits divers isolés semble aujourd’hui devenir une routine inquiétante : des attaques à l’arme blanche, en plein jour. Plus personne n’est épargné, pas même les femmes, les enfants ou les personnes âgées.
Depuis plusieurs mois, les signalements de braquages, de vols avec violence et d’agressions physiques se multiplient dans différents quartiers de Nouakchott, notamment à Sebkha, El Mina, Dar Naïm, ou encore Arafat. Si la nuit reste le moment privilégié des délinquants, une nouvelle tendance alarme les habitants : les agressions à visage découvert en pleine journée.
Ces derniers jours, plusieurs témoignages recueillis sur les réseaux sociaux et auprès des victimes dressent un constat glaçant. Des individus, souvent jeunes, circulent en bandes et ciblent des passants isolés ou distraits. Téléphones, sacs, bijoux ou même simples habits deviennent des motifs d’attaques brutales. Parfois, les victimes sont blessées, poignardées ou laissées en état de choc.
« Mon fils de 12 ans s’est fait attaquer alors qu’il revenait de l’école, à 14 heures, devant notre maison à Tarhil. Ils lui ont volé son sac et l’ont menacé avec un couteau », témoigne Mariem, une mère de famille visiblement bouleversée. Comme elle, de nombreux habitants se sentent abandonnés, livrés à eux-mêmes dans des quartiers où l’État semble absent.
Ce climat d’insécurité ne se limite plus aux zones périphériques. Même des secteurs plus centraux comme Tevragh-Zeina ou Ksar connaissent des incidents violents. « À quelques pas du marché Capitale, un homme a été agressé en plein après-midi pour son téléphone. C’est devenu banal », raconte un commerçant.
La peur s’installe. Certains évitent désormais de sortir seuls ou limitent leurs déplacements à des heures précises. D’autres organisent des rondes de surveillance citoyenne, dans l’espoir de décourager les agresseurs. Mais ces efforts, aussi louables soient-ils, restent insuffisants face à l’ampleur du phénomène.
Face à cette montée de la violence, les autorités peinent à réagir. Les patrouilles policières sont rares, mal équipées, et souvent absentes des zones les plus exposées. Le manque de moyens, de coordination et de présence dissuasive renforce le sentiment d’impunité.
Certains pointent également du doigt l’absence de politiques claires pour encadrer la jeunesse désœuvrée, principale frange impliquée dans cette délinquance. L’accès difficile à l’éducation, au travail et à la culture laisse place à la marginalisation, puis à la violence.
Les citoyens, quant à eux, demandent des actes. Des actions concrètes. Et surtout, une présence de l’État sur le terrain, pour que plus personne n’ait à craindre pour sa vie en marchant, à midi, dans sa propre rue.