22-05-2025 13:12 - Malentendu entre Ould Abdel Aziz et Ould Ghazwani : faudrait-il en parler encore?

Malentendu entre Ould Abdel Aziz et Ould Ghazwani : faudrait-il en parler encore?

Ely Ould Krombelé -- La condamnation récente de l'ancien président de la république Mohamed Ould Abdel Aziz à 15 ans de prison, vient de susciter beaucoup de réactions, surtout chez les sympathisants de l'ancien président, sans doute à cause de la lourdeur de la sentence.

C'est une décision de justice et la seule solution de la débouter est le dépôt en recours, si possibilité il y a ou la grâce présidentielle. Mais cette dernière éventualité est à écarter, sinon le litige entre les deux hommes, et le procès marathon qui en a découlé, n'auraient même pas eu leur raison d'être.

Puisque la caractériologie du condamné est contraire à toute idée de "modus vivendi". Ainsi on est arrivé jusqu'au stade de l'emprisonnement, voire de l'humiliation, pour Aziz et j'en suis persuadé, du sentiment de désolation pour Ghazwani. C'est le procès le plus contingent que je connaisse, confectionné de circonstances fortuites aboutissant à un inévitable feuilleton judiciaire contraignant.

Les causes principales sont à mettre sur le jusqu'auboutisme présomptueux d'un homme suprématiste et impavide. La boulimie convulsive et ses comportements compensatoires, à savoir le dédain et l'impériosité affichés par Ould Abdel Aziz de tout temps d'ailleurs, sont venus à bout du calme légendaire, et du caractère mesuré de Ould Ghazwani. Même un bouddhiste tibétain aurait craqué face au harcèlement et au comportement inapproprié, voire venant d'un ami de plus de 40 ans.

Quand on entend que Ould Abdel Aziz est en prison du temps de Mohamed Ould Ghazwani, il est normal qu'on crie à l'incompréhension, et ceux qui ne connaissent pas le fond du problème, jugeront hâtivement et supposeront de manière laconique une ingratitude notoire de la part de Ghazwani à l'égard de "celui qui lui a offert le pouvoir sur un plateau d'argent".

Silence...les apparences sont trompeuses et les faits plus que têtus. Rien de tout cela n'est vrai, et il serait nécessaire désormais d'entrer dans les méandres tumultueuses de ce feuilleton, depuis la prestation de serment du président Ghazwani en 2019. Mais auparavant, il nous faut disséquer l'histoire des relations entre nos deux présidents.

A/ Mohamed Ould Ghazwani:

En 1978, Mohamed Ghazwani, Hanene Ould Sidi, Znagui Ould Sidahmed Ely, Dah Ould Elmamy, Sidahmed Elmane, feu Ould Hmeisalem, Ahmed Ould Mamadou, Nagi Ould Bilal, Abdou Ould Limam, et Mohamed Said Ould Cheibany El kerkeri sont appelés à suivre un stage à l'Académie militaire royale de Meknès, au Maroc, d'où ils sortirons en Août 1981 des sous-lieutenants.

En ce mois de septembre 1978, Mohamed Ould Abdel Aziz, feu Sarr Amadou et Diako Abdoulkrim sont en 2ème année et seront promus sous-lieutenants en Août 1980. C'est probablement à Meknès et en 1978 que Mohamed Abdel Aziz et Mohamed Ghazwani se sont cvus pour la première fois.

J'ai connu Ghazwani au sous-groupement 41 à Fdérik à la fin de l'année 1985, début 1986, il n'a pas duré puisqu'il est muté à Nouakchott et admis à faire le brevet de capitaine la même année de 1986, et ce, en même temps que Ould Abdel Aziz.

En 1986-87, je commandais une brigade d'élèves officiers à l'EMIA et je rendais visite constamment à Aziz dans sa chambre, là où je rencontrais souvent Ghazwani. D'ailleurs c'était son seul ami, puisque Aziz est taciturne, peu communicant. Ghazwani par contre est un être éduqué, simple, "poreux à tous les souffles".

C'est le fils d'une sommité religieuse, pourtant ⁸cela ne lui est jamais monté à la tête. Au contraire. Aziz a préféré son amitié sans doute de par sa fidélité, son caractère convenant. De 1978 à 2019, Ghazwani n'a jamais tenté de s'opposer au "diktat", ne serait-ce que tacite de son chef et ami.

Ghazwani n'est pas ce genre d'officier qui court derrière le pouvoir, et s'il était vraiment ambitieux, il l'aurait pris lors de l'histoire de la "balle amie". Il sait que son éducation qui le contraint à respecter, et à considérer les gens, l'oblige également à ne vouloir faire du mal à personne.

Cette caractériologie, a poussé certains esprits peu critiques à croire que l'homme est dépourvu de pouvoir de décision. Ce constat d'apparence trompeur est, sans doute le principal mobile qui a poussé Ould Abdel Aziz à vouloir le désigner d'abord comme successeur et afin de "reprendre les choses, là où il les a laissées". On ne réveille pas un chat qui dort.

A/ Mohamed Ould Abdel Aziz:

Ould Abdel Aziz est le genre d'homme dont on ne peut ignorer. A votre premier contact, il vous prend d'abord pour une proie. Aussitôt vous êtes son "obligé",si vous êtes faible d'esprit ou sans personnalité. Cette attitude s'est accentuée surtout au moment où il a commencé à exercer le pouvoir.

Avec Aziz, pas de compromis possible, soit vous êtes un agent de renseignement pour lui, ou un rabatteur spécifique, soit vous lui faites de l'argent, autrement vous devenez une source d'enrichissement pour lui et rien que lui. Ghazwani a pu le gérer plus de 40 ans, avec intelligence; ne jamais le contredire, car cela le flattera dans sa prétention d'être "supérieur aux autres".

Aziz veut avoir tout pour lui, et déteste vraiment ceux qui aiment l'argent comme lui, c'est cela que lui dicte son égo surdimensionné. Son amour pour l'argent, n'est pas synonyme d'aveuglement, il s'érige souvent en stratège de l'économie parallèle. Quand il dit qu'il est riche et qu'il n'a jamais détourné un centime de la Banque Centrale ou du Trésor public, c'est peut-être vrai.

En courtier il sait comment gagner et fructifier l'argent. Aziz a crée plusieurs sociétés de construction de routes, de forage, du bâtiment, de transport etc...puisque tous les marchés de l'Etat lui revenaient. Et qui est l'Etat...c'est Aziz.

En 2019, lorsqu'il a cédé le pouvoir à Ghazwani, comme beaucoup de mauritaniens , je me suis dit qu'il a été ingénieux, cette fois puisque Ghawani ne lui subtilisera jamais les milliards gagnés de manière illicite. Mais j'avais oublié que le but de cette concession n'était pas fortuit. Dans l'imaginaire de Aziz , Ghazwani est un "homme faible", issu d'une "tribu docile" et que lui Aziz, traitera d'égal à égal avec lui, sinon le surpasera.

Et puis, il faut qu'il ait sa part du budget de 2020. Ah oui, Aziz ne peut laisser des "minables"( c'est son terme préféré) se partager tout ce pactole...Ould Abdel Aziz ne vit que pour l'argent, c'est son seul centre d'intérêt. Les mauritaniens vous disent "mais il en a suffisamment, il est milliardaire", peu importe, Aziz est un cas particulier.

Sinon il pouvait vivre comme un pacha, Ghazwani l'aurait traité avec tous les égards. Car Ghazwani est fidèle en amitié, par contre Aziz a eu à son égard un comportement inapproprié, faut-il le préciser. Il fallait qu'il sauvât son honneur.

Montrez-moi une seule connaissance de Ghazwani qu'il a ignorée ou traitée avec mépris. Personnellement, je donne raison à Ghazwani dans ce cas précis, je suis un citoyen et j'ai le droit d'avoir un avis sur les affaires de mon pays. . Et le jour où je serais en face de Ould Abdel Aziz, je lui dirais qu'il avait tort sur toute la ligne.

Mettre Aziz en prison ne sert pas Ghazwani, je suis persuadé qu'il n'en est pas fier, au contraire. Mais Aziz doit savoir que la notion d'Etat transcende la relation amicale qui lie les deux présidents. Et que pour le moment le seul responsable qui doit garantir la quiétude, la pérennité de l'Etat, la sécurité publique, le bien-être des citoyens mauritaniens, c'est le président Mohamed Ould Cheikh Ghazwani et ce jusqu'en 2029. D'ici là, une grâce présidentielle est possible et à tout moment ./.

ELY SIDAHMED KROMBELE, FRANCE



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Commentaires (4)

  • mdmdlemine (H) 22/05/2025 17:51 X

    Mon premier commentaire est intervenu après votre pessimisme quant à une grâce présidentielle de Ghazouani vis-à-vis de Ould Abdel Aziz, m'inscrivant en faux à vos prévisions, avant de lire la suite de constater qu'on a une vision commune sur les rapports Aziz-Ghazouani. En effet, le mépris manifesté par le premier face au second, en dépit de sa fidélité incontestée pendant la décennie de corruption, au point de mener à bien le pouvoir alors que son compagnon d'armes mortellement touché par des projectiles à Toueila tenait bien les rênes. Mais après l'élection de 2019 de Ghazouani, Aziz s'est drapée d'une arrogance et d'une ingratitude qui frise le ridicule et qui ne pouvaient être stoppées que des moyens trés puissants et dissuasifs. Regardez Aziz 8 ans après, il continue d'afficher le même mépris, c'est qu'il est d'un égo duquel il n'arrive pas à se debarrasser alors que tout cela ne devait pas arriver s'il est resté politiquement et militairement correct

  • mdmdlemine (H) 22/05/2025 17:39 X

    Vous connaissez bien Aziz et Ghazouani pour dresser les meilleures perspectives dans leurs rapports, mais personnellement, je pense que la grâce présidentielle est inévitable et même souhaitable voire recommandée pour Ghazouani pour ne pas continuer à s'inscrire dans la logique d'ingratitude envers son faiseur d'hommes à la différence d'Aziz en personne qui a tenté de confisquer illégalement le pouvoir à son candidat élu démocratiquement Ould Mohamed Ahmed. Ghazouani ne doit pas laisser à son successeur l'habilité d'accorder la grâce présidentielle d'ici 2028. Toutefois cette faveur requiert des préalables indispensables de la part d'ex homme fort de Nouakchott dont des missions de conciliabules, d'excuses et de médiation auprès de Ghazouani ainsi qu'un exil de Ould Abdel Aziz vers le pays de son choix pour laisser la Mauritanie tranquille face à ses nombreux priorités et ne pas jouer aux donneurs des leçons après s'être enrichi illicitement et géré la Nation comme un bien personnel. A bon entendeur salut

  • pyranha (H) 22/05/2025 17:26 X

    Ce type persiste dans son charabia incompréhensible...il veut demander qq chose à Gazouani,mais utilisé un langage codé et qui lui perdre du temps.

  • ahznar (H) 22/05/2025 14:26 X

    Un article ni informatif en terme de bon sens et ni comprehensif en terme d'information. On comprend en fin de fin que cet article a tout simplement l'air de ``Mr. le President faites moi confiance j'ai des fruits en or !´´