23-05-2025 00:03 - Trump relance la stratégie africaine des États-Unis : la Mauritanie, entre opportunités économiques et tensions politiques

Trump relance la stratégie africaine des États-Unis : la Mauritanie, entre opportunités économiques et tensions politiques

Le Rénovateur Quotidien - L’administration Trump, fidèle à sa doctrine de « l’Amérique d’abord », a profondément remanié la politique étrangère des États-Unis en Afrique.

Portée par une volonté d’efficacité économique, cette nouvelle ligne remplace progressivement la logique d’aide humanitaire par une approche centrée sur le commerce, l’investissement et la compétitivité des entreprises américaines.

Dans ce contexte, la Mauritanie, pays stratégique du Sahel, est de plus en plus scrutée par Washington, à la croisée des enjeux économiques, diplomatiques et géopolitiques.

Un partenariat ancien avec Washington

Les relations diplomatiques entre les États-Unis et la Mauritanie remontent à 1960, année de l’indépendance du pays. L’ambassade américaine a été ouverte à Nouakchott en 1961, ce qui fait de la Mauritanie l’un des premiers pays sahéliens à accueillir une représentation diplomatique américaine. Depuis, la coopération a évolué en fonction des priorités régionales : lutte contre le terrorisme, formation militaire, développement, santé publique, éducation et agriculture.

Au fil des décennies, cette relation a connu des épisodes de refroidissement, notamment pendant les périodes d’instabilité politique à Nouakchott. Mais globalement, Washington a maintenu un engagement constant, voyant dans la Mauritanie un partenaire clé pour la sécurité régionale.

Nouvelle doctrine : “du commerce, pas de l’aide”

Avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, une nouvelle approche domine désormais la diplomatie américaine sur le continent africain. Les ambassades sont appelées à devenir des relais de l’influence économique américaine. « L’investissement commercial est désormais au cœur de l’action extérieure », a martelé Christopher Landau, sous-secrétaire d’État. Plus de 1 000 agents commerciaux sont déployés dans les missions diplomatiques à travers le monde, avec pour mission de soutenir les entreprises américaines et d’ouvrir de nouveaux marchés.

En Mauritanie, cette orientation se traduit par un regain d’intérêt pour les ressources naturelles (fer, or, gypse, gaz offshore) et les projets d’infrastructure. Des discussions sont en cours avec des acteurs économiques américains, notamment autour du projet gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA), développé en partenariat avec le Sénégal. Le rôle de l’ambassade de Nouakchott évolue ainsi : au-delà de la diplomatie classique, elle devient une interface stratégique pour le business.

Une coopération déjà bien ancrée

Outre l’économie, les États-Unis soutiennent depuis des années plusieurs secteurs clés en Mauritanie. À travers l’USAID, des programmes sont menés pour améliorer l’accès à l’eau, la résilience des communautés rurales, et la gouvernance. Sur le plan militaire, la coopération antiterroriste est renforcée par des programmes de formation et de renseignement. Le secteur éducatif bénéficie aussi de bourses d’études et d’échanges universitaires.

Mais l’administration Trump entend désormais mesurer l’efficacité de cette coopération à l’aune de résultats concrets pour l’économie américaine. L’objectif affiché : transformer chaque ambassade en levier de croissance pour les exportations et les investissements. « Nous ne considérons plus l’Afrique comme un continent à assister, mais comme un partenaire à part entière », a insisté Troy Fitrell, haut responsable au Bureau des Affaires africaines.

Une présence américaine sous pression politique

Cependant, cette offensive économique ne fait pas l’unanimité. En Mauritanie, les milieux panarabistes et islamo-nationalistes perçoivent les États-Unis comme un acteur hostile au monde arabe, notamment à travers leur soutien à Israël. À chaque flambée de violence au Proche-Orient, des manifestations sont organisées à Nouakchott pour dénoncer la “complicité américaine” dans les “massacres de Palestiniens”. Ces courants exigent régulièrement la fermeture de l’ambassade américaine à Nouakchott, qu’ils considèrent comme le symbole de l’impérialisme occidental.

Cette tension politique récurrente rappelle la complexité du terrain : alors que le gouvernement mauritanien cherche à attirer les investissements étrangers et renforcer ses partenariats économiques, il doit aussi ménager une opinion publique sensible aux questions palestiniennes et aux dynamiques panarabes.

Entre pragmatisme économique et gestion diplomatique

Pour Washington, la Mauritanie représente à la fois un débouché économique, un partenaire sécuritaire et un pôle de stabilité dans une région tourmentée. Pour Nouakchott, l’enjeu est de tirer profit de cette dynamique sans compromettre ses équilibres politiques internes. Le sommet États-Unis–Afrique prévu à l’automne pourrait marquer un tournant : il devra confirmer cette nouvelle phase de la relation bilatérale tout en clarifiant les attentes des deux partenaires.

Dans un monde en recomposition, la Mauritanie est plus que jamais à la croisée des chemins entre intérêts géostratégiques et aspirations populaires. La nouvelle politique africaine de Trump, entre promesses économiques et polémiques politiques, place Nouakchott face à des choix délicats mais décisifs.





Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 0
Lus : 1107

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (0)