04-06-2025 17:16 - Gaza : un génocide sous les projecteurs du monde / Par Mohamed El Mokhtar SIDI HAIBA

Gaza : un génocide sous les projecteurs du monde / Par Mohamed El Mokhtar SIDI HAIBA

Sous les yeux du monde, un peuple est broyé. Les bombes tombent, les enfants meurent, les hôpitaux s’effondrent — et les chancelleries occidentales détournent le regard, verbe haut, conscience basse. Ce n’est plus une tragédie : c’est un verdict.

Gaza ne meurt pas en silence ; elle meurt dans la lumière — celle des satellites, des caméras, des rapports onusiens, des cris d’experts qui, cette fois, osent dire le mot interdit : génocide. Ce texte n’est pas une plainte. C’est un acte d’accusation. Une tentative de sauver l’honneur d’un mot : humanité.

Tout est su. Tout est prouvé. Demain, nul ne pourra dire : « Je ne savais pas. » Depuis octobre 2023, Gaza s’efface sous nos yeux — victime d’un crime que les plus hautes autorités morales, juridiques et intellectuelles ont désormais le courage de nommer sans détour : un génocide.

Les nations occidentales — au premier rang desquelles les États-Unis — oseront-elles encore demain dénoncer les violations des droits humains ailleurs, ponctuant leur hypocrisie des sempiternelles platitudes du Département d’État ? Leur parole est morte, leur crédit irrémédiablement ruiné.

Et que dire des régimes arabes complices — Égypte, Jordanie, Arabie saoudite, Émirats — en particulier l’Égypte et les Émirats, véritables architectes de l’étranglement de Gaza ? Que diront-ils devant le tribunal de l’Histoire ? Ces régimes de la honte porteront à jamais la marque de l’infamie Ils pensaient troquer leur honneur contre la protection des puissants ; ils n’ont récolté que le mépris de leurs peuples — et la malédiction de l’Histoire.

Le mot effroyable de génocide n’est ni un cri, ni une émotion — il est le fruit d’un jugement pesé, émis par ceux dont la rigueur est la vocation. Omer Bartov, historien éminent de la Shoah et ancien soldat israélien, parle d’extermination délibérée. Raz Segal, spécialiste israélien des génocides modernes, évoque un “cas d’école”. Amos Goldberg, professeur à l’université hébraïque de Jérusalem, dit sans détour : « C’est un génocide. » Gregory Stanton, fondateur de Genocide Watch, dénonce un « génocide à ciel ouvert ». Même les institutions internationales, si réticentes à nommer l’irréparable, confirment ce diagnostic accablant.

Le 26 janvier 2024, la Cour internationale de justice a solennellement reconnu la plausibilité des accusations de génocide contre Israël, ordonnant des mesures immédiates pour empêcher des dommages irréparables. La Cour pénale internationale, franchissant un seuil historique, a délivré des mandats d’arrêt contre les plus hauts responsables israéliens pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Amnesty International, Human Rights Watch, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies : tous évoquent désormais sans ambages l’extermination, le génocide, la destruction méthodique d’un peuple.

Israël a imposé un blocus total à Gaza, coupant l’accès à la nourriture, à l’électricité, à l’eau potable — rendant la survie physique impossible. La dernière usine de désalinisation a cessé de fonctionner, condamnant la population à la soif et à la maladie. Plus 70% du territoire est militairement occupée.

Plus des deux tiers des habitants de Gaza sont visés par des ordres de déplacement forcé, repoussés vers une frontière hermétiquement close, dans un exode soigneusement orchestré. Le ministre israélien de la Défense l’a admis : Israël usera de tous les moyens — militaires et civils — pour imposer ce déplacement, en conformité avec les visées du plan Trump. C’est dans ce contexte d’encerclement planifié qu’intervient une scène révélatrice-la mise en œuvre logistique de l’effacement.

Le 28 mai 2025, à Rafah, une société américaine — cyniquement nommée Gaza Humanitarian Foundation — a tenté de distribuer de l’aide sous supervision israélienne. L’opération a viré au carnage : des milliers de civils affamés se sont précipités, l’armée a ouvert le feu, les contractants ont été exfiltrés par hélicoptère. Ce n’était pas un accident : c’était une répétition, une mise en scène du contrôle absolu. Derrière l’apparente gestion de crise, une stratégie froide : remplacer l’UNRWA par des entreprises privées, administrer la faim, neutraliser la mémoire, transformer les Palestiniens en flux logistiques.

Quelques jours plus tard, le 1er juin, 31 civils palestiniens sont tués, 170 blessés alors qu’ils tentaient d’accéder à une distribution. L’armée nie, la fondation dément — mais les faits s’imposent. Ce n’est pas de l’aide, c’est sa négation. Ce n’est pas une opération humanitaire, c’est une technique d’effacement. Affamer, déplacer, piéger, jusqu’à rendre la survie impossible. À Gaza, l’exil devient piège, et la mort, programme. Et les États-Unis, loin d’être des spectateurs impuissants, en sont les logisticiens — planificateurs d’un génocide rationnel, maquillé en gestion de crise.

Le bilan humain est sans précédent. Entre le 7 et le 31 octobre 2023, près de 1 900 enfants ont été tués, selon Airwars — soit, en proportion, trois cents fois le taux de mortalité infantile observé en Ukraine. En Syrie, il fallut douze mois pour atteindre ce chiffre. À Gaza, trois semaines ont suffi. Travailleurs humanitaires assassinés, médecins ciblés, journalistes exécutés, hôpitaux anéantis : Gaza est devenu l’épicentre d’une tragédie sans équivalent dans l’histoire contemporaine. Même le tonnage des bombes larguées dépasse celui de Dresde en 1945.

L’ampleur de la destruction défie toute justification militaire : elle incarne l’instinct génocidaire dans sa forme la plus nue. Même Moshe Ya’alon, ancien ministre israélien de la Défense, accuse son propre gouvernement de crimes de guerre et de nettoyage ethnique — un aveu extraordinaire, venu du cœur même de l’appareil sécuritaire israélien.

Ce constat glaçant trouve écho dans le monde entier. Le Lowenstein Human Rights Project de Yale affirme sans hésitation : « Israël a commis des actes génocidaires : tuer, infliger des souffrances graves, imposer des conditions de vie destinées à entraîner la destruction physique des Palestiniens de Gaza. »

Lemkin Institute for Genocide Prevention ajoute, sans détour : « Israël commet un génocide, et les États-Unis en sont complices. »

Michael Fakhri, rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation, dénonce une famine orchestrée à des fins génocidaires. Tlaleng Mofokeng, rapporteur spécial sur le droit à la santé, parle, elle aussi, de déshydratation, de malnutrition prolongée, d’extermination programmée. Le schéma suit une logique glaciale : terroriser, affamer, déplacer — puis, une fois le peuple piégé, anéantir les infrastructures vitales pour rendre Gaza inhabitable.

Ce n’est plus un cri de désespoir, mais un verdict juridique et moral. Gaza ne lutte plus pour survivre. Elle lutte pour ne pas disparaitre. Martin Shaw, théoricien majeur du concept moderne de génocide, affirme que les critères sont atteints. Melanie O’Brien, présidente de l’Association internationale des chercheurs sur le génocide, Dirk Moses, éditeur du Journal of Genocide Research, et Eva Vukusic, procureure du génocide de Srebrenica, dressent le même constat accablant.

Même William Schabas — qui avait défendu la Birmanie contre les accusations de génocide — reconnaît aujourd’hui que ce qu’Israël inflige à Gaza correspond pleinement à la définition du crime suprême. Francesca Albanese, rapporteure spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens occupés, conclut que les politiques, les discours et les actes d’Israël révèlent une volonté coordonnée de détruire, en tout ou en partie, le peuple palestinien de Gaza.

Leur diversité fait leur force ; leur unanimité, leur vérité : Gaza ne subit pas une guerre — elle subit un anéantissement.

Mohamed El Mokhtar SIDI HAIBA





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