23-06-2025 17:05 - Mauritanie : La BEA S’Impose Comme Référence de la Finance de Proximité

Forbes Afrique - Dans un entretien exclusif avec Forbes Afrique, notre Directeur Général, Mohamed Ahmed Salem Bouna Moctar, également Président de la Fédération des Institutions Financières de Mauritanie, partage sa vision ambitieuse pour la Banque El Amana (BEA).
Proximité, innovation, inclusion des jeunes talents et soutien actif à l’entrepreneuriat féminin à travers le programme emblématique Lady BEA : découvrez comment la BEA redéfinit la finance de proximité en Mauritanie.
Entretien...
Forbes Afrique : Quel Parcours Professionnel Vous a Mené à la Tête de la BEA ?
Bouna Moctar : Mon parcours a débuté en France, où j’ai étudié les mathématiques à l’université de Tours, avant d’obtenir un Master en ingénierie financière à l’ESSCA à Paris. Lors de mon expérience chez BNP Paribas à Paris, j’ai très vite mesuré l’importance de la rigueur et du respect des engagements, des principes qui me guident encore aujourd’hui.
De retour en Mauritanie, j’ai rejoint la BEA en 2003, au service du crédit documentaire. Je me souviens encore de mon tout premier dossier : une lettre de crédit en faveur d’un jeune entrepreneur. Voir son projet aboutir grâce à notre accompagnement m’a profondément marqué. Ce moment m’a appris qu’au-delà des chiffres, chaque opération financière porte en elle un rêve, une famille, des ambitions.
Au fil des années, j’ai gravi les échelons au sein de la banque, devenant successivement directeur de l’exploitation, puis directeur général adjoint. Chaque étape a été une opportunité d’approfondir ma compréhension des besoins de nos clients et de consolider mon attachement à deux valeurs fondamentales : la constance dans l’effort et le respect absolu de la parole donnée.
En parallèle, mon esprit entrepreneurial m’a conduit à investir dans des secteurs porteurs tels que l’agriculture, la pêche et la technologie, convaincu du potentiel immense de notre pays. Que ce soit dans le domaine bancaire ou dans mes engagements d’affaires, une conviction m’anime : c’est toujours l’humain qui est au cœur de tout, et c’est cela qui me motive chaque matin.
« Au fil des années, j’ai gravi les échelons au sein de la banque, devenant successivement directeur de l’exploitation, puis directeur général adjoint »
Quelle est la Particularité de la BEA par Rapport aux Autres Institutions Financières ?
B. M. : La BEA est une banque différente, parce que nous avons fait le choix d’être proches de nos clients : c’est la finance de proximité. Nous ne nous contentons pas d’attendre nos clients dans nos agences. Nous allons à leur rencontre, notamment dans les régions éloignées et auprès des jeunes entrepreneurs qui cherchent à se lancer.
Mais cette proximité n’est pas seulement géographique, elle est aussi sociale et responsable. Nous avons un engagement très fort en faveur du financement durable, convaincus que la croissance économique doit être respectueuse de l’environnement et bénéfique à l’ensemble de la société. Enfin, nous croyons résolument en la jeunesse. Je suis profondément convaincu que la Mauritanie de demain se construira grâce aux jeunes talents d’aujourd’hui. C’est pourquoi nous investissons activement dans leur accompagnement, leur formation et leur insertion professionnelle.
« Nous ne nous contentons pas d’attendre nos clients dans nos agences. Nous allons à leur rencontre, notamment dans les régions éloignées et auprès des jeunes entrepreneurs qui cherchent à se lancer »
De Quelle Manière ?
Autant que possible, nous accompagnons des projets qui favorisent leur insertion professionnelle. Je suis intimement convaincu que donner à un jeune les moyens de réussir constitue l’un des investissements les plus rentables pour l’avenir de notre pays.
Un exemple récent illustre parfaitement notre vision : nous avons attribué une bourse à un jeune talent mauritanien, Yedali Lemrabott, admis à l’École Polytechnique de Paris. Assister à son enthousiasme, à la joie et à la fierté de sa famille lors de l’annonce a été un moment d’une grande intensité humaine. Ce type d’instant donne tout son sens à notre engagement. Car financer l’avenir de la Mauritanie, c’est aussi cela : croire en notre jeunesse et lui ouvrir les portes de l’excellence.
« Financer l’avenir de la Mauritanie, c’est aussi cela : croire en notre jeunesse et lui ouvrir les portes de l’excellence »
En Plus du Soutien aux Jeunes, Quels sont Aujourd’hui les Principaux Axes de Financement de la BEA ?
B. M. : Notre approche du financement se veut résolument ouverte et inclusive. Nous restons attentifs à toute forme d’initiative porteuse, mais nous privilégions les projets qui ont un impact direct sur l’économie nationale. Je pense notamment à des financements destinés à l’entrepreneuriat féminin, où nous accompagnons plusieurs initiatives portées par des femmes dynamiques qui révolutionnent véritablement leur secteur. Leur dynamisme et leur capacité à transformer leur secteur ne cessent de m’impressionner.
Comment Soutenez-Vous ces Femmes Entrepreneures ?
B. M. : À la BEA, l’entrepreneuriat féminin n’est pas simplement un axe stratégique, c’est une conviction profonde. Nous croyons sincèrement que les femmes sont des piliers de l’économie, dans toutes les régions du pays, même lorsqu’elles manquent encore des moyens pour exprimer pleinement leur potentiel.
C’est dans cet esprit que nous avons lancé le programme « Lady BEA ». Ce n’est pas seulement un produit financier, c’est un accompagnement global : taux préférentiels, sessions de formations, et surtout une réelle flexibilité, avec des périodes de grâce, car nous savons que les débuts sont souvent fragiles et incertains.
Je me souviens particulièrement d’une jeune femme qui nous a approchés avec un rêve un peu fou : créer le tout premier jeu de société mauritanien. Elle avait l’idée, le concept, les illustrations… mais personne ne la prenait au sérieux. Nous, nous avons choisi de croire en elle. Aujourd’hui, elle finalise son prototype, et, rien que pour ça, c’est pour nous une immense source de fierté.
C’est exactement cela, notre mission : libérer les énergies. Parce qu’une femme accompagnée, c’est bien plus qu’un projet soutenu, c’est une entreprise qui naît, une famille qui avance, un quartier qui se transforme.
« C’est exactement cela, notre mission : libérer les énergies »
Au-delà du Soutien aux Entrepreneurs, que Mettez-vous en Oeuvre Concrètement pour Attirer les Investisseurs ?
B. M. : À la BEA, nous sommes convaincus que pour attirer l’investissement (national et étranger), la première condition, c’est la crédibilité. Être désigné teneur de marché par la Banque centrale sur le marché interbancaire de change pour la deuxième année consécutive n’est pas anodin : c’est une reconnaissance de notre solidité, de notre expertise et de notre capacité à structurer des opérations financières complexes, à l’échelle nationale et internationale. Cela nous positionne au cœur des flux financiers, là où la confiance est essentielle.
Je réponds également à cette question avec ma casquette de président de la Fédération des institutions financières de Mauritanie (FIF). Nous avons, en tant que secteur, une responsabilité collective : bâtir un climat des affaires favorable, où l’investissement est fluide, sécurisé et aligné avec les priorités stratégiques du pays. Cela implique une coopération intelligente avec les autorités pour améliorer le cadre réglementaire, moderniser les outils de supervision et renforcer la transparence du système financier.
À la BEA, nous avons également noué des partenariats solides avec des institutions de référence comme l’Iinternational Finance Corporation (IFC), la Kreditanstalt für Wiederaufbau [KfW – en français : Institut de crédit pour la reconstruction, NDLR] ou Proparco. Ces partenariats nous ont permis de mobiliser des lignes de financement importantes, de renforcer nos dispositifs internes, notamment en matière de conformité et de gouvernance. C’est une dynamique qui rassure les investisseurs étrangers.
« Être désigné teneur de marché par la Banque centrale sur le marché interbancaire de change pour la deuxième année consécutive n’est pas anodin : c’est une reconnaissance de notre solidité, de notre expertise et de notre capacité à structurer des opérations financières complexes, à l’échelle nationale et internationale »
Dans un Secteur Bancaire en Constante Évolution Technologique, Comment la BEA s’Adapte-t-elle à ces Transformations ?
B. M. : Ma vision est claire : en Afrique, la transformation digitale des services financiers ne doit pas être un simple saut technologique, mais un levier de proximité et d’impact. Je suis convaincu que pour valoriser pleinement les secteurs porteurs en Mauritanie et sur le continent, nous devons digitaliser non seulement les solutions financières, mais aussi les outils d’accompagnement, d’analyse et d’éducation financière.
À la BEA, nous travaillons avec détermination pour bâtir une banque 2.0, accessible, inclusive et ancrée dans les réalités du terrain. Notre ambition est de mettre la technologie au service de l’humain, afin que chacun puisse comprendre, utiliser et bénéficier pleinement des opportunités offertes par la finance moderne. C’est ce chemin que nous traçons, avec rigueur et engagement. À l’ère de la digitalisation, la banque n’est plus un lieu où l’on se rend, mais une expérience que l’on vit au quotidien.
« À l’ère de la digitalisation, la banque n’est plus un lieu où l’on se rend, mais une expérience que l’on vit au quotidien »