06-07-2025 18:51 - « Le nouvel accord entre le Sénégal et la Mauritanie facilite la mobilité et renforce les liens avec la diaspora »

« Le nouvel accord entre le Sénégal et la Mauritanie facilite la mobilité et renforce les liens avec la diaspora »

(FINANCIAL AFRIK) - "Cet accord historique vise à faciliter la mobilité entre nos deux États (Sénégal et Mauritanie), tout en respectant les impératifs de sécurité et d’identification". Entretien avec Amadou Chérif DIOUF, Secrétaire d’État aux Sénégalais de l’Extérieur

En visite officielle en Mauritanie du 26 au 29 juin 2025, Amadou Chérif Diouf, Secrétaire d’État aux Sénégalais de l’Extérieur, est revenu sur les enjeux de cette mission, marquée par la vulgarisation d’un accord bilatéral historique sur la circulation des personnes, le soutien aux projets des ressortissants sénégalais et la préparation de la Journée nationale de la diaspora.

Du 26 au 29 juin 2025, vous avez effectué une visite en Mauritanie. Quel était l’objet de cette mission ?

Permettez-moi d’abord de remercier les autorités mauritaniennes. Nous avons reçu un accueil chaleureux, à la hauteur de l’excellence des relations personnelles qu’entretiennent les présidents Bassirou Diomaye Diakhar Faye et Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Notre séjour, de Rosso à Nouadhibou en passant par Nouakchott, s’est très bien déroulé. La Téranga, ce sens de l’hospitalité que l’on attribue souvent au Sénégal, est aussi mauritanienne.

Le 2 juin 2025 à Nouakchott, le Sénégal et la Mauritanie ont signé un accord bilatéral sur les conditions d’entrée, de séjour et d’établissement. Ce texte historique vise à faciliter la mobilité entre nos deux États, tout en respectant les impératifs de sécurité et d’identification. À travers cette mission, il s’agissait de vulgariser cet accord pour qu’il soit bien compris de tous. Nous avons donc choisi de voyager par voie terrestre, en passant par Rosso, puis Nouakchott et enfin Nouadhibou. Partout, nous avons rencontré les Sénégalais établis localement pour leur expliquer les enjeux de cet accord et les sensibiliser à leurs droits et devoirs.

En deux mots, que contient l’accord bilatéral sur les conditions d’entrée, de séjour et d’établissement ?

L’accord prévoit, pour l’entrée sur le territoire mauritanien, le passage par un point de frontière officiel et la présentation d’une pièce d’identité en cours de validité : Carte nationale d’identité (CNI) ou passeport. Aucun frais de subsistance n’est requis à cette étape.

Pour les courts séjours, il faut une copie de la CNI ou du passeport, ainsi que l’original de la carte consulaire. Là encore, aucun frais n’est demandé. En revanche, pour un long séjour, les documents requis sont la copie de la CNI ou du passeport, la carte consulaire, et un paiement de 5 000 FCFA (300 ouguiyas) de frais de dossier. Cela donne droit à un séjour d’un an. Auparavant, ce coût s’élevait à 50 000 FCFA.

Fait notable, aucune preuve de revenu ou contrat de travail n’est exigée pour la première demande. Ce n’est qu’au renouvellement que des justificatifs seront demandés. C’est une avancée majeure pour la libre circulation entre le Sénégal et la Mauritanie. Je félicite toutes les parties prenantes à cet accord.

Les financements de projets ont également été un temps fort de votre mission. Qu’avez-vous concrètement fait en Mauritanie ?

Dans le cadre de la mission, le Fonds d’Appui à l’Investissement des Sénégalais de l’Extérieur (FAISE), représenté par son administrateur M. Khouraichi Thiam, a débloqué une enveloppe de 50 millions FCFA. À Rosso, deux groupements ont reçu 6 millions FCFA. À Nouadhibou, 9 associations ont été financées à hauteur de 15 millions FCFA. À Nouakchott, ce sont 23 groupements qui ont bénéficié d’un total de 29 millions FCFA. Au-delà du FAISE, des structures comme la DER/FJ et le FONGIP disposent de ressources destinées à financer les projets structurants de la diaspora.

Comment le Secrétariat d’État collabore-t-il avec les autres structures publiques pour soutenir l’investissement de la diaspora ?

Ayant vécu 22 ans à l’étranger (5 ans en Angleterre, 17 au Canada), je connais les attentes de nos compatriotes : aides au retour, financement de projets, accès au logement, documents administratifs, assistance juridique. Nous travaillons en synergie avec les structures compétentes. Concernant les passeports, des missions ponctuelles sont planifiées chaque année. En matière de financement, en 2024, la DER/FJ a soutenu 71 projets issus de 17 pays pour un total de 860 millions FCFA — un montant supérieur à celui cumulé de 2022 et 2023. Le FONGIP, à travers le FOGARISE, offre aussi des garanties pour les projets d’investissement. Enfin, un guichet unique numérique sera lancé pour centraliser tous les services utiles à la diaspora.

Quel événement en perspective pour renforcer le dialogue avec les Sénégalais de l’extérieur ?

La diaspora sénégalaise joue un rôle crucial. En 2023, elle a transféré 1 800 milliards FCFA au pays. Au-delà de l’économie, elle finance des projets communautaires : puits, écoles, forages… Elle mérite reconnaissance.

C’est pourquoi nous avons proposé au président Bassirou Diomaye Faye l’institution d’une Journée nationale de la diaspora, proposition qu’il a acceptée. Un décret sera pris prochainement. La première édition se tiendra en décembre 2025 à Dakar, avec des activités dans nos ambassades et consulats.

Ce sera l’occasion d’honorer les Sénégalais de l’étranger les plus exemplaires, de débattre des enjeux de la diaspora, et de réfléchir à son rôle dans l’exécution de l’Agenda Sénégal 2050. Un séminaire préparatoire a déjà eu lieu à Dakar, avec la participation de députés de la diaspora et de la société civile.

Par El hadji Ibrahima Dia





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