16-08-2007 16:14 - Des FLAM/Rénovation à l’AJD/MR. (Ne pas) jeter le bébé avec l’eau du bain
Le 15 février 2006, en créant les FLAM/Rénovation, nous consacrions la rupture d’avec une ligne, une stratégie, celle des FLAM, que nous savions inéluctablement vouée à l’échec. Une rupture qui nous permettait de traduire concrètement notre engagement sur le terrain, à l’intérieur des frontières du pays.
Cette implication s’est traduite dès les mois d’avril et mai 2006 par une visite hautement symbolique d’une délégation officielle de notre organisation, conduite par son président. Le succès remporté par la mission incitait à l’optimisme et permettait d’envisager la suite avec sérénité.
Un optimisme qui amènera l’organisation à poursuivre la réflexion en son sein sur son futur, notamment sur son évolution probable en parti politique et sous quelle(s) forme(s), ainsi que sur les textes fondamentaux devant lui servir de base. Cette réflexion a abouti : les FLAM/Rénovation décident de se muer en parti quand, soudain, survint un événement ; la candidature de Ibrahima Moctar SARR à l’élection présidentielle de mars 2007.
Notre organisation a choisi spontanément de soutenir cette candidature et de surseoire par la même occasion à sa démarche de dépôt de reconnaissance, nourrissant le secret espoir d’un rassemblement autour du candidat à l’issue de l’élection si celui-ci réalisait un résultat honorable. Ce fût le cas.
Mieux, les différents partis ayant concouru à ce succès appellent au rassemblement. Un rassemblement auquel les FLAM/Rénovation n’ont cessé d’appeler et pour lequel elles ont œuvré sans relâche. Celui-ci suppose selon elles une ouverture, la plus large possible, avec le souci de la représentativité.
Or, ce qui se profile aujourd’hui n’y ressemble point. Puisqu’il s’agit, du moins d’après le communiqué officiel de l’ADJ, d’un congrès d’élargissement de cette organisation au MRN et organisations intéressées. C’est donc dans l’intérêt, à moins que ça ne soit l’intéressement, que réside la motivation d’adhérer ou non. Qu’est-ce qui peut dès lors amener les FLAM/Rénovation à intégrer ce rassemblement ?
A l’origine de notre projet, il y a la réconciliation nationale. Celle-ci devrait porter notre pays vers les valeurs essentielles, vitales, de progrès, d’unité et de concorde nationales. Les conflits politiques et sociaux au cours des dernières décennies ont conduit le pays au bord de la rupture. Jamais dans l’histoire post coloniale de la Mauritanie, l’unité nationale n’a été aussi menacée, aussi rompue, que durant cette période. Jamais la concorde nationale n’a été aussi vile.
La Mauritanie doit tôt ou tard reconnaître que, dans un passé récent, des siens ont fait du mal aux siens au nom de l’Etat. Il appartient donc à celui-ci, dans l’intérêt supérieur du peuple, d’engager tout ce qui est possible pour que la lumière soit faite sur les drames des années sombres, que la justice puisse passer. L’Etat doit au peuple pardon et réparation. Il lui doit également un devoir de mémoire. C’est la substance du Mémorandum (avril 2006) des FLAM/Rénovation.
La réconciliation scellée, le peuple aspirera à l’unité. Cette unité doit se bâtir comme se construit un ensemble ou un groupe avec un sentiment d’appartenance, le même pour tous, qui permette de réunir les composantes de cet ensemble et de le définir. C’est à cette condition et à cette condition seulement que l’unité représentera la conjonction des principes multiples sur lesquels doivent se mettre d’accord les différentes composantes concourant à son élaboration. C’est le sens de notre proposition de projet de retour organisé des mauritaniens déportés au Sénégal et au Mali (août 2006).
La concorde nationale viendra en complément à l’unité retrouvée. Alors, alors seulement, la concorde appellera au respect entre les citoyens. Elle appellera aussi l’administration à respecter le citoyen et celui-ci celle-là. Pour cela, l’un et l’autre devront se débarrasser de leurs visions étriquées et partisanes. La concorde nationale vise à créer les conditions d’une paix durable, préalable indispensable à l’accomplissement des réformes politiques et administratives et la relance de l’activité économique et la consolidation de la cohésion sociale de notre pays.
Toutefois, l’ unité nationale ne doit pas être celle du cavalier et du cheval dans laquelle le second porte en maître le premier, avec en prime le devoir d’aller tantôt au galop, tantôt au trot au gré du cavalier. Pas plus que la concorde nationale ne doit sonner comme un silence complaisant autour des drames vécus par notre peuple ou l’impunité pour les auteurs des forfaits. C’était l’esprit de notre orientation de politique générale (février 2007). Hélas !
Les FLAM/Rénovation se donnaient pour mission, pour ambition, d’œuvrer à l’avènement d’une société démocratique, de participer à la construction d’une nation mauritanienne unie et prospère, riche de sa diversité, respectueuse de ses valeurs culturelles, de ses institutions et de son Etat. Elles s’interdisaient dès lors de poursuivre des intérêts particuliers fussent-ils collectifs, mais avoir en ligne de mire l’intérêt général, national. Celui-ci n’étant pas par ailleurs la seule somme des intérêts des citoyens.
De la capacité du futur rassemblement à inscrire les premiers dans le second, pour en finir avec les prises de positions et les revendications particularistes, par essence minorantes, dépendra son rayonnement. Y arrivera-t-il ? Je l’espère. Ou au contraire, traînera –t-il, tel un traceur, l’image déjà faite de l’AJD. Je le crainds.
Boubacar Tidiane DIAGANA
Note : Source : Flam-renovation - Le 15 août 2007
