Vendredi 22 août 2008, il est 17H30 à l’ancienne maison des jeunes de Nouakchott. Tout autour, il règne un ballet de va et vient incessant. Difficile de se frayer un chemin dans la foule pour accéder à la salle.

Prise d’assaut dès 15H par les militants du parti, la salle refuse du monde. Impossible d’y accéder même avec la carte de presse, faute de chemin. N’empêche, la sécurité déployée pour l’occasion, s’arrange à frayer un passage aux journalistes et se débrouille pour leur trouver de la place. Mission qu’elle a accomplie avec beaucoup de tact.

A l’intérieur, la chaleur est suffocante. Adultes et jeunes des deux sexes scandent le nom du parti et de son chef de file Ibrahima Moctar Sarr dans un vacarme assourdissant. Les temps forts de l’évènement ont été marqués dans une première phase par l’animation d’un volet artistique et culturel traitant de l’unité et de la réconciliation nationale. Sujets entretenus par des poètes qui se sont succédés au podium face au public, dans les différentes langues nationales.

Outre le théâtre animé par la troupe « Yeewu Yeete », de jeunes talents comme Jambaar Pulaar (Rappeur) et Hawa ont fait vibrer la salle au grand bonheur du public. Ensuite, des cadres du parti se sont tour à tour succédés pour parler également dans les différentes langues nationales, des évènements marquants la vie de l’AJD/MR.

La cérémonie proprement dite a commencé dès l’entrée en salle des leaders de partis politiques invités et parmi lesquelles Ahmed Ould Daddah du Rassemblement des forces démocratiques, tous fortement ovationnés par les militants de l’Alliance pour la Justice et la Démocratie/Mouvement pour la Rénovation (AJD/MR).

C’est le vice-président du parti qui a prononcé un discours en Arabe et dans lequel il a évoqué la vie du parti et ses objectifs avant que deux des invités, le leader du Mouvement pour la Démocratie Directe (MDD) et celui du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) ne prennent la parole pour féliciter les militants et responsables du parti à l’occasion du premier anniversaire de l’AJD/MR.

Il était presque 21H passées quand Ibrahima Moctar Sarr, chef du parti prend la parole. Il salue son auditoire et fixe le cadre de son intervention sur la position de son parti face aux derniers évènements qui se sont déroulés dans le pays, notamment la prise du pouvoir par les militaires le 6 août dernier.

Pour le président du parti, la position de l’AJD/MR ne souffre d’aucune ambiguïté. « Nous avons dit que nous prenons acte de ce qui s’est passé » a-t-il martelé avant d’ajouter : « les militaires qui ont déposé Sidi Ould Cheikh Abdellahi, c’est eux qui l’avaient installé au pouvoir. Ils l’ont renversé parce qu’il ne jouait plus le rôle qu’ils attendaient de lui. Ils ont fait une très mauvaise transition. Pour nous, c’est toujours deux éléments d’un même système qui étaient en compétition pour le contrôle du pouvoir ».

Ibrahima Moctar Sarr poursuit pour dire que l’AJD/MR a publié plusieurs déclarations à ce sujet. Dans la première, précise t-il, son parti s’interrogeait sur ce qui se passe au sommet et sur ce qu’ils sont entrain de faire.

Dans la seconde déclaration, ils se demandaient si les militaires étaient prêts à opérer une véritable transition. A l’adresse du public, le leader de l’AJD/MR a dit qu’en concertation avec le RFD, HATEM et le MDD, ils ont élaboré une plateforme en 35 points remis aux nouvelles autorités pour reprendre la situation en main. Ils attendent la réponse pour voir si son parti va s’engager ou non.

Cette intervention a marqué le clou de la soirée pour un auditoire visiblement éclairé et content de la position officielle de son parti.

Moussa Diop
Le Quotidien de Nouakchott

Encadré : Les cinq points de l’AJD/MR

Constat : le peuple mauritanien est aujourd’hui divisé. La cassure nationale née de la non résolution de la question nationale a été aggravée avec les dramatiques événements de 1986 à 1991 avec le paroxysme de 1989: les déportations et les massacres à grande échelle opérés contre la communauté négro-africaine par le régime xénophobe de Maaouya O.. Sid’Ahmed Taya.
Préalable : Il faut d’abord réconcilier les mauritaniens avant même d’envisager les autres problèmes liés au développement économique et social.
Voies et moyens pour parvenir à un règlement pacifique et correcte de la question :
1. Réparer sans tarder les préjudices subis par les victimes des dites exactions; ça va du retour des déportés à la réintégration des fonctionnaires et agents déportés de l’administration et du secteur privé, à l’indemnisation des victimes et ayant droit des événements de 1989 à 1991
2. Suspendre les effets de la loi d’amnistie en faveur des responsables de ces exactions.
3. Faire la lumière sur ces événements pour déterminer les responsabilités. L’Etat doit reconnaître ses propres responsabilités et demander pardon au nom du peuple mauritanien.
4. Engager une action d’envergure nationale pour la réconciliation afin d’amener les victimes et ayant droit à renoncer à toute poursuite.
5. Organiser un débat national sur les problèmes de cohabitation en privilégiant les points suivants :
- sur l’identité de la Mauritanie - sur les problèmes culturels - sur le partage du pouvoir politique

M.D