12-10-2010 16:48 - Mohamed Ould Abdel Aziz : Dossiers brulants sur la table.
Fini l’intermède de la "rectification", fini le président "déchu" Sidi Ould Cheikh, le désormais président de la République –reconnu par la communauté internationale et par tous les partenaires locaux- ne chôme pas.
Il a beaucoup trop de dossiers brulants à traiter. Et ils sont si nombreux complexes qu’on a l’impression qu’il ne fait rien, ou qu’il cafouille carrément… Le président Aziz est entré, hier en début d’après midi, en provenance de Syrte où il y a assisté au sommet extraordinaire arabe et au deuxième sommet afro-arabe qui se tient trente trois années après le précédent.
Il s’est absenté du pays depuis vendredi matin, il est resté donc quelques jours à la Jamahiriya, le temps, peut être, de se reposer un peu d’une situation nationale complexe et compliquée.
En effet, depuis son arrivée au pouvoir, Ould Abdel Aziz est installé dans une situation de quasi urgence qui s’est manifesté d’abord par un effort sans relâche pour se faire adopter par la communauté internationale dont certains étaient réticents à l’accepter. Epaulé par l’ancienne puissance coloniale, il réussit à franchir avec succès cette première étape de légitimité internationale, sans pour autant taire les voix qui le contestent à l’intérieur.
Ce qui provoqua une situation peu confortable de ni guerre ni paix avec ses adversaires politiques. Faibles et très affaiblis, ces derniers commencent à perdre la voix et passent le clair de leur temps à se quereller et à régler les comptes entre eux… Même si le déclin de l’opposition ne veut pas dire obligatoirement une bonne forme du pouvoir. Chez nous, il s’est toujours développé une opposition spontanée, souterraine et invisible … qui peut surgir à n’importe quel moment, n’importe où et n’importe comment.
Tout le monde a encore en tête l’épisode du putsch manqué du 8 juin 2003 qui provoqua, deux ans plus tard, la fin du règne de Ould Taya qu’on croyait, après plus de vingt ans au pouvoir, simplement indéboulonnable ! En tout cas Mohamed Ould Abdel Aziz parait bien maitriser la situation dans le pays. Est-ce une impression ou une réalité ?
C’est là une question à laquelle les gens ne répondent pas de la même manière.
Sur un autre plan national, le président estime qu’il gère bien les richesses du pays –ou du moins ce qui existe-, que la Mauritanie de la "rectification" est déjà en chantier et que ce qui a été réalisé dans ce laps de temps est plus important que tout ce qui a été fait pendant cinquante années d’indépendance. On avance à ce propos, la voirie urbaine à Nouakchott et des projets du même genre dans les capitales régionales.
Ces détracteurs ne nient pas complètement ses réalisations, mais parlent de l’absence de projets structurants à même de créer beaucoup d’emploi et qui peuvent provoquer une révolution dans l’économie. Pire que cela, on parle de la détérioration de la valeur de l’ouguiya et ses incidents sur la vie du citoyen en matière de cherté de la vie et de chute du pouvoir d’achat…
Dangers stratégiques.
Certains observateurs estiment que quelque soit le degré des déséquilibres internes, ils ne peuvent pas constituer un danger pesant sur le pouvoir du président Aziz qui peut toujours compter sur la loyauté de ses troupes. A la lumière de nos us et coutumes politiques, on sait quand même que les changements de régime arrivent toujours à travers l’armée. La situation interne ne justifie pas un nouveau "’redressement","salut" ou "rectification".
Les problèmes qui préoccupent et accaparent le président Aziz viennent en effet de l’étranger. Surtout la guerre contre un ennemi insaisissable qu’il qualifie de "bandits armés" et que d’autres estiment bien être Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI). Notre pays est quand même entré dans une véritable situation de guerre. Avec en plus tout ce que cela exige : l’effort de guerre. L’armée est prioritaire dans les ressources déjà très maigres dont dispose le pays. Le président l’a même dit dans l’un de ces meetings : "les forces armées passent avant". Son option est celle de n’importe quel ancien militaire : le souci sécuritaire. Faut-il bien s’assurer que cet effort énorme réponde à quelque chose.
En effet, tous les moyens dont dispose la Mauritanie ne sont pas, à eux seul, suffisants pour financer une guerre qui, à travers l’expérience vécue ailleurs dans le monde, n’a pas de perspective de fin. En plus de cela, beaucoup d’intervenants participent, d’une manière ou d’une autre, dans ce dossier brulant au Sahel.
Il peut y avoir des perdants, des gagnants et d’autres qui ne figurent pas sur le tableau d’affichage mais qui peuvent être des victimes collatérales des alliances et conflits des grands intervenants. Où se situe notre pays sur cet échiquier ? Cela doit être le premier souci du président Aziz qui est attendu sur de nombreux autres dossiers dont le plus simple est le probable et très demandé remaniement de son gouvernement… Wait and see !
Mohamed Mahmoud Ould Targui